MONTRÉAL – Dans le monde de Wilfried Nancy, les victoires morales n’existent pas.

L’entraîneur-chef du CF Montréal aurait pu se réjouir du point glané sur la pelouse du stade Saputo samedi après-midi. Après tout, son équipe était sur le point de quitter le terrain les mains vides quand l’attaquant Sunusi Ibrahim a inscrit un but inespéré à la toute fin des arrêts de jeu.

Un match nul contre un adversaire aussi coriace que l’Union de Philadelphie, qui s’était présenté à Montréal sur une séquence de cinq matchs sans revers, est un résultat plus qu’acceptable pour une équipe engagée dans une lutte aussi serrée pour une place en séries éliminatoires. Mais ce sont les deux points gaspillés, et non celui qui venait tout juste de tomber du ciel, qui habitaient l’esprit de Nancy lorsqu’il a pris place pour son bilan d’après-match.

« Ah, frustré! », a soupiré l’entraîneur au terme d’une longue réponse teintée de regrets. « Frustré parce qu’on doit gagner ce match-là. Pour moi, on le perd. Pour moi, on a perdu ce match même si je sais bien qu’on a fait match nul. On doit gagner ce match-là. »

La conclusion de Nancy, que certains jugeront peut-être sévère, est compréhensible. Ses joueurs ont disputé une première demie pratiquement parfaite qu’ils ont bouclée avec une avance de 1-0, gracieuseté du premier but de la saison de Matko Miljevic. Le début de la deuxième période était tout aussi prometteur. Les locaux ont rôdé autour de la surface adverse avec envie et ambition, mais ont trop souvent cherché le jeu parfait ou ont tout simplement manqué de précision.

Ce manque de finition, déploré à plusieurs reprises depuis le début de la saison, a permis aux joueurs de l’Union d’entretenir l’espoir et d’éventuellement changer la dynamique du match en leur faveur. En un malheureux quart d’heure, les hommes de Nancy ont perdu l’emprise sur un match qu’ils géraient jusque-là avec flegme.

Au final, les chiffres valident l’amertume de l’entraîneur. Le CF Montréal a tenu le ballon dans une proportion de 64%, a dominé 13-4 dans la colonne des tirs au but et 9-2 dans celle des coups de pieds de coin tirés.

« Je pense que de la première minute jusqu’à la fin, on méritait les trois points, pestait également le milieu de terrain Samuel Piette. Il n’y a pas de question là-dessus. On a fait un très gros match, tout le monde a très bien joué. On était en contrôle. Les deux buts qu’ils nous mettent, je n’ai pas vu les statistiques, mais je ne serais pas surpris que ça soit les deux seules frappes qu’ils font dans le match. C’est très dommage de ne pas prendre les trois points parce que je pense qu’on méritait mieux. »

Une équipe qui se répète sans cesse sur l’importance de prioriser la manière sur le résultat doit maintenant mettre ces sages paroles en pratique. Toujours accroché à l’une des dernières places donnant accès aux séries dans l’Association Est, le CF Montréal disputera ses trois prochains matchs sur les terrains adverses, dont deux contre des rivaux directs dans la course aux éliminatoires. Le prochain test aura lieu mercredi à Orlando.

« C’est sûr qu’il reste de moins en moins de matchs, donc les points à aller chercher sont cruciaux. Par contre, je crois qu’il faut être réaliste et voir que dans le contenu cet après-midi, ce fut très bon, a réitéré Piette. Si on refait ce match-là pour ceux qui restent, je ne suis pas inquiet pour la suite des choses. »

« Il y a beaucoup de positif, s’encourageait Mathieu Choinière. Sur l’ensemble du match, c’est un de nos meilleurs à date. Oui, on voulait les trois points, mais si on continue de la même façon, avec la même envie, ça va venir tout seul. »

Ballou dans les gradins

Le CF Montréal était privé de plusieurs éléments importants pour la visite de l’Union. On savait déjà les attaquants Romell Quioto et Mason Toye blessés, tout comme les milieux de terrain Lassi Lappalainen et Ahmed Hamdi. Après la rencontre, on a appris que c’est une blessure à un genou qui a contraint Victor Wanyama à un rôle de spectateur.

L’absence du nom de Ballou Tabla de la feuille de match était toutefois suspecte, surtout considérant que Nancy avait habillé 19 joueurs plutôt que le maximum de 20 qui sont admissibles pour un match de la MLS.

« C’est un choix tout simplement, a lâché l’entraîneur lorsque questionné sur le sujet. On a appris que Victor avait eu un petit souci au niveau de son genou, donc j’ai pris la décision de rester à 19. Si je n’ai pas pris Ballou, c’est qu’il ne le méritait pas. » 

Depuis sa performance de deux buts à Halifax le mois dernier, Ballou n’a vu le terrain que pendant 15 minutes, dans un match déjà plié contre le Revolution de la Nouvelle-Angleterre.

Au moment de sa belle prestation en championnat canadien, Nancy avait émis le souhait de voir le jeune homme de 22 ans être « persévérant » et « constant dans les moments difficiles comme dans les bons moments ». Il semble que le message ne se soit pas rendu.