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Prince Owusu, un « pitbull » en quête d'une nouvelle couronne

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DAVENPORT, Floride – Prince Owusu observe le téléphone qu'on retourne devant lui avec un froncement de sourcil, pas trop certain de comprendre ce qu'on essaie de lui montrer. Éventuellement, après quelques secondes, son regard s'illumine et un sourire enfantin détend son visage.

Sur l'écran, un partisan du Toronto FC s'enflamme après ce qu'on devine être une solide performance de son joueur préféré. « J'ai vu la bête qui sommeillait en lui. Ça fait huit mois que je parle de Prince à tout le monde. Il y a un pitbull, un putain de pitbull à l'intérieur de ce gars-là! »

Timidement, mais avec une spontanéité sans équivoque, le nouvel attaquant du CF Montréal approuve. « C'est une description parfaite de moi. »

Malgré son physique imposant, Owusu ne prend pas trop de place à l'extérieur du terrain. Il salue tout le monde d'une poignée de main délicate. Sa voix est grave, mais posée, presque rassurante. « Je suis un gars plutôt calme, relax, dit-il. Mais sur le terrain, bien sûr, c'est différent. »  

Naturellement, plusieurs ont relevé ses statistiques offensives lorsque Montréal a annoncé son acquisition le mois dernier. Il a marqué douze buts, toutes compétitions confondues, en 36 parties l'an dernier chez l'ennemi ontarien. Mais ce n'est pas tant le nombre de buts qu'ils a inscrits que la façon dont il peut le faire, et dont il peut aider ses coéquipiers à le faire, qui a justifié l'intérêt de l'Impact à son endroit.  

Notez les mots attribués à Gabriel Gervais dans le communiqué de presse pour commenter sa venue : « ...un attaquant de puissance, reconnu pour ses qualités physiques, sa capacité à protéger le ballon, sa volonté de mettre la pression sur les défenseurs et sa constance dans la production offensive. »

Quand il tente d'expliquer ce qui l'a attiré dans l'offre du CF Montréal, Owusu mentionne la philosophie d'un club qui veut « jouer au ballon » et « récupérer la balle le plus vite possible ». À deux reprises, en anglais, il parlera de « power play in front ». Dans nos mots : un trio offensif qui joue dur.

Il ne s'agit pas d'une volonté nouvelle chez le Bleu-Blanc-Noir. Seulement, l'année dernière, son attaquant vedette n'était pas intéressé à s'y conformer et un autre, recruté exactement dans cette optique, s'est avéré inapte à le faire correctement. Conséquence : « on n'était pas capable de le soutenir pendant assez longtemps dans un match », résume l'entraîneur-adjoint David Sauvry.

« Mais l'idée de base, cette année, ça serait de défendre... pas forcément avec un pressing tout-terrain et désorganisé, mais d'avoir les bonnes références pour dire : "Ok, à ce moment-là, on va engager plus fort, plus haut" », enchaîne le bras droit de Laurent Courtois.

« Et un gars comme Prince, déjà il est bon pour être capable de lire les moments. Et il est bon pour être capable de presser vers l'avant, presser vers l'arrière, se replacer et surtout les enchaîner. Et ça, ça va être positif pour nous, ça c'est sûr. »

« Mon boulot, c'est marquer des buts »

Owusu, qui a été formé au VfB Stuttgart, assure que ce penchant pour le sale boulot a toujours fait partie de son identité.

« Dans les académies européennes, on vous le répète à n'en plus finir. Si je travaille fort, les chances sont meilleures que je provoque une erreur dans le camp adverse. Que ce soit moi ou un autre qui en profite par la suite, ça importe peu. Je crée une chance qui pourrait faire la différence. »

« Bien sûr, je sais que mon boulot, c'est de marquer des buts. C'est très clair dans ma tête, poursuit le colosse de 28 ans. Mais je sais aussi que si je suis efficace pour mettre de la pression, les joueurs derrière moi travailleront moins dur et auront donc plus d'énergie pour me redonner le ballon avec efficacité. Tout le monde en sort gagnant. C'est ma mentalité, en tout cas. C'est comme ça que je joue. »

La saison dernière à Toronto, dans un club qui a commencé en lion avant de s'écraser à l'extérieur du portrait des séries, ces valeurs ont mené Owusu au sommet du classement des buteurs de l'équipe. L'accomplissement le rend fier, parce qu'une saison complète en MLS vient avec des défis si réels qu'ils servent souvent à justifier des échecs. Lui a réussi à livrer des résultats intéressants tout en évitant les blessures.

« Terminer meilleur buteur de l'équipe aux côtés de joueurs comme [Lorenzo Insigne et Federico Bernardeschi], ce n'est pas si mal. Maintenant, je suis à Montréal et je veux essayer d'en faire encore plus. »

Pour célébrer un de ses buts à Toronto, il a décidé de faire un clin d'œil à son prénom en feignant de déposer une couronne sur son crâne. La semaine suivante, à l'entraînement, une boîte l'attendait dans son casier. À l'intérieur, il a trouvé une longue cape rouge et une véritable couronne dorée. Le cadeau était d'Insigne.

La célébration suivra Owusu jusqu'à la fin de sa carrière – « c'est ma signature », dit-il – mais l'accoutrement est resté derrière lui. Peut-être quelqu'un à Montréal trouvera-t-il l'inspiration pour lui en offrir un à la hauteur de ses exploits. « Je l'espère! », s'exclame-t-il devant cette suggestion.

À lui d'offrir du jeu à la hauteur du costume qu'il croit mériter.