RDS vous présentera mardi la rencontre entre la Colombie et le Japon dès 8 h.

AVANT-MATCH | JEU DE PRÉDICTIONS

SAMARA, Russie - Arrivé à Marseille comme le « petit japonais gratuit », Hiroki Sakai a surmonté toutes les défiances pour s'imposer, et s'apprête à découvrir enfin la Coupe du monde sur le terrain, mardi contre la Colombie à Saransk.

« Si ce n'est pas mieux, le public va te siffler, tu vas dégager, la France ce sera fini pour toi et tu ne seras pas un bon ambassadeur du Japon. » Jacky Bonnevay, ex-adjoint du sélectionneur Vahid Halilhodzic, raconte à l'AFP qu'il avait prévenu Sakai.

L'OM, dont Bonnevay a été capitaine, n'est « pas un club normal, c'est un club de connaisseurs, et les supporters marseillais ne sont pas les champions du monde de la patience, ils auraient tôt fait de mettre au placard le petit japonais gratuit », arrivé libre de Hanovre en 2016.

L'adjoint est souvent venu le voir, comme ses autres internationaux en Europe. Les débuts de Sakai à l'OM sont difficiles, il commet des erreurs de placement de débutant, n'apporte pas beaucoup offensivement, et ses centres manquent de précision. 

Après ses premiers matches, « j'ai eu beaucoup d'inquiétude, reprend Bonnevay. Hiroki me disait: "Ça va aller, Jacky San". Mais je lui répondais que non : "Les gens attendent autre chose de toi, si tu as le public à dos tu ne pourras pas revenir" ».

« Vachement aimé »

Des attaquants comme Gignac ou Thauvin sont bien arrivés à retourner le Vélodrome, « mais parce qu'ils peuvent marquer des buts ».

Mais ce monstre de travail s'y est mis, et il a gagné sa place. « Maintenant on peut le faire jouer partout », s'enthousiasme Claude Fichaux, un des adjoints de Rudi Garcia, l'entraîneur de l'OM.

Arrière droit, Sakai a dépanné à gauche et même en défense centrale dans les matches en 3-4-3, contre Leipzig, par exemple. Leipzig est justement son meilleur souvenir, le jour de ses 28 ans, il a marqué son seul but marseillais, le dernier du 5-2. Il a été enseveli par la troupe.

La vidéo du vestiaire marseillais, quelques minutes plus tard, où toute l'équipe le fête à nouveau bruyamment en voyant la rediffusion de l'action, « ça signifie que les joueurs l'adorent », estime Jacky San.

« Aujourd'hui à Marseille on sent qu'il est vachement aimé », poursuit Bonnevay. Il est même en train d'y monter un restaurant japonais avec le patron du Tabi No Yume (Rêve de voyage), Ippeï Uemura, son repaire phocéen.

Mourir sur le terrain

Les supporters de l'OM n'ont pas oublié ce match contre Monaco (2-2) où, perclus de crampes, il se relève malgré la douleur, enchaîne un sprint de 80 mètres et tacle un Monégasque. Bon, après il ne s'est plus relevé, il avait deux jambes en bois, mais il l'a fait.

Il n'a pas moufté non plus quand la colère de Garcia tombe sur lui plutôt qu'un autre et qu'il le remplace à la 38e match du match contre Rennes (par Sarr), à 2-0 pour les Bretons.

Bonnevay l'a appelé ce soir, pour tenter de le rassurer. « Mais il me demandait même pourquoi je l'appelais. "No problem, Jacky San!" » rigole le technicien, qui résume : « Il correspond à ce qu'attend le public marseillais: l'abnégation, le courage, le don de soi, la discipline. Lui, il pourrait mourir sur le terrain ».

Le « Samouraï » de l'OM est prêt aussi pour la Coupe du monde, qu'il espère bien jouer cette fois. « C'était un rêve d'enfant, raconte Sakai. La dernière, j'y ai participé, mais assis sur le banc. La prochaine j'aimerais jouer le maximum de matches et aller le plus loin possible ». Il a déjà fait beaucoup de chemin.

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