ROSTOV-SUR-LE-DON, Russie - Il espérait mieux et le Brésil aussi. Apparu encore assez loin de son meilleur niveau dimanche face à la Suisse (1-1), Neymar n'a pas pu porter la Seleçao à la victoire et a quitté Rostov en boitillant, symbole d'une équipe pas encore au point.

Démarche d'éclopé et regard noir, Neymar avait un message à faire passer, tard dimanche soir dans la zone mixte de la Rostov Arena.

« C'est à cause d'un coup que j'ai pris. Il n'y a rien de grave, rien de préoccupant. Mais à froid, c'est un peu douloureux », a expliqué le no 10. Dix, comme le nombre de fautes subies par la star face à la Suisse.

Le traitement infligé à Neymar par l'arrière-garde suisse a d'ailleurs été le principal sujet de conversation après le match, le sélectionneur suisse Vladimir Petkovic assurant qu'il n'avait rien vu « de méchant ».

Fâché contre ses adversaires et contre l'arbitre, l'attaquant du Paris SG a surtout semblé manquer du coup de reins qui aurait pu lui permettre d'échapper plus souvent à ses Cerbères.

Quatre mois après sa blessure au pied, Neymar a enfin joué un match complet dimanche mais il manque logiquement de rythme et a alterné les très bonnes périodes – la première demi-heure et les 10 dernières minutes – et d'autres où il a semblé moins lucide, avec des choix moins collectifs.

Or, il n'a pas semblé physiquement en mesure de gagner à lui tout seul un match de ce niveau, face à une « Nati » solide et impeccablement organisée.

Seleçao sans pression?

2014 est loin mais les fantômes reviennent vite. Le Brésil a un spectaculaire désastre à faire oublier et la pression peut revenir très vite, ce que n'ont pas caché les joueurs et le sélectionneur après la partie.

« Pour beaucoup, c'était une première en Coupe du monde. Il y avait un peu de nervosité, d'anxiété. Après ce match, je pense qu'on gèrera ça mieux », a ainsi déclaré à l'AFP le gardien Alisson, Tite parlant pour sa part de « pression », de « stress » et d'« anxiété ».

Le sélectionneur devra aussi répondre de l'attitude d'une équipe qui a semblé se contenter de l'ouverture du score, alors que ses 20 premières minutes très réussies auraient pu servir de tremplin.

Le Brésil a-t-il été trop sûr de sa solidité défensive? En tous cas, le but inscrit par le Suisse Zuber, le premier encaissé par les Auriverde depuis novembre 2017, a suffi à les déstabiliser.

Le match nul aussi fragilise le Brésil dans un groupe E où la Serbie a pris le meilleur départ et laissé la meilleure impression. La pression? « On l'a toujours », a balayé Thiago Silva.

Coutinho vise juste

Neymar prend des coups et prend la lumière, mais dimanche, c'est bien Coutinho, celui qui l'a remplacé à Barcelone, qui a pris ses responsabilités.

Petit crochet et magnifique frappe enroulée en lucarne, sa « spéciale » était saluée lundi par les deux quotidiens sportifs catalans Sport et Mundo Deportivo, qui titraient sur ce « Coutinhazo », dérivé du « golazo ».

Le petit milieu de terrain offensif a joué juste, notamment pendant la meilleure période de Neymar et du Brésil, en début de match, quand le trio formé côté gauche avec Marcelo a fait souffrir les Suisses.

Surtout, il a visé juste, alors que le manque de précision des artilleurs brésiliens a été souligné par les statistiques et par Tite.

« On a eu 20 tirs mais trop de tirs étaient non-cadrés. On aurait dû faire travailler leur gardien plus que ça », a regretté le sélectionneur.