PALERME, Italie - Les champions d'Europe, l'Italie, rateront la Coupe du monde de soccer. À nouveau.

L'inimaginable s'est produit à Palerme, jeudi, quand les Azzurri se sont inclinés 1-0 aux mains de la Macédoine du Nord en demi-finale du volet de barrage du tournoi de qualification, après un but dans les derniers instants par Aleksandar Trajkovski.

L'Italie a tenté 32 tirs vers le filet adverse comparativement à seulement quatre pour son rival. Mais c'est celui de Trajkovski, venu de l'extérieur de la surface de réparation au moment où des défenseurs italiens s'approchaient de lui, qui a fait la différence.

Ce fut la seule véritable opportunité de la Macédoine du Nord dans une rencontre dominée par le club hôte. Les Italiens ont raté une pléthore d'occasions et ont vu le portier Stole Dimitrievski les frustrer en maintes autres opportunités.

Comme ce fut le cas cinq ans plus tôt, au coup de sifflet final, les joueurs de l'Italie se sont effondrés dans l'incrédulité et la déception - plusieurs d'entre eux étaient en larmes - alors que leurs rivaux célébraient en grande pompe.

L'Italie n'avait également pas été en mesure de se qualifier pour la Coupe du monde de 2018 après avoir perdu une série aller-retour contre la Suède.

Rater deux mondiaux consécutifs est un creux de vague sans précédent pour les quadruples champions de la compétition, surtout quelques mois après avoir gagné l'Euro 2020.

« Je suis fier de mes coéquipiers, nous sommes tous anéantis et brisés, mais tout est à recommencer, a laissé tomber le capitaine de la formation italienne, Giorgio Chiellini. C'est difficile d'en parler à ce moment, ça demeurera un énorme vide.

« J'espère que le sélectionneur restera puisqu'il est essentiel à cette équipe. Nous devons maintenant retrouver le chemin de la victoire, nous qualifier pour l'Euro, et dans quatre ans, retourner à cette fameuse Coupe du monde. »

Cependant Roberto Mancini, qui a pris les rênes de la sélection italienne après l'échec de 2018, a confié que la consternation « est trop grande pour parler du futur. »

« Si en juillet dernier, j'ai vécu ma plus belle expérience au niveau professionnel, (aujourd'hui), il s'agit de la plus grande déception », a-t-il analysé.

« Le soccer est comme ça; parfois des choses incroyables surviennent. »

La Macédoine du Nord affrontera le Portugal mardi pour obtenir un laissez-passer pour le mondial au Qatar. Cristiano Ronaldo et la sélection portugaise ont vaincu la Turquie 3-1.

Le Championnat d'Europe de 2020 est la seule compétition d'envergure à laquelle la Macédoine du Nord s'est qualifiée dans son histoire.

Mancini a dû se débrouiller sans plusieurs joueurs qui ont aidé l'Italie à remporter le Championnat d'Europe l'été dernier. Il a notamment dû rafistoler une défensive qui n'a pas été mise en danger avant les arrêts de jeux.

L'Italie a entamé la rencontre avec le couteau entre les dents, mais a éprouvé des difficultés à trouver une faille dans le mur de maillots rouges.

Les Azzurri ont bénéficié d'une chance de qualité à la 30e minute après une mauvais botté du gardien macédonien. Domenico Berardi, balle au pied, n'avait qu'à enfiler l'aiguille, mais il a raté sa frappe, ce qui a permis à Dimitrievski de revenir à temps pour stopper le tir.

Dimitrievski a fait encore mieux quelques instants plus tard quand il a fait dévier, du bout des doigts, le tir de Ciro Immobile par-dessus la barre horizontale.

L'Italie passait de plus en plus près et Dimitrievski a dû faire un autre bel arrêt. Cette fois, il a redirigé la frappe de Lorenzo Insigne à l'extérieur du cadre.

La Macédoine du Nord a obtenu son premier tir cadré quelques instants avant la mi-temps, lorsque Enis Bardi a lancé Trajkovski en profondeur, mais son tir a été bloqué par Giangluigi Donnarumma.

Berardi est passé près de réparer son impair en début de deuxième demie, mais a vu l'une de ses tentatives être captée par Dimitrievski et l'autre rater le cadre.

Les Italiens ont assiégé le filet des Macédoniens, qui trouvaient toujours une réponse.

Dans le temps additionnel, Trajkovski a envoyé une frappe d'une distance de 25 mètres qui a abouti dans le coin inférieur gauche du filet, laissant Mancini stupéfait sur les lignes de touche.

Le Portugal en finale

Pour disputer une seconde grande compétition, après l'Euro-2020, les Macédoniens doivent battre un autre champion d'Europe.

Le Portugal s'est fait peur contre la Turquie, surtout quand le Lillois Burak Yilmaz a tiré sur la barre le penalty de l'égalisation à 2-2 (85e).

La Seleçao menait depuis des buts d'Otavio (15e) puis Diogo Jota (42e), mais Yilmaz (65e) avait relancé la Turquie. En toute fin de rencontre, Matheus Nunes a sécurisé la victoire.

Cristiano Ronaldo est toujours en route pour rejoindre au rang des joueurs ayant disputé cinq Coupes du monde. Il n'a pas marqué mais a participé aux buts de son équipe.

Le pays de Galles s'en est remis à sa vedette, Gareth Bale, capitaine et légende qui a envoyé son équipe en finale avec deux magnifiques buts, un coup franc direct en lucarne (25e) et une frappe croisée en pivot dans la surface (51e). Marcel Sabitzer a seulement réduit le score (65e).

Grâce à leur leader, les Dragons sont toujours en course vers leur deuxième Coupe du monde, après 1958. Ils devront attendre juin pour savoir s'ils affrontent l’Écosse ou l'Ukraine.

La Suède sort les Tchèques, Ibra reste en vie

La Suède a éliminé jeudi la République Tchèque de la course au Mondial 2022, au terme d'un barrage crispant (1-0 a.p.) qui laisse intactes les chances de voir Zlatan Ibrahimovic une dernière fois en Coupe du monde.

Avec 120 minutes dans les jambes, les vainqueurs du soir disputeront une place pour la Coupe du monde qatarie mardi face à la Pologne, parvenue directement en finale de barrages après l'exclusion de la Russie.

C'est le remplaçant Robin Quaison qui est venu délivrer les siens à la 110e minute après un une-deux bien négocié avec Alexander Isak, crucifiant les Tchèques.

Devant les quelque 50 000 spectateurs de la Friends Arena en banlieue de Stockholm, le trio offensif Forsberg-Isak-Kulusevski s'est employé à montrer que la Suède pouvait faire sans son vétéran « Ibra », suspendu et condamné à mâcher nerveusement son chewing-gum sur la touche.

Mais le score est resté nul et vierge tout au long du temps réglementaire, dans ce match entamé par un hommage à l'Ukraine - « Nous nous souvenons de Kiev 2012 », saluait une banderole des Suédois en référence à l'Euro ukraino-polonais.

Eux aussi privés de leur attaquant vedette et co-meilleur buteur du dernier Euro Patrick Schick - forfait - les Tchèques s'offraient les premières grosses occasions, dans une défense suédoise souvent à la peine sur les relances.

But refusé

Kuchta marquait même à la 11e minute après un ballon mal contrôlé par le portier suédois Robin Olsen. Mais le but était refusé par l'arbitre britannique Michael Olivier pour une faute peu évidente - une décision confirmée par la VAR.

Nouvelle frayeur un quart d'heure plus tard (27e) quand le défenseur suédois Nilsson était proche de marquer contre son camp, la balle filant de peu à droite de son but.

Le match perdait en intensité en fin de première période et tournait au duel nerveux au retour des vestiaires, avec un jeu moins fluide des deux côtés et un faux rythme.

A la 78e, sur un corner consécutif à une belle combinaison Kulusevski-Isak, l'entrant Svanberg réveillait le public mais centrait trop sa tête, captée par Vaclic.

Ni les incartades suédoises en fin de temps réglementaire, ni une dernière occasion tchèque sur une volée hors cadre de Havel ne parvenaient à éviter la prolongation, sans coup d'éclat jusqu'à la percée décisive de Quaison.

S'il avait reconnu ne pas avoir 90 minutes dans les jambes en cas de match décisif contre la Pologne, Zlatan jouera donc mardi un ticket avec une autre légende, Robert Lewandowski.

Lors du Mondial qatari, le géant de Malmö aura 41 ans.