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RÉSULTATS

Dans le calepin : Croatie-Canada

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DOHA, Qatar – Quelques notes et retailles d'entrevues restées inutilisées après la défaite du Canada aux mains de la Croatie.

Inégal Alphonso

La tête basse enfoncée dans la paume de ses mains, un regard d'incrédulité fixé au sol, un crachat de dégoût quittant ses lèvres. Ce n'est pas l'image qu'Alphonso Davies voulait que l'Histoire retienne de sa Coupe du monde. « Phonzie » avait des choses à se faire pardonner après son penalty raté contre la Belgique. Il a trouvé le moyen de modifier le script en sa faveur. Son jaillissement devant le défenseur Josip Juranovic pour rediriger un centre de Tajon Buchanan derrière le gardien croate aura éternellement une place de choix dans les archives du sport canadien.

À l'image de ses coéquipiers, Davies a connu un fort début de match. Pendant l'essentiel de la première demi-heure de jeu, sa vitesse et son engagement lui ont permis d'avoir un ascendant clair sur Juranovic dans son couloir. Sur une séquence particulièrement mémorable, on l'a aussi vu effacer coup sur coup Marcelo Brozovic et Mateo Kovacic avant de faire passer le jeu du côté droit. Son travail face au défenseur Dejan Lovren a également donné un coup franc intéressant au Canada vers la 30e minute.

Juranovic a toutefois pris sa revanche sur le deuxième but de la Croatie quand il a facilement échappé à la couverture molle de Davies près de la ligne centrale avant de détaler et préparer l'action décisive de Marko Livaja. Plus l'écart s'accentuait entre les Croates et les Canadiens, plus Davies semblait vouloir s'attaquer au problème seul, ne mettant ses coéquipiers à contribution qu'en cas d'extrême nécessité. C'est une critique qui revient de plus en plus fréquemment au sujet du jeu du représentant du Bayern Munich.

Entre le bon et l'excellent

John Herdman avait un souhait après la défaite crève-cœur contre la Belgique : voir ses hommes un peu plus méchants, impitoyables, décisifs près du but adverse. Il venait de les voir tirer 21 fois au filet, mais seulement quatre fois entre les poteaux.

Cet objectif est toujours dans la colonne des travaux en cours. Le Canada a été beaucoup moins dangereux et tout aussi inefficace contre la Croatie. Sur les neufs tirs qu'il a envoyés vers le gardien Dominik Livakovic, seulement deux ont été cadrés. Enlevez la tête payante de Davies à la deuxième minute et vous obtenez un seul tir cadré dans les 88 minutes suivantes – en plus du temps ajouté.

Les Croates? L'efficacité incarnée. Treize tirs, dix sur la cible.

« L'écart est mince, très mince [entre la réussite et l'échec] dans un match, a plaidé Herdman, plus préoccupé par les bévues défensives de ses joueurs que par leur manque de finition en attaque. Sur leur deuxième but, le ballon ricoche sur un paquet de jambes, prend la direction du but et se retrouve dedans. On a été capables de leur faire mal dans leur partie du terrain, mais il faut vraiment apprendre à bien faire les petits détails. Il y a des petites erreurs qu'on doit évacuer de notre jeu. »

Le mea culpa de Herdman

Herdman n'est pas exempt de blâme pour le raz-de-marée qui a balayé son groupe dans les 60 dernières minutes contre la Croatie. Ce n'est pas nous qui le disons (nous l'avons déjà fait ici). Il a lui-même fait son mea culpa pour tout ce qui a causé la perte des Rouges contre la 12e équipe au monde.

« J'aurais dû m'ajuster tactiquement un peu plus tôt. En première demie, il y a un moment où [Luka] Modric et Brozovic ont commencé à trouver les failles dans notre milieu à deux et il aurait fallu réagir un peu plus rapidement. J'aurais pu faire mes substitutions plus vite aussi. Quand Stephen [Eustaquio] est resté au sol à la 35e minute, ça aurait pu faire la différence de bouger à ce moment. »

Herdman a plutôt attendu à la mi-temps pour remplacer Eustaquio par Ismaël Koné et insérer Jonathan Osorio au milieu de terrain à la place de l'attaquant Cyle Larin. On a aussi déjà discuté de sa décision de laisser Atiba Hutchinson dans le match jusqu'à la 73e minute.

« Il faudra que je repense à tout ça, que j'y réfléchisse. C'est encore trop frais tout ça », a dit Herdman.

Eustaquio le talisman

Sa présence n'aurait rien changé à l'issue finale, mais le cheval canadien était mort dès qu'Eustaquio est resté sur le banc pour le début de la deuxième demie. Koné est un joyau qui accomplira de grandes choses avec la feuille d'érable sur la poitrine, mais à 20 ans et avec aussi peu d'expérience en banque, il est irréaliste de s'attendre à ce qu'il influence un match comme le porte-couleur de Porto est capable de le faire.

« Si vous voulez parler d'un moment charnière, c'en a été un gros pour nous, s'est désolé Herdman. Quand [Eustaquio] a fait signe qu'il avait un pépin, il en arrachait clairement. Il a décidé d'endurer la douleur jusqu'à la mi-temps pour tenter de trouver une solution, mais il ne pouvait plus continuer. C'était la même chose contre la Belgique. Il avait un malaise à une cuisse et j'étais en fait surpris qu'il passe à travers ce match. Ça a été dur de le perdre. Ce gars-là est un talisman dans notre milieu de terrain. »

Borjan ciblé

Il n'y a pas que sur le terrain que les Croates ont livré une meilleure opposition que ne l'avaient fait les Belges. Les partisans canadiens rassemblés au Stade international Khalifa ont eu beau scander « This is our house! », il était clair que les supporters croates ne se laisseraient pas enterrer si facilement.

Les fervents des Vatreni ont fièrement pris possession de leur moitié du stade, tapissant les murs avec drapeaux et bannières et chantant à la gloire de leur sélection dès la période d'échauffement. Leur enthousiasme a atteint un autre niveau après le deuxième but de leurs favoris, quand le fameux mot en « F » a semblé s'introduire dans leur poésie.

Les Croates ont aussi pris en grippe le gardien canadien Milan Borjan, l'inondant de sifflets, de huées à chaque fois qu'il touchait au ballon. Des chants discriminatoires ont aussi été entendus. L'histoire de Borjan est aussi triste qu'elle est compliquée. Il est né en ex-Yougoslavie dans une petite ville (Knin) principalement peuplée de Serbes, mais qui a été reprise par les Croates durant la guerre qui a déchiré cette région des Balkans au début des années 1990. Sa famille a été forcée de quitter vers Belgrade, l'actuelle capitale de la Serbie, en 1995 avant d'éventuellement émigrer au Canada.

Si le sujet vous intéresse, il est abordé ici dans une enfilade du journaliste Sam Street. 

Il y a beaucoup de beau dans l'ardeur et la passion qui peuvent émaner des gradins durant un match de soccer. Ce que Borjan a dû endurer dimanche soir n'en fait pas partie.