C’était l’entrée en scène des Bleus aux petites heures d’un Québec encore endormi. Mais cette équipe, bourrée de talent, intrigue. Alors prendre son café en compagnie de Didier Deschamps et ses hommes était très tentant. D’autant plus que devant, il y avait l’Australie. Une Australie qui a connu des qualifications compliquées en passant par deux cycles de barrages. Une belle occasion donc pour les Français d’asseoir leur jeu.

Des Bleus perfectibles

Si les premiers instants du match ont montré des Bleus allumés, vifs et conquérants, cette flamme s’est éteinte rapidement. Les Bleus tombent dans de vieux travers alors que les Australiens résistent de mieux en mieux. Les latéraux Lucas Hernandez et Benjamin Pavard, une surprise sur la formation partante, pourraient faire mieux. Un gros arrêt d’Hugo Lloris évite un retour au vestiaire difficile pour les Bleus qui, disons-le, déçoivent dans la première demie. Pas de changement au retour, mais une nouveauté en vedette. Pour la première fois de l’histoire de la Coupe du monde, on a recours à la reprise vidéo. Le contact sur Antoine Griezmann dans la surface mérite-t-il un penalty? L’arbitre uruguayen Andres Cunha consulte son collègue argentin Mauro Vagliano, le VAR de service, et la décision est rendue : penalty. Avec assurance Griezmann convertit, marque son premier but en Coupe du monde, et on peut alors penser que les Bleus sont enfin lancés. Mais à peine deux minutes plus tard, Samuel Umtiti fait une faute de débutant. Sauter devant le but en moulinant les bras amène un facteur de risque élevé… Le ballon touche son bras hissé comme un paratonnerre et la France est foudroyée. Le capitaine Mile Jedinac égale la marque 1-1 sur deux penalties. On est loin du match que la France devait balayer d’un revers de la main. Le but tant attendu allait arriver à la 81e minute avec le premier de Paul Pogba, un peu aidé par le pied d’Aziz Behich, et ponctue une phase plus organisée de la part des Bleus. Le résultat soulage, la manière un peu moins. Le prochain match de la France contre le Pérou sera riche en enseignements.

L’Islande confirme

Argentine 1 - Islande 1

Argentine-Islande promettait un affrontement intéressant. Et il le fut. Quand Kun Agüero a marqué à la 19e minute, son premier but en Coupe du monde, on pensait bien que l’Argentine venait d’ouvrir les vannes. Mais c’était sans compter sur l’Islande, capable de courber l’échine et de jouer la contre-attaque. L’égalisation d’Alfred Finnbogason, quatre minutes plus tard, ramenait le doute chez les Argentins. Marquant leur premier but en Coupe du monde, les joueurs du Nord ont bombé le torse. Mais il restait encore beaucoup de temps. En deuxième demie, l’Argentine bafouille et n’arrive pas à profiter d’un penalty généreux accordé par l’arbitre Marciniak. Lionel Messi rate son tir pour une quatrième fois dans ses sept dernières occasions pour son club ou son pays. Et chose incroyable, ce score de 1 à 1 a traversé toutes les tempêtes du match et donné à l’Islande son premier point en Coupe du monde. Alors que l’Argentine en perdait deux. Même résultat, deux angles différents. Autre particularité de ce match, malgré un engagement de tous les instants, aucun carton jaune n’a été décerné, ce qui n’était jamais arrivé en 2014. L’Islande, découverte de l’Euro 2016, montre bien que ses excellents résultats n’étaient pas dus à la chance du débutant.

Le Danemark s’impose

Pérou 0 - Danemark 1

La troisième rencontre du jour suscitait de la curiosité. Duel inédit, le match célébrait le retour du Pérou après 36 ans d’absence en Coupe du monde. Le Danemark, de retour lui aussi après une absence plus courte (il était là en 2010) avait de son côté l’expérience et… Kasper Schmeichel. Le grand gardien danois, fidèle héritier de son père Peter, détenteur du plus grand nombre de sélections avec son pays, a réussi deux arrêts prodigieux qui en bout de ligne allaient faire la différence. Le Pérou n’a pas mal paru, loin de là. Il faudra retenir les courses infatigables d’Andre Carillo dans le couloir droit et l’agitation sans borne de Christian Cueva sur le terrain. Peut-être pour se faire pardonner d’avoir raté un penalty en fin de première demie, pas parce qu’il a été bloqué par le gardien, mais plutôt parce qu’il l’a envoyé en orbite. Si quelque chose passe devant la lune ce soir, ce sera une éclipse de ballon! Christian Eriksen, le joueur le plus dangereux du Danemark, a été bien marqué par les Péruviens jusqu’à ce qu’ils l’oublient momentanément en deuxième demie. Se retrouvant avec un espace immense autour de lui, avec en prime le ballon,  Eriksen a pu dessiner ce but magnifique marqué au finish par Yurary Poulsen. Ce devait être le seul but du match. Beau travail des Danois, mais on sent que le Pérou voudra faire mieux.

Ballon dégonflé

Croatie 2 - Nigéria 0

On attendait beaucoup de l’affrontement Croatie-Nigéria. Deux équipes aux joueurs engagés, au gabarit solide, deux équipes qui ne sont pas réputées pour faire dans la dentelle. Eh bien c’est plutôt du petit point qu’elles ont fait dans un match terne, bien en deçà de leurs capacités. La première demie s’est terminée sur un score de 1-0 pour la Croatie, sans qu’aucun tir cadré n’ait été réussi! C’est ce qui arrive quand on concède un but contre son camp… Oghenekaro Etebo s’est retrouvé au cœur d’une mêlée avec Mario Mandzukic et Andrej Kamaric et c’est finalement lui qui aura dévié au fond du filet la reprise de la tête de Mandzukic. En deuxième demie, Modric, nommé homme du match, a converti un penalty décerné par l’arbitre, à la suite d’une véritable clé de bras d’Ekong sur Mandzukic. Si le Nigéria a perdu, il n’a que lui-même à blâmer. Il lui faudra montrer plus d’intention, plus de désir, plus de vaillance. La Croatie a composé avec ce qu’elle avait devant elle. Le penalty de Modric est le sixième en huit matchs, ce qui va faire de cette édition de la Coupe du monde l’une des meneuses en la matière. Une moyenne de 0,75/match pour l’instant, c’est pas mal. Et la journée d’aujourd’hui a été prolifique : 5 penalties décernés, c’est un de moins que le record de 6 du 24 juin 1998!

Le programme de demain est alléchant. Costa Rica-Serbie en déjeunant, Allemagne-Mexique pour le café et Brésil-Suisse pour le lunch. Une belle façon de célébrer la fête des Pères!