C’est finalement celui qui en avait le plus envie qui a gagné. La Belgique a su remonter l’amertume de sa défaite devant la France et s’est présentée sur le terrain avec un réel projet : accrocher une médaille au cou de ses joueurs et accomplir ainsi sa plus grande réussite en Coupe du monde. Pas que l’Angleterre ne voulait pas gagner, non. Quelle équipe se présente sur le terrain en se disant « une petite défaite aujourd’hui, ça ferait bien l’affaire »? Aucune que je connaisse… sauf en cas de calculs tordus pour atteindre un but précis. Mais ne nous égarons pas.

L’Angleterre avait déjà réussi sa Coupe du monde avant ce match de troisième place. Alors qu’avant le tournoi on ne cessait de clamer que c’était une Coupe du monde un peu rapide pour cette jeune génération et qu’on visait 2022, le fait d’atteindre le carré d’as était déjà une grande prouesse. En plus, en battant la Colombie aux tirs au but en huitième de finale, l’équipe a pu vaincre un vieux démon. Jamais les Trois lions n’avaient remporté une séance de tirs au but en Coupe du monde, sans compter leurs nombreux déboires à l’Euro. Donc déjà l’Angleterre avait un sentiment de réussite.

La défaite contre la Croatie en demi-finale a certes été dure à avaler, mais une fois le morceau passé, une certaine sérénité est revenue. L’essentiel du travail avait été fait, une partie de l’objectif était atteint. En plus, l’équipe a de grosses chances de ne pas repartir les mains vides alors que Harry Kane domine toujours le classement des buteurs et peut lorgner le soulier d’or avec réalisme, à moins d’un tour du chapeau d'Antoine Griezmann ou de Kylian Mbappé dans la finale.

L’Angleterre pouvait donc déjà se tourner vers l’avenir, avec un noyau de jeunes joueurs qui ont acquis une expérience formidable et auquel on pourra ajouter quelques-uns de ceux qui ont remporté la Coupe du monde des moins de 20 ans (U20) et qui ont tous regardé le tournoi à la maison.

La Belgique, de son côté, voulait réussir la meilleure performance de son histoire en Coupe du monde, c’est-à-dire, à défaut de la finale, atteindre la troisième place.  Cette génération qu’on dit dorée était arrivée pleine de promesses sur papier. Mais bien souvent elle l’avait fait par le passé, sans arriver à les tenir. La défaite en demi-finale contre la France a été difficile à encaisser, ce qui a laissé cours à des propos teintés d’amertume et de rancœur. Il faut dire que certains de ses joueurs annonceront certainement leur retraite internationale au cours des prochaines semaines, et c’était un peu la Coupe de la dernière chance. Mais ça n’excuse pas le fait d’être mauvais perdant.

C’est donc dans la peau d’une gagnante que la Belgique se voyait aujourd’hui. Et ça paraissait sur le terrain. Bien organisée, elle a marqué son territoire rapidement avec un but de Meunier, de retour sur la formation après une absence qui a fait très mal contre la France. Jamais vraiment inquiétée par la suite, la Belgique a vogué vers la victoire en ajoutant un deuxième but en deuxième mi-temps, tout en gardant les Anglais à l’écart du sien. La Belgique a célébré sobrement et les Anglais se sont montrés déçus sans être effondrés. Le match de troisième place, la petite finale comme certains l’appellent, ne suscite jamais de grands émois. Sauf que lorsque la poussière retombera, les Belges garderont dans le cœur une victoire et au cou une médaille, alors que les Anglais trouveront peut-être qu’ils ont manqué le rendez-vous.

Et puisqu’on parle de rendez-vous, demain la finale. Une finale France-Croatie qu’on aurait trouvée bien improbable en début de tournoi. C’est ce qui fait la beauté de la chose.

Les Diables démarrent en lions
En son et images : Angleterre - Belgique
Les plus belles images de la Coupe du monde 2018