Il y avait tellement de liens entre les deux. Voisines et amies, la Belgique est le pays que la France a affronté le plus souvent sur un terrain de soccer. Seize joueurs partagent une appartenance à un club, que ce soit Chelsea (Giroux,Kante/Hazard,Courtois), Barcelone (Dembele, Umtiti/Vermaelen) Manchester city (Mendy/Kompany, De Bruyne), Manchester United (Pogba/Fellaini, Lukaku) ou Monaco (Lemar,Sidibe/Tielemans), soit huit du côté de la France et autant chez les Belges. Ça se sentait d’ailleurs dans le couloir alors que les deux formations se côtoyaient avant d’entrer sur le terrain. Olivier Giroud a serré la main de chacun des partants de la Belgique, plusieurs autres ont échangé des accolades. Rivaux peut-être, ennemis, jamais.

On ne savait trop à quoi s’attendre de ce match : match coincé, étouffant? Feux d’artifice comme celui du France-Argentine? Chocs et revirements comme dans le Belgique-Japon? Mais dès les premières minutes sur le terrain, Kylian Mbappé a donné le ton. De la vitesse, il allait en servir à revendre à un Vertonghen étourdi par ses accélérations fulgurantes et ayant bien souvent besoin d’un peu d’aide de ses partenaires pour contenir le fougueux ailier. La première mi-temps a fourni des occasions de part et d’autre et si Mbappé faisait courir les défenseurs, Eden Hazard donnait des mots de tête à la France tout entière. Infatigable à la récupération autant qu’à la création, Hazard montait à l’abordage parfois seul, parfois accompagné, tenant plus du diable de Tasmanie que du classique Rouge.

Il aura fallu attendre la deuxième mi-temps pour que le score se débloque. Sur un corner servi par Antoine Griezmann, Samuel Umititi (1 m 81) a devancé Fellaini (1 m 94 sans les cheveux) et prolongé de la tête la trajectoire du ballon jusqu’au fond du filet. C’était son premier but en match compétitif, ses deux précédents ayant été réussis en amicaux. Devant ce but marqué à la 51e minute, la Belgique avait le temps de revenir au score. Tous se rappelaient le but de Chadli, réussi alors qu’il restait dix secondes aux cinq minutes ajoutées en fin de match, pour arracher la victoire au Japon. Mais le miracle ne viendrait pas cette fois. La France a joué un match sérieux qui a étouffé le jeu de Lukaku et le duo Varane-Umtiti a été de tous les combats. L’entrée de Mertens a un peu dynamisé la Belgique, mais il fallait plus que ça pour vaincre un adversaire qui s’accrochait à son avance d’un but, bien décidé à la conserver jusqu’au bout.

La France a donc gagné ce match que plusieurs qualifiaient de « finale avant l’heure ». Il n’en aura pas eu la saveur ni la brillance, mais aura mis face à face les deux équipes les plus abouties du tournoi. Si la Belgique a perdu son premier match international depuis le 1er septembre 2016, la France s’est qualifiée pour sa troisième demi-finale consécutive (1998, 2002, 2018), ayant été éliminée lors des trois premières (1958, 1982, 1986).

« Quand le résultat n’est pas là, c’est certain que nous sommes déçus, a déclaré l’entraîneur de la Belgique Roberto Martinez. Mais nous voulons finir sur une bonne note, cette équipe le mérite. On va digérer notre déception, puis se remettre au travail pour le match de troisième place samedi. »

De son côté, Didier Deschamps jubilait. « C’est quelque chose d’exceptionnel, je ressens une grande fierté envers ces joueurs. Ils ont dû travailler beaucoup et aujourd’hui je tire mon chapeau à la défense. Maintenant une finale, ça se gagne et nous avons encore en travers de la gorge celle perdue à l’Euro il y a deux ans. Demain, on s’installe dans un fauteuil et on regarde le match (Croatie-Angleterre). On verra qui nous aurons. »

Les deux équipes ont été  méritantes sur le terrain. Sauf que la « génération dorée » belge doit maintenant viser le bronze et que la France rêve de célébrer le 20e anniversaire de sa Coupe du monde avec une autre entre les mains. Et c’est bien possible qu’elle y arrive.