Les supporters anglais hésitent entre tristesse et fierté mercredi soir, après la défaite de leur équipe face à la Croatie, qui a mis fin à leurs espoirs de disputer une finale de Coupe du monde pour la première fois depuis 1966.

A Hyde Park, à Londres, les 30 000 personnes qui s'étaient réunies pour suivre le match sur plusieurs écrans géants étaient visiblement abattues au coup de sifflet final.

« Je suis vraiment, vraiment triste », concédait Laura Russian, 31 ans, en larmes, serrant contre elle une bouteille de cidre vide. « Mais je suis fière d'eux, à 100%. »

La tête basse, les milliers de supporters ont rapidement quitté les lieux. Quelques dizaines d'entre eux sont restés pour applaudir le beau parcours de leur équipe avec en tête, déjà, le prochain Mondial, au Qatar, en 2022.

Sous le ciel bleu d'une longue soirée d'été, tout avait pourtant bien commencé. A peine cinq minutes de match et la bière pleuvait déjà sur la foule : les supporters, extatiques, célébraient le but sur coup franc de Kieran Trippier, qui propulsait virtuellement l'Angleterre en finale, un scenario encore inimaginable il y a seulement quelques semaines.

« C'est la première fois de ma vie que l'Angleterre est aussi proche (d'une finale, NDLR) », se réjouissait Murad Huseynov, 23 ans, habillé de la croix de saint-Georges, le drapeau anglais. « C'est historique! »

Près de la moitié des joueurs anglais n'étaient pas nés la dernière fois que les Three Lions ont atteint une demi-finale en Coupe du monde, en 1990. Et il faut remonter à 1966 pour les voir disputer une finale. L'actuel sélectionneur anglais, Gareth Southgate, avait alors 4 ans.

Mais aux cris de joies qui ont rythmé la première heure de jeu a succédé un silence craintif quand l'équipe croate a refait son retard. La foule a alors entonné plusieurs God Save the Queen, l'hymne national, pour encourager les Anglais en Russie.

« L'atmosphère est électrique », jugeait en fin de match Michael Grant, un Londonien de 36 ans, employé dans l'immobilier. « Ca fait longtemps qu'on n'a pas vécu une telle expérience ».

Mais les bruyants encouragements des fans n'ont pas suffi et la tristesse se lisait sur les visages quand la Croatie a marqué dans les prolongations pour finalement l'emporter 2-1.

Dans quatre ans...

« Il y aura beaucoup de frustration lundi », au lendemain de la grande finale, a prédit Shaun Bailey, un informaticien de 48 ans, qui aurait tant voulu voir une affiche Angleterre-France dimanche.

Croatie 2 - Angleterre 1 (Prol.)

Il se souvient avoir regardé la demi-finale entre l'Angleterre et l'Allemagne de l'Ouest, en 1990, sur «une télé en bois ». « Les temps ont changé, c'était il y a 28 ans », fait-il remarquer. Il souligne qu'à l'époque, le style de jeu de l'équipe dépendait surtout de quelques joueurs, dont Paul Gascoigne.

« On n'a plus vraiment de grosses individualités maintenant, nous avons un collectif », assure-t-il.

Jamais, depuis 1996 et la demi-finale contre l'Allemagne lors de l'Euro à domicile, la projection d'un match à Hyde Park n'avait attiré autant de supporters pour un match des Three Lions.

Les 30 000 billets proposés gratuitement lundi sont partis en quelques minutes. Un autre événement, qui devait se tenir dans le parc ce mercredi, a même été déprogrammé pour permettre à ces milliers d'Anglais d'apprécier la rencontre dans une atmosphère de communion.

Certains supporters tentaient de se réjouir malgré la défaite. Le beau parcours de l'équipe d'Angleterre « a réuni les gens à un moment où on en avait bien besoin, estime Louise Smith, un enseignante de 34 ans. C'était beau à voir ».

Dans un parc jonché de détritus et de gobelets en plastique vides, Henry Ludlam, 27 ans, se montrait optimiste pour le futur de son équipe.

« C'est un groupe tellement jeune... , remarquait-il.  Je suis fier d'eux. Et dans quatre ans, ils seront inarrêtables ! ».