Équipe Canada : de passagers à locomotives
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COLLABORATION SPÉCIALE
Pendant des années (décennies?), l'équipe masculine a été critiquée pour son manque de rigueur et de résultats.
Le nœud du problème était la vocation donnée au programme. Il prenait trop souvent des allures d'agence de placement.
On voyait un match international comme une vitrine pour aider les joueurs sans contrat à se trouver un club. Ce monde à l'envers a été remis à l'endroit par John Herdman à son arrivée à la barre de l'Unifolié.
Minutes prioritaires
Dans un monde idéal, un sélectionneur voudrait que l'ensemble de ses joueurs occupent des rôles importants avec des clubs de « premier tiers » comme Herdman aime les appeler.
Pour le moment, l'équilibre entre le temps de jeu et le club avec lequel le joueur évolue est la clé pour le Canada.
Le coach a toujours été clair, les minutes de jeu sont prioritaires. En ce sens, l'Amérique du Nord reste un atout de taille. Les 11 joueurs de MLS sélectionnés cette semaine en témoignent.
Sur le Vieux continent, les Canadiens ne sont pas moins utiles. Au cours des dix derniers jours seulement, Cyle Larin a marqué en championnat avec Club Brugge, Jonathan David a fait encore mieux avec un doublé pour Lille, alors qu'Alphonso Davies (Bayern Munich) et Stephen Eustaquio (Porto) ont eu des départs en Ligue des Champions.
Des deux côtés de l'Atlantique, les Canadiens sont loin d'être de simples passagers dans leurs clubs respectifs. Plusieurs en sont maintenant des locomotives.
Il y quelques années à peine, on dénombrait jusqu'à cinq Canadiens sans contrat dans l'effectif. Le groupe actuel est aux antipodes. On demande enfin aux joueurs de se prouver en club avant d'avoir le privilège d'être appelé en sélection.
Inspiré d'Évelyne Viens
En août 2021, Évelyne Viens passait la médaille d'or au cou de Christine Sinclair sur le podium de Tokyo. Six mois plus tôt, elle n'avait toujours jamais enfilé le maillot canadien.
Joel Waterman est-il sur le point de vivre un parachutage tout aussi impressionnant en équipe nationale?
Au début de la saison 2021, on se demandait si le défenseur de Calgary avait le niveau pour jouer en MLS. Maintenant titulaire indiscutable de Wilfried Nancy, la question ne se pose plus.
Obtenir ses premières minutes internationales serait un grand accomplissement, mais le véritable enjeu se trouve à l'entraînement. C'est là il jouera son futur rapproché avec le Canada.
Interrogé à son sujet, John Herdman a dit avoir hâte de le voir se mesurer aux Alphonso Davies et Jonathan David de ce monde. Pas une mince tâche, mais un passage obligé pour continuer de rêver à un billet pour la Coupe du Monde mois de deux mois après ses débuts en sélections.
Waterman doit tenir tête à ses coéquipiers avant de penser à Romelu Lukaku ou Youssef En-Nesyri.
Le reste doit suivre
L'Unifolié n'aura pas de nouveau maillot pour sa première Coupe du Monde en 36 ans.
Les responsables expliquent le tout en affirmant que le Canada est sur un cycle de production différent. En effet, celui où personne ne croyait suffisant aux chances de se qualifier pour prévoir le coup d'avance ou mettre en place un plan B.
Comme si les ruptures de stock après la victoire des femmes aux Olympiques n'avait pas offert un avertissement suffisant.
L'équipe nationale a fait un bond de géant au cours des quatre dernières années. Canada Soccer et ses partenaires, eux, ont un grand rattrapage à faire.
Quand le sélectionneur dit qu'il faut maintenant resserrer l'écart avec les grandes nations, ce n'est pas seulement sur le terrain. Tout le reste doit suivre, à commencer par un équipementier de prestige comme Nike.