À plus de 70 ans à eux deux, Leonardo Bonucci, défenseur buteur, et Giorgio Chiellini, capitaine leader, ont enfin soulevé dimanche un trophée majeur ensemble avec l'Italie, contre l'Angleterre (1-1 a.p, 3-2 t.a.b.). Après plus de dix ans d'échecs, l'heure de la consécration a sonné pour les grognards...

Déjà associés il y a neuf ans à Kiev, lors de la débâcle de la finale de l'Euro-2012 contre l'Espagne de Xavi et Andres Iniesta (4-0), les deux vétérans sont cette fois sortis vainqueurs face aux partenaires de Harry Kane et Luke Shaw, dans un stade de Wembley en fusion.

Encore trop jeune pour être sélectionnée lors du sacre du Mondial-2006, la paire a empilé, depuis, 221 sélections sous le maillot de la "Nazionale", portant la charnière centrale de l'équipe réputée pour son « catenaccio » pendant plus de dix ans.

Malgré une association couronnée de succès en club, à la Juventus Turin, avec huit titres en Serie A soulevés ensemble, les deux briscards n'étaient jamais parvenus à apporter de trophée majeur à leurs « Azzurri », ni d'ailleurs à remporter de titre continental avec la Juve.

« It's coming to Rome »

La renaissance de l'Italie est aussi la leur, au sein d'une sélection qui a su conserver sa base expérimentée, en y ajoutant une dose d'enthousiasme, de jeunesse et de culot.

Car elle revient de très loin! C'est en effet aussi sous leur mandat que l'Italie a connu son pire échec en 60 ans, avec la non-qualification pour le Mondial-2018...

« C'est incroyable, quand je repense à là où on a commencé... Quand on est au fond du trou, on voit comment les grands hommes retrouvent des forces. Je veux dire merci à notre grand entraîneur, notre grande équipe, notre grand pays. On est plein de joie et de bonheur », a savouré Bonucci après la finale, dimanche.

Quelques minutes plus tôt, le patron Bonucci et le capitaine Chiellini avaient illuminé la rencontre, jusqu'à ce magnifique « It's coming to Rome » scandé par le premier à la caméra, en opposition au « It's coming home » (Cela revient à la maison), fameux chant des supporters anglais.

Pendant le match, les deux verrous italiens ont su contenir les attaquants anglais et lancer les offensives italiennes de derrière. Et ils ont, tous les deux, pris en main la surface de réparation adverse sur le but égalisateur: Chiellini en dissuasion, Bonucci à la conclusion d'un ballon ayant tapé le poteau avant de revenir dans ses pieds pour marquer son 8e but en sélection (67e). 

Complicité

La célébration du défenseur, debout sur les panneaux publicitaires face à des milliers de spectateurs hostiles, restera l'une des images fortes de cette finale, comme ce regard rageur échangé avec son meilleur ami, crâne contre crâne, quelques secondes plus tard.

Que dire de cette dernière faute grossière de Chiellini retenant le col de Bukayo Saka, à la dernière seconde du temps réglementaire? Un acte assez symbolique du personnage, parfois un peu maladroit sur le terrain, mais jamais du genre à faire les choses à moitié, comme sur cette intervention cruciale en prolongation devant Sterling (111e). 

Et que penser de ce visage juvénile, tel un enfant découvrant son nouveau jouet, du capitaine italien à la remise du trophée? 

« Il est évident que quand on se retrouve côte à côte, se connaissant par coeur, tout devient plus naturel. Ensemble, nous partageons la tâche de leadership, c'est la raison essentielle qui permet à chacun de donner le maximum », affirmait ces derniers jours Bonucci, interrogé sur cette association. 

Leur sélectionneur Roberto Mancini avait aussi dit à quel point il comptait sur sa doublette dans cet Euro. « Cela fait des années qu'on entend dire qu'ils sont les meilleurs. Leur force, c'est qu'à chaque match ils veulent montrer que c'est le cas », avait lancé le technicien ces derniers jours. 

Aura-t-il encore l'opportunité d'aligner ses deux défenseurs lors d'un autre tournoi international? Chiellini aura 38 ans pendant le Mondial-2022 au Qatar, Bonucci 35. Mais depuis dimanche soir, l'Italie se dit que tout est possible avec ses deux grognards...