En apprenant que le Bayern Munich avait déboursé 22 millions $ pour Alphonso Davies, j’étais intrigué. En l’observant intégrer le groupe pro dès son arrivée en Europe, j’étais impressionné. Moins d’un an et demi plus tard, en le voyant débuter les 20 derniers matchs des champions en titre, j’ai le souffle coupé.

 

Les Craig Forrest (Chelsea, West Ham, Ipswich), Atiba Hutchinson (Besiktas, PSV, Copenhague), Paul Stalteri (Tottenham, Werder Bremen) et cie ont certes pavé la voie. Davies atteint cependant des sommets inexplorés.

 

En évitant les blessures, il sera non seulement reconnu comme le meilleur international  canadien de tout les temps. Il pourrait aussi être considéré comme un des meilleurs à son poste dans le monde entier.

 

Moments

 

La première saison complète d’Alphonso Davies à Munich est un crescendo impressionnant, mais deux matchs en particulier ont marqué l’imaginaire de la planète foot.

 

Le 25 février, il offrait une performance hors-normes à Stamford Bridge dans une victoire de 3-0 en Champions League face à Chelsea. Une passe décisive et des replis défensifs dignes des plus grands avaient attiré l’attention de tous.

 

Cette semaine, il avait devant lui une autre starlette de 19 ans. Herling Haaland, l’attaquant le plus prometteur au monde, vient de signer à Dortmund pour 50M $ CAD et marche sur l’eau avec son arrivée avec 13 buts en 14 matchs.

 

Un mano a mano dans lequel le Canadien s’est imposé de brillante façon, attirant l’attention des étoiles d’hier et aujourd’hui.

 

Valeur doublée

 

Moins de deux ans après son transfert, sa valeur marchande a plus que doublé. La somme payée pour l’amener à Munich est considérée comme une aubaine.

 

Sur le plan humain, le fait qu’il soit né dans un camp de réfugiés au Ghana a sans doute forgé la psychologie d’un jeune qui n’a peur de rien.

 

Qu’en est-il de son développement sportif?

 

Mieux qu’à Montréal et Toronto

 

Le 1er juin 2016, Davies faisait ses débuts dans un maillot des Whitecaps à l’âge de 15 ans. Vancouver était le club canadien le mieux adapté à ses besoins.

 

À cette époque, Montréal avait toutes les difficultés du monde à intégrer des jeunes produits de l’Académie à son équipe MLS. Dans un maillot bleu, Davies aurait sans doute eu du temps de jeu. Aurait-il participé à 56 matchs de championnat dont 38 comme titulaire? Jamais!

 

À Toronto, l’ambition d’un club aspirant au titre et l’aura du trio Giovinco-Bradley-Altidore ne lui auraient pas permis d’assumer le genre de responsabilités qu’on lui a confié au BC Place.

 

Bien qu’il n’ait rien gagné en deux ans et demi à Vancouver, les Caps offraient un environnement idéal pour son développement.

 

Remporter la MLS Cup à 17 ans ou jouer une demi saison avec Didier Drogba, c’est bien. S’assurer de jeter les bases nécessaires à un longue et prolifique carrière, c’est mieux!

 

Ouverture

 

Signer un contrat ne garanti rien. Encore moins dans un club qui a les moyens de parier sur des jeunes stars en devenir. Le court passage de Ballou Tabla au FC Barcelone en est un bon exemple.

 

Dans le cas de Davies, le timing du transfert était bien calculé.

 

Le Bayern venait de remporter 6 titres consécutifs et se trouvait à la recherche de sang neuf pour insuffler un nouvelle énergie à l’équipe. Le club avait aussi un plan pour lui. Une conversion d’ailier gauche à défenseur latéral que le jeune Canadien a pris dans sa foulée.

 

Cinq ans plus tôt, Munich n’aurait probablement pas été la meilleure destination pour Davies. En janvier 2019, elle l’était.

 

À un point tel que sa contribution lui a déjà valu un nouveau contrat le gardant en Bavière jusqu’en 2025.

 

Son talent brut et son intelligence au jeu n’ont d’égal que les choix judicieux qu’il a fait jusqu’à maintenant dans sa carrière. S’il reste sur la même voie, on rêvera encore plus fort à une première présence du Canada en Coupe du monde depuis 1986.