BERLIN - La défaite (1-3) contre l'Argentine a définitivement marqué la fin de l'état de grâce pour le sélectionneur de l'équipe d'Allemagne Joachim Löw, déjà affaibli par l'élimination contre l'Italie (1-2) à l'Euro 2012 et qui essuie de vives critiques.

« La première crise Löw », titrait vendredi le très influent quotidien Bild. "Jamais depuis six ans le sélectionneur national n'a été autant critiqué", affirme le journal, qui l'avait pourtant encensé comme le reste de la presse allemande depuis sa prise de fonction après la Coupe du monde 2006.

« Le temps de l'harmonie autour de l'équipe nationale est révolu! Finies les flatteries. Le parler vrai plutôt que les câlins. Et c'est bien comme ça », écrit le Bild dans un éditorial.

« Aussi magnifique que soit le football joué par l'équipe depuis 2006, il lui manque quelque chose pour les grands succès. Le mordant, la dureté », poursuit le journal le plus lu d'Allemagne, pour conclure : « Nous voulons enfin un titre! »

L'Allemagne n'a plus rien gagné depuis l'Euro 1996. Seize longues années. Si les places d'honneur accumulées depuis satisferaient bien d'autres nations, l'Allemagne n'en peut plus.

La défaite en amical contre l'Argentine a fait sortir de ses gonds l'ancien gardien de but et capitaine de la Mannschaft, Oliver Kahn, consultant de la chaîne de télévision publique ZDF.

« Plus d'autocritique ne nuirait pas »

« Ce qui est apparu ces derniers mois c'est que la Mannschaft a des problèmes relativement importants en défense », a critiqué Kahn mercredi soir, sur le plateau de la ZDF, debout à côté de Joachim Löw, qui l'a laissé dérouler son argumentaire, abasourdi et le visage fermé.

"Le sélectionneur national doit se poser des questions. La philosophie du jeu, l'offensive, c'est bien, mais l'adversaire a trop d'occasions », a-t-il ajouté.

Et d'enfoncer le clou : « On perd largement contre l'Italie, on prend trois buts aujourd'hui et les garçons disent "qu'est-ce que ça peut faire, demain est un autre jour". Là ça m'énerve. »

Löw a justifié l'échec de mercredi par le manque de fraîcheur en début de saison, les circonstances (exclusion du gardien à la 30e minute) et a certifié, au contraire, un engagement total des joueurs.

En vain. Il semble devenu inaudible. « Un monologue sans regret », a dénoncé le quotidien Frankfurter Rundschau, pour qui "Löw sent plus que jamais que la période d'état de grâce peut prendre fin abruptement. En 90 minutes par exemple. »

« Pas assez de présence, de force et de fraîcheur, ça peut arriver. Mais n'était-ce pas déjà le cas lors de l'élimination à l'Euro? L'équipe n'est-elle pas à l'image de l'entraîneur?», s'est interrogé vendredi le Tagesspiegel, ajoutant : « un peu plus d'autocritique ne nuirait pas. »

La polémique récente sur les joueurs qui ne chantent pas suffisamment l'hymne national montre bien que désormais le moindre détail sera retenu contre le sélectionneur.

Pour sa défense, les mots ne suffiront plus. Une large victoire contre les faibles Îles Féroé (153e nation FIFA, l'Allemagne est 2e) le 7 septembre sera le minimum exigé et la Mannschaft sera regardée sous toutes les coutures. Löw est sous surveillance.