GENÈVE, Suisse - La Justice suisse a lancé jeudi des procédures criminelles contre le président de la FIFA, Gianni Infantino.

C'est le procureur extraordinaire suisse, Stefan Keller, qui a ouvert la procédure pénale, en lien avec une rencontre qu'a eue Infantino avec le procureur général de la Suisse, Michael Lauber.

Keller a conclu une enquête initiée par deux plaintes impliquant Infantino et Lauber. Il y a découvert des « éléments de comportement répréhensible ».

Lauber a remis sa démission la semaine dernière.

En plus d'Infantino, une procédure criminelle a été lancée contre le procureur du canton de Valais, Rinaldo Arnold. Keller souhaite également que l'immunité du Lauber soit levée afin qu'il puisse ouvrir contre lui une procédure devant les tribunaux, selon un communiqué des autorités helvètes supervisant le Bureau des procureurs fédéraux.

Keller, un expert légal nommé au poste de procureur extraordinaire le 29 juin, a découvert des cas possibles d'abus de pouvoir, de contravention aux lois sur les secrets officiels, d'entrave à une action pénale et d'incitation à commettre ces infractions, poursuit le communiqué. Il n'est pas exclut que d'autres accusations soient déposées.

Les suspects bénéficient de la présomption d'innocence jusqu'à la résolution de l'affaire en Suisse.

La FIFA a refusé de commenter, mais Infantino a dit le mois dernier qu'il trouvait « toute cette situation absurde ».

« De rencontrer le procureur général de la Suisse est parfaitement légitime et parfaitement légal », a déclaré le président de la FIFA lors d'une vidéoconférence, le 25 juin dernier.

Lauber a offert sa démission vendredi, quelques minutes seulement avant qu'un tribunal fédéral maintiennent les allégations de mensonges au sujet d'une rencontre qu'il a eue avec Infantino au cours de la vaste enquête pour corruption touchant le football international. Cette décision du tribunal faisait suite au dépôt d'un appel de Lauber, sanctionné en mars pour mauvaise conduite.

La procédure interne contre Lauber portait principalement sur une réunion avec Infantino tenue en juin 2017 dans un hôtel de Berne, au cours de laquelle le procureur n'a pris aucune note. Les deux hommes ont par la suite prétendu ne pas se souvenir de la teneur de leurs discussions ce jour-là, leur troisième rencontre sur une période de 15 mois.

« De façon générale, un tel cas d'amnésie collective est une aberration », a indiqué le tribunal dans son jugement la semaine dernière.

Lauber est donc sur le point de rejoindre l'ex-président de la FIFA Sepp Blatter et l'ex-président de l'UEFA Michel Platini à titre de dirigeants de haut rang ayant perdu leur boulot en Suisse en raison de cette enquête pour corruption amorcée en novembre 2014.

Infantino a été élu à la tête de la FIFA en 2016 et a obtenu un deuxième mandat en 2019.