Je dois avouer que j’ai été surpris, dans un certain sens, par le cri du cœur de notre président Joey Saputo. Personne ne s’attendait vraiment à ça, mais c’est le président et il a investi beaucoup d’argent.

L’an passé, on a encaissé beaucoup de critiques et les gestes ont été effectués pour changer la situation sauf que ça ne se traduit pas par des résultats dans la vente des billets. Son message a été assez fort, si on peut dire, mais en tant que joueur, on doit avancer et on réalise que c’est sur le terrain qu’on doit produire. Les efforts ont été consentis pour remodeler l’équipe et on sent la concurrence dans le groupe. On a démontré qu’on s’en allait dans le bon chemin.

Je ne veux pas parler pour tout le monde, mais c’est probable que les gens attendent de voir nos résultats sur le terrain avant de nous encourager. J’ai effectivement entendu l’opinion de quelques amateurs qui veulent d’abord voir comment on entamera le duel quarts de finale en Ligue des champions de la CONCACAF et suivre notre progression dans les prochains matchs de la saison régulière.

Il ne faut pas oublier que nous avons tendance à faire les choses à la dernière minute à Montréal. Les gens se décident souvent à nous encourager juste avant le début de la saison. Je pense notamment à 2012, c’est dans le dernier droit que les gens ont vraiment embarqué. Les amateurs de sport achètent souvent leurs billets dans les semaines précédant un événement.

Parmi ses commentaires, Joey Saputo a admis que l’organisation pourrait avoir surévalué le marché de soccer de Montréal. Personnellement, je considère qu’il y a énormément d’amateurs de soccer ici et qu'il faut seulement les convaincre. Je pense notamment à ceux qu’on appelle les « Eurosnob », ils sont de grands connaisseurs, mais ils comparent trop souvent la MLS au jeu européen.

Il existe aussi plusieurs partisans que nous parvenons surtout à séduire grâce à des performances comme celles de 2012.

Le support de la ville de Montréal envers notre organisation a également été abordé dans cette discussion franche. De mon point de vue, je considère que, médiatiquement parlant, nous sommes bien couverts.

Cela dit, je ne trouve pas qu’on fait assez notre promotion et je dois être honnête là-dessus. On nous suit et on transmet l’information sur ce qui se passe, mais parfois on n’entend pas parler de l’Impact pendant sept jours. Une petite nouvelle sera consacrée à l’Impact tandis qu’on parlera du Canadien de Montréal à toutes les heures. Il ne faut pas seulement se concentrer sur les chaînes sportives comme RDS et les autres. Dans les médias généralistes, l’Impact de Montréal ne se retrouve pas souvent dans les sujets de leur segment sportif.

Au niveau de la couverture médiatique, il y a beaucoup de journalistes et de blogueurs dans notre entourage. En fait, nous sommes l’une des équipes qui reçoit le plus grand suivi, mais on ne nous met pas assez à l’avant-plan. Présentement, on ne peut pas dire par exemple que Montréal est une ville de hockey ET de soccer.

Le cri du coeur de l'Impact

Notre président a évoqué une autre crainte et elle concerne les faramineux contrats accordés par certaines équipes de la MLS. Il faut rappeler que la MLS n’est pas un marché aussi libre que la plupart des circuits professionnels. On assiste donc à de gros gestes financiers de la part d’équipes comme Toronto, Seattle, New York et Los Angeles. C’est bien et c’est la réalité du monde sportif, mais ça ne reflète pas la ligue en entier.

Ce n’est pas parce qu’on donne cinq millions à un joueur que c’est représentatif de la réalité des autres athlètes de la MLS. Oui, il existe une concurrence, mais différentes façons de faire les choses s’opposent. Certaines organisations veulent acheter le succès et d’autres préfèrent bâtir autour d’un concept d’équipe qui progresse ensemble même si ça veut dire qu’elle vendra moins de maillots auprès des amateurs.

Évidemment, si on compare notre situation à celle de Toronto, on remarque deux manières d’aborder les choses. Sans nous comparer à eux, on pourrait dresser un parallèle entre le FC Barcelone et le Real Madrid. On parle de deux philosophies alors que Toronto préfère foncer avec de gros coups pour générer des recettes et attirer l’attention. Chose certaine, ça ne veut pas dire que ça garantit un succès sur le terrain.

Une grande justesse dans le jeu de Ciman

Revenons sur le plan sportif pour le dernier segment de cette chronique. Je peux vous confirmer que notre progression se déroule bien à notre camp d’entraînement. On traverse notre deuxième semaine et on complète la première phase qui consiste à se remettre en marche. Du même coup, on s’acclimate aussi avec les nouveaux visages et on développe une cohésion sur le terrain. On aide aussi ces derniers à comprendre l’identité, le style et le système désirés par l’entraîneur.

Dans la deuxième étape de notre camp d’entraînement, les côtés tactique et technique de Pachuca seront plus présent. On se préparera aussi à évoluer dans la chaleur et l’altitude du Mexique. Il faudra aussi peaufiner le reste de notre travail de préparation sans oublier qu’on doit songer à la saison qui suivra en MLS. Il ne faut pas oublier les 34 matchs de saison régulière qui approchent à grands pas.

En terminant, je ne suis pas quelqu’un qui se fait facilement impressionner sauf que je peux dire que j’aime bien Laurent Ciman. Je ne le connaissais pas beaucoup, mais son jeu est très juste et il est très sympathique. Il a une belle qualité technique et j’aime bien son apport. Bien sûr, plusieurs autres joueurs ont fait leur arrivée, mais je ne suis pas surpris par leur rendement jusqu’à présent. Par contre, le camp demeure jeune et on aborde une phase qui permettra de voir ceux qui élèveront leur jeu d’un cran.

*Propos recueillis par Éric Leblanc.