MONTRÉAL – Faut-il se surprendre de voir l’Impact préparer sa rentrée montréalaise – il affrontera Toronto FC samedi au Stade olympique – sans avoir réalisé le moindre gain concret au classement?

 

Avec l’arrivée d’un nouveau personnel d’entraîneurs, un remaniement majeur de l’effectif (qui est d’ailleurs toujours en cours) et un calendrier comme à l’habitude complexe pour débuter l’année, les défaites subies à Vancouver et Columbus étaient envisageables, pour ne pas dire prévisibles.

 

Mais la visite prochaine des champions en titre de la MLS devrait servir de rappel à tous ceux qui sont déjà à court de patience envers le projet accepté par Rémi Garde. D’Auguste à Giovinco, un empire ne s’est jamais bâti en un jour.

 

« Pour moi, bien sûr que c’est toujours le résultat qui compte en premier, mais mon inquiétude n’est pas aussi forte que laisse envisager ces deux résultats négatifs, a voulu tempérer Garde lundi. Dans le jeu, on a été malmenés par moments, mais si vous regardez bien le match et vous regardez le nombre de situations chaudes d’un côté comme de l’autre, il n’y a pas photo sur le match. »

 

« Ce n’est pas pour autant qu’on doit s’endormir et qu’on doit se satisfaire d’avoir gagné aux points parce que justement, des points, on n’en a pas. Il faut qu’on soit tous conscients de ça. Mais ce n’est encore pas le moment pour moi de tirer sur la sonnette d’alarme de toutes nos forces », a ajouté l’entraîneur de l’Impact.

 

Ceci dit, la jeunesse du championnat n’empêche pas de déceler certaines tendances qui se dessinent déjà dans le jeu du onze montréalais. En voici quelques-unes.

 

DES AMORCES LABORIEUSES

 

Il y a une semaine à Vancouver, l’Impact a passé la majeure partie de la période initiale en observation, réagissant souvent sur le tard aux initiatives d’une équipe hôtesse beaucoup plus entreprenante.

 

Samedi, à Columbus, l’amorce a été plus encourageante. Le cours du match aurait pu être positivement affecté si le tir de Jeisson Vargas avait visité la lucarne plutôt que d’aller rebondir sur la barre transversale, mais c’est plutôt le Crew qui a écrit le premier chapitre du match avec deux buts dans le premier quart d’heure de jeu. Sonné, l’Impact n’a pas été en mesure de réagir avant son entrée au vestiaire.

 

 L’Impact n’a toujours pas cadré un seul tir en première demie.

 

« Je pense qu’il y a un problème de confiance, de confiance en nous pour pouvoir évoluer un peu plus haut sur la première mi-temps, propose Garde. Il ne faut pas non plus oublier qu’on était à l’extérieur. C’est toujours plus difficile. On aura l’opportunité [de jouer à domicile] samedi et je pense qu’on sera dans des conditions psychologiques différentes. »

 

CONCENTRATION DÉFAILLANTE

 

C’est un problème qui ne date pas d’hier chez l’Impact. Dans chacun des deux premiers matchs de l’ère Garde, le Bleu-blanc-noir s’est montré fragile lorsque placé en déficit.

Crew 3 - Impact 2

 

Quand Kei Kamara, ce vieux bourreau, a sorti son instrument de torture préféré pour entailler l’armure montréalaise à la 63e minute, les visiteurs ont été ébranlés. Plutôt que de relever le bouclier et de charger de nouveau vers l’avant, l’Impact s’est laissé gagner par la fébrilité, plus préoccupé par ce qui risquait de suivre que par la façon dont il pouvait répliquer. Sept minutes plus tard, Alphonso Davies enfonçait le but qui allait s’avérer décisif.

 

À Columbus, l’Impact a été profondément engourdi par le but sur penalty de Frederico Higuain. C’est à peine s’il a touché au ballon dans les trois minutes qui l’ont séparé du deuxième but du match, celui de Gyasi Zardes.

 

« J’en avais déjà parlé aux joueurs, dit Garde, qui s’avoue préoccupé par cette mauvaise habitude. Quand il y a un but dans un match, que ce soit l’équipe qui l’a concédé ou l’équipe qui l’a marqué, on est toujours psychologiquement dans un autre état de celui qui précède le but. C’est un axe de travail. D’ailleurs, il y a des jeux qui permettent de travailler ça, on l’a déjà fait. Mais oui, c’est inquiétant. »

 

Garde s’encourage par la réponse qu’ont ultimement été en mesure de fournir ses hommes dans chacun des cas étudiés. L’Impact, il est vrai, a pu causer une certaine frayeur dans le camp ennemi avec des fins de matchs féroces, se permettant même de revenir au score à Columbus.

 

« Mais évidemment, ce n’est pas dans ce sens-là que j’aimerais aborder le problème », dit Garde.

 

UN ENTRACTE REVIGORANT

 

Que se passe-t-il dans le vestiaire de l’Impact à la mi-temps?

Capitaine Nacho redonne de la vie!

 

Autant les joueurs montréalais ont eu de la difficulté à mettre la machine en marche depuis le début de la saison, autant ils sont sortis de l’entracte avec des intentions et une volonté qui ont semblé prendre de court leurs adversaires.

 

Avant que le ciel ne lui tombe sur la tête à Vancouver, l’Impact s’était offert de bonnes chances d’ouvrir le pointage. La relation entre Saphir Taïder et Ignacio Piatti a produit ses premières étincelles et dans une séquence de dix minutes, l’équipe a tiré trois de ses quatre corners de la soirée.

 

Une semaine plus tard, l’Impact n’a pas cédé l’ascendant avant la séquence qui a mené au penalty fatal tiré par Zardes. Les Montréalais ont obtenu 13 de leurs 16 tirs en deuxième demie, période au cours de laquelle ils sont parvenus à combler un déficit de deux buts.

 

« Je pense qu’il y a plusieurs explications, propose Garde. Le positionnement sur le terrain, en deuxième période, est souvent un peu meilleur. On arrive à corriger des choses. Athlétiquement aussi, je pense que l’équipe est très en jambe. Je vois des joueurs qui sont capables de faire la différence sur la deuxième période et je sais que dans cette ligue, il y a beaucoup plus d’espace en deuxième période, entre les lignes des équipes. Donc il faut savoir prendre ces opportunités et avoir les moyens athlétiques de le faire. »

 

DES CHANGEMENTS AU COMPTE-GOUTTES

 

Si ses prédécesseurs avaient surtout été critiqués pour leur prévisibilité en la matière, c’est plutôt pour sa gestion parcimonieuse de ses substitutions que Garde, déjà, fait jaser.

« Bonjour Montréal! » - Raheem Edwards

 

Dans le premier match de la saison, Garde n’a utilisé que deux de ses trois changements. Il a inséré Jeisson Vargas à la place de Raheem Edwards sur l’aile droite à la 70e minute, puis a envoyé le milieu de terrain David Choinière pour le défenseur central Jukka Raitala à la 78e minute.

 

Dans la défaite en Ohio, Garde a été encore plus conservateur. Après avoir rappelé Vargas au profit d’Edwards à la 66e minute, il a fait l’impasse sur les deux autres transactions qui lui étaient permises.

 

Après s’être permis de souligner qu’à Columbus, le réserviste qu’il a convoqué a permis à l’équipe de créer l’égalité, Garde a dit comprendre les débats entourant ses décisions.

 

« Je me suis posé la question après. Vous savez, l’autocritique n’est pas valable que pour les joueurs. Bien évidemment que j’aurais pu [faire un changement] à la 92e minute, pour casser le rythme. Je m’interroge aussi, très sincèrement. Est-ce que ça aurait changé quelque chose? Est-ce que j’aurais sorti le bon joueur? Est-ce que l’arbitre n’aurait pas ajouté une minute? On peut débattre. Après, faire rentrer un joueur pour trente secondes, par respect, je n’aime pas. Il y a des choses comme ça, dans ma tête, qui interviennent, même si je sais qu’on peut expliquer notre raisonnement au joueur par la suite. Peut-être que moi aussi je dois progresser là-dessus. »