MONTRÉAL – « Parce que très clairement, ce n’est pas clair. »

 

Vous aurez peut-être compris que Rémi Garde, l’entraîneur de l’Impact de Montréal, fait ici allusion au travail des arbitres. Après avoir écopé de trois cartons rouges depuis quatre matchs, l’organisation montréalaise se pose plusieurs questions à ce sujet.

 

En tant que nouvel entraîneur dans la MLS, Garde est sans doute le premier à se gratter la tête ou à lâcher des jurons face à certaines décisions. Le pilote de l’Impact a d’ailleurs procédé à une révision plutôt précise des situations contestables.

 

« Dans le match contre les Red Bulls, je vous invite à regarder les situations de penaltys qui n’ont pas été accordés aux 84e et 86e minutes sur Daniel Lovitz. Je ne vois pas où est la différence entre l’action subie par Lovitz. C’est la même chose qui a valu un rouge à (Victor) Cabrera (contre Los Angeles). Je ne vois pas clairement la différence entre le rouge de Cabrera et le jaune du gardien de Los Angeles la semaine d’après. J’avoue que c’est un peu difficile à encaisser », a relevé Garde.

 

Au terme de cette défaite frustrante contre la troupe de Laurent Ciman, le gardien Evan Bush a surtout déploré le comportement des arbitres qui refusent toute forme de dialogue sans fournir d’explications.

 

« En fait, on demande des explications, mais ils ont pris une décision et ils ne vont pas dire qu’ils se sont trompés. Moi, je ne l’ai jamais entendu. C’est un peu un dialogue de sourds. Les décisions sont prises et il y a maintenant la vidéo. Le rouge sur Victor est sorti très vite, je me demande si on a d’abord vérifié à la vidéo que ça méritait un penalty et ensuite, que ça devait mener à un rouge. Je ne suis pas certain que tout ça soit bien huilé », a réagi Garde qui partage la vision de Bush. 

 

« J’ai prévu une rencontre avec Howard Webb (le responsable des officiels de la MLS) que j’avais croisé au combine. Je crois que c’est nécessaire pour savoir comment les choses fonctionnent. Parce que très clairement, ce n’est pas clair », a commenté Garde en pesant bien ses mots.

 

Cependant, Garde a osé aller un peu loin dans une réponse en anglais à un confrère qui lui demandait d’identifier les choses à faire pour éviter ces situations qui poussent à un carton rouge.

 

 « On doit éviter d’accorder autant d’occasions délicates. J’ai remarqué qu’on a concédé cinq penaltys en sept matchs, c’est beaucoup. OK, j’apprends la façon dont on arbitre ici. Mais encore, j’aimerais avoir la même façon d’arbitrer que tout le monde », a lancé Garde en laissant croire que ce n’est pas le cas.  

 

« Moi aussi, je suis très frustré. Depuis le début de la saison, tout ce qui est litigieux, part en notre défaveur. Je trouve que c’est particulièrement frustrant », avait dit Garde quelques secondes plus tôt sur cet enjeu qui a plombé les ailes de l’Impact récemment.

 

Pas de suivi durant la saison avec les arbitres

 

Du côté des joueurs, personne n’a voulu faire l’autruche. Les effondrements défensifs depuis trois matchs – un total de 12 buts concédés – ne peuvent pas être attribués aux cartons rouges.

 

« Ça fait partie du jeu, ça doit nous galvaniser en deuxième mi-temps, on doit faire encore plus d’efforts », a déclaré le défenseur Rudy Camacho, qui est bien conscient que son rendement individuel n’a pas été à la hauteur.

 

Il s’agira tout de même d’une priorité d’éviter qu’une telle gaffe se reproduise puisque l’Impact doit trouver son erre d’aller.

 

« On a besoin de quelques matchs de suite avec 11 gars sur le terrain pour accumuler des minutes tout le monde ensemble et être contents de notre rendement pour que ça nous pousse vers l’avant », a proposé Daniel Lovitz, qui ne manque jamais de pertinence.

 

Le défenseur latéral gauche a tout de même admis que le travail des officiels le laisse perplexe.  

 

« Tu ne veux pas que le match repose sur les décisions des arbitres. Mais il y a des décisions qui mènent à un rouge dans notre match et une autre action encore pire dans autre rencontre et on laisse jouer. C’est la partie frustrante, sauf qu’on ne peut pas contrôler ça. »

 

Lovitz s’est fait demander si l’association des joueurs de la MLS avait développé un protocole avec les arbitres pour élucider les zones grises qui provoquent des mécontentements.  

 

« Non, pas de ce que je sache. Le club est mécontent de certaines décisions et c’est notre droit. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le jugement a été inconstant. Mais les joueurs, on ne s’implique pas trop là-dedans. C’est plus à l’organisation de s’en mêler et les gens font un bon travail. En espérant que progresse dans la bonne direction », a commenté Lovitz.

 

En fait, ce travail de clarification se produit surtout vers le camp d’entraînement alors que les joueurs sont conviés à des séances d’informations. Mais cet effort ne se poursuit pas pendant la saison, ce qui peut faire grimper l’insatisfaction au fil des semaines et des mois.

 

Profiter de cette mission de taille

  

Évidemment, le onze montréalais ne pourra pas se permettre de perdre un autre joueur, samedi, face à Atlanta, une autre formation redoutable qui affiche un dossier de 5-1-1. 

 

L’Impact préfère aborder ce défi colossal comme une occasion idéale pour se concentrer sur le plus important et causer une surprise. En quelque sorte, ce duel contre Atlanta pourrait être opportun aux dires de Lovitz.

 

« Avec notre début de saison, je ne crois pas que plusieurs personnes s’attendent à un bon résultat de notre part là-bas. C’est une superbe occasion pour nous, c’est bon pour enlever de la pression et jouer tout simplement de manière libre et en confiance. C’est un bon endroit pour montrer qu’on peut avoir de bons résultats dans des endroits exigeants. Je suis excité par ce défi », a exposé Lovitz.

 

Arrivé à Montréal avec un tempérament plutôt bouillant en 2017, Lovitz semble s’être quelque peu assagi.  

 

« Il ne faut pas trop investir de temps à se casser la tête à propos des cartons rouges. C’est à nous de mieux de se comporter sur le terrain. Je crois qu’on peut faire du meilleur travail dans ce sens. Les joueurs doivent assumer cette responsabilité », a-t-il noté.

 

La saison dernière, l’Impact avait encaissé un revers de 2-0 à sa première visite dans l’intimidant Mercedes-Benz Stadium d’Atlanta.