MONTRÉAL – Ignacio Piatti a été le premier à le rejoindre au point de penalty. Les deux compagnons se sont étreints pendant de longues secondes, puis Alejandro Silva s’est permis d’étirer la célébration d’une manière qui en disait long.

Des pieds à la tête, l’Uruguayen a fait mine de se débarrasser d’une accumulation de saleté qui couvrait l’ensemble de son corps. Il s’est relevé, a salué la foule et a souri. Une tonne de pression venait d’être délestée sur le gazon du Stade Saputo.

Silva a franchi le cap des 1000 minutes dans l’uniforme de l’Impact samedi. Ce premier but en MLS, qui a permis à l’équipe de confirmer une importante victoire contre le Sporting de Kansas City, était attendu bien avant.

La tenue du milieu de terrain a été l’une des plus vives déceptions de la première moitié de saison de l’Impact. Présenté comme un joueur capable de faire la différence lors de son transfert du championnat argentin, l’athlète a mis du temps à trouver ses marques sur les terrains nord-américains. Vanté pour sa polyvalence, il a longtemps donné l’impression d’être sans réponse à chacune des positions où il était inséré. La lenteur de son adaptation a été la goutte qui a fait déborder le vase de plusieurs observateurs, qui ont remis en question la qualité du recrutement de l’Impact en Amérique latine.

Mais Silva montrait des signes d’une éclosion imminente depuis quelques matchs et samedi, la générosité de Piatti, qui a l’habitude de tirer les tirs de pénalité accordés à l’Impact, lui a finalement permis d’ouvrir son compte montréalais.

« Il m’a demandé si je voulais lui laisser. Pour moi, il n’y a pas de problème », a raconté Piatti, qui avait déjà marqué son neuvième but de la saison quand l’arbitre Ted Unkel a sifflé une faute sur Daniel Lovitz dans la surface.

« Je lui ai dit de faire un but, il a réussi. On était contents. »

Silva s’est exécuté avec le calme d’un Soulier d’Or. À petits pas, il s’est avancé vers Tim Melia avec une telle patience que le vétéran gardien a été forcé de se commettre en premier. Il a plongé à droite, Silva a tiré à gauche. Aussi simple que ça.

« J’ai vu Silva faire ce geste un paquet de fois à l’entraînement et chaque fois, je me dis qu’il n’y a aucune chance qu’il ose le faire dans un match, rigolait le gardien Evan Bush. Quand je l’ai vu s’avancer, je me suis dit "Oh, mon Dieu!" Mais c’est bien de l’avoir vu marquer son premier but. »

« Alejandro a fait un très grand match aujourd’hui, a complimenté l’entraîneur-chef Rémi Garde. On a vu qu’il pouvait élever son niveau de jeu comparé à ce qu’il avait montré au début. Mais pour tous les joueurs, je le dis souvent, ce n’est pas évident de tout de suite s’adapter à la ligue, la langue, à un nouveau pays, tout ça en sortant d’un championnat. Je suis content pour lui parce que lui aussi, c’est quelqu’un qui ne ménage pas les efforts à l’entraînement. »

Et il n’y a pas que son éclosion offensive qui a valu des éloges à Silva. Sans même qu’il soit questionné sur le sujet, Bush a mentionné les progrès défensifs réalisés par le milieu de terrain au cours des derniers mois.

« Il est l’un de ceux qui a vraiment tourné le coin défensivement. C’est une grosse carte qu’il a ajoutée à son jeu et ça nous aide énormément parce qu’il enlève beaucoup de pression à Sam [Piette] à la position de numéro 6 ou encore aux défenseurs centraux. »

« Il a su adapter son jeu, a confirmé Garde. On en a beaucoup discuté, on a fait de la vidéo et il a modifié des choses dans son jeu qui sont très importantes pour nous et très embêtantes pour les adversaires. »

Réorganisation efficace en l’absence de Piette

Ken Krolicki en est un autre qui a obtenu une bonne note dans le cahier du coach samedi soir.

L'Impact relève le défi

Lorsque Piette est tombé au combat avant la fin de la première demie, Garde a pris la décision de descendre Krolicki à la position généralement occupée par le Québécois devant la défense et d’insérer Shamit Shome plus haut aux côtés de Saphir Taïder.

« C’est vrai que ça nous a mis dans une position qu’on ne connaissait pas parce que Sam est indéboulonnable depuis le début de saison. Mais malgré tout, la réorganisation s’est bien passée, a commenté Garde. Ken est un joueur très intelligent qui comprend vite les choses et surtout qui aime se mettre au service de l’équipe. Comme Sam, en fait. J’ai l’impression de parler du même jouer, mais il a très bien fait le job. »

Garde a admis avoir ciblé Shome comme remplaçant par nécessité. Le jeune joueur de deuxième année était le seul à sa disposition qui lui permettait de conserver le schéma tactique qu’il croyait adéquat pour contrer les efforts des visiteurs. Il s’agissait de loin de la plus importante mission qu’il se voyait confier depuis son passage chez les pros – ses deux apparitions précédentes n’avaient pas excédé huit minutes – et sa réponse a satisfait son entraîneur.

« Il a fait une bonne rentrée, a analysé Garde. Je sais qu’il a fait un bon tournoi de Toulon [NDLR : avec l’équipe U21 canadienne] et quand on est jeune et qu’on fait des matchs comme ça, ça donne de la confiance. Je n’ai pas vraiment hésité et je n’ai pas eu peur parce que Shamit est un garçon qui travaille très bien. »

Garde ne s’attendait pas à ce que la blessure à la hanche subie par Piette soit assez grave pour le tenir à l’écart pour une longue période, mais si ça devait être le cas, Krolicki s’est porté volontaire pour prendre sa relève devant la charnière centrale.

« C’est difficile de remplacer un gars comme ça, c’est un morceau important de notre équipe, mais si le coach a besoin de moi à cette position, je serais totalement à l’aise de m’y insérer », a dit Krolicki.