Avec les départs de Richard Legendre et Adam Braz, ainsi que l’arrivée de Patrick Leduc, un vent de renouveau soufflait déjà sur le bleu-blanc-noir à la fin 2018.

Joey Saputo avait toutefois gardé le plus gros changement pour la nouvelle année puisqu’il a annoncé mardi qu’il cède la présidence de l’Impact et du Stade Saputo à Kevin Gilmore.

Seul au sommet

En décembre 2017, Saputo a créé un précédent en embauchant personnellement Rémi Garde et en lui demandant de se rapporter directement à lui. Les pare-feux du passé avaient disparu et le président semblait de plus en plus isolé au sommet.

Avec sa garde rapprochée graduellement dissoute depuis le congédiement de Mauro Biello, il semblait frustré par un sentiment d’impuissance face au plafonnement de son organisation. Au fil du temps, la passion semblait avoir laissé place à l’amertume.

C’est peut-être ce qui explique la sérénité (ou le soulagement) démontrée par le propriétaire au moment de céder son « bébé » à un nouveau venu.

Rupture de ton

Si Gilmore aura besoin de temps pour prouver sa valeur, il n’a eu besoin que de quelques minutes pour rompre avec le ton des dernières années.

Du manque de « buzz » chez les supporters aux taxes municipales trop élevées, en passant par une couverture médiatique insatisfaisante et l’omniprésence du CH, l’Impact a pris l’habitude de se positionner en victime.

Le nouveau président a choisi de se distancer de ce statut de persécuté. Il souhaite plutôt privilégier un discours et une attitude digne d’un club de gros marché, prêt à prendre ses responsabilités. Est-ce que l’ère du blâme est terminée? Celle de l’introspection est-elle arrivée ?

Si tel était le cas, on pourra remercier Gilmore pour un profond changement de culture au Stade Saputo.

Déménagement

Si on m’avait posé la question, je me serais attendu à voir l’Impact déménager dans un autre marché avant de voir Joey Saputo quitter le stade. C’est pourtant ce qu’il a choisi de faire, afin de laisser toute la liberté d’opérer au président.

Puisque l’ingérence a été un thème récurrent au fil des ans, je comprends certains supporters de se méfier de l’annonce de mardi. La poudre aux yeux, ils ont déjà connu. Voilà pourquoi je crois que le déménagement de son bureau est le message le plus fort envoyé par Saputo.

Est-ce possible de tirer les ficelles d’une organisation à distance ? Tout à fait. Kevin Gilmore a-t-il le profil d’un président qui accepterait de travailler dans pareilles conditions? J’en doute.

Mieux qu’un joueur désigné

Si on vous avait donné le choix, auriez-vous privilégié l’embauche de mardi ou l’arrivée d’un nouveau joueur désigné ? Bien qu’elle ne fasse rien pour améliorer l’équipe à court terme, je prends l’arrivée de Gilmore avant n’importe quel joueur désigné.

Pour obtenir des résultats différents, sur le terrain comme dans les bureaux, l’Impact devait changer sa façon de gérer. Lorsque le prochain Didier Drogba atterrira  à l’aéroport Trudeau, le bleu-blanc-noir doit être mieux structuré pour en tirer plein profit sans que la relation tourne au vinaigre.

En trouvant un opérateur qui lui permet de se concentrer sur ses qualités d’investisseur, Saputo a donné priorité à la croissance du club plutôt qu’à son influence sur le quotidien de ce dernier.

Une décision empreinte d’humilité qui doit être saluée.

Chronique du 17 mai 2018 : le temps de dénicher un président désigné?