MONTRÉAL – Le sourire, les cris de joie, la main qui rejoint à répétition le logo de l’équipe collé à sa poitrine. Celui-là est allé droit au cœur. Patrice Bernier a célébré son premier but en plus de deux ans comme un retour à la vie, expulsant du même coup de son système des mois de frustration accumulée.

« C’est juste des émotions. Tout ressort! C’est chez moi ici et marquer un but comme ça dans un match comme celui-là, tu ne peux pas demander mieux. Ça vaut plus que de l’or », tentait d’expliquer le Québécois, auteur du but vainqueur dans une victoire de 3-0 qui a propulsé les siens en demi-finale de l’Association Est, jeudi soir au Stade Saputo.

Il y avait un bail que Bernier avait secoué les cordages. Plus de deux ans, pour être précis. Le 8 septembre 2013, il avait marqué deux fois dans une victoire de 4-2 en Nouvelle-Angleterre. Il aura attendu 51 matchs, sans compter ceux qu’il a passés dans le purgatoire de Frank Klopas, avant de retrouver ces sensations d’euphorie.

« Quand Nacho a le ballon, tu ne sais pas ce qui va arriver. Il crée tellement d’espace pour lui-même et pour les autres. Il m’a fait la passe et il fallait que je la mette dans le fond, parce qu’on ne sait jamais combien on aura d’occasions et pour moi qui n’est pas souvent devant le but... Je suis content d’avoir pu donner un élan à l’équipe qui avait bien commencé le match. »

Bernier aurait pris son but à n’importe quelle sauce, mais il ne s’est pas gêné pour dire que d’enfoncer le premier clou dans le cercueil du Toronto FC donnait une saveur particulière à son coup d’éclat.

« Ça va loin, ça va jusqu’à la jeunesse. Chaque fois que j’ai joué contre eux, que ce soit en club ou même quand on va à la sélection... Moi quand je joue contre Toronto, il y a quelque chose de plus qui sort. »

« Parmi tous mes moments avec l’Impact, c’est un de mes tops, ça c’est sûr », a consacré le numéro 8.

De son poste à l’autre extrémité du terrain, Evan Bush a été un témoin satisfait de l’exubérance démontrée par son vieux coéquipier. En quatre ans de vie commune au sein du Bleu-Blanc-Noir, jamais n’avait-il vu autant d’intensité dans le regard du capitaine.

« J’ai adoré le voir être aussi démonstratif. Pour un gars de son âge qui revient à la maison, de vivre un tel moment contre notre plus grand rival, c’est incroyable. C’était une belle célébration. »

« Il a joué comme un petit jeune de 15 ans aujourd’hui, s’est exclamé Nigel Reo-Coker. Il a été formidable et je ne pourrais être plus heureux pour lui. »

« On a vu un grand Bernier, a complimenté l’entraîneur Mauro Biello. Il avait beaucoup d’énergie, tactiquement il était bien. Il a compté un but et a fait une passe exceptionnelle. »

La bonne stratégie

Bernier faisait partie d’un onze partant que Biello avait concocté dans le but avoué – et atteint – de remporter la bataille du milieu de terrain.

« Pour moi, leur force était là, avait identifié Biello. C’était [Michael] Bradley et [Benoît] Cheyrou. En première demie dimanche dernier, ils avaient tellement de temps et d’espace et ils nous ont mis sous pression. Quand j’ai vu qu’ils commençaient de la même façon, je me suis dit qu’on aurait cette possibilité de les maîtriser. »

Une performance irréprochable

Biello a élaboré un schéma tactique qui impliquait notamment le déplacement de Piatti sur le côté gauche et un apport offensif accru de Bernier dans l’axe.

« J’ai commencé à y penser après avoir revu le match de dimanche, a confié Biello. Je pensais qu’on avait besoin de neutraliser le milieu de terrain et d’être meilleur en possession. J’ai parlé à Patrice il y a deux jours, je lui ai dit à quoi je pensais. Je voulais aussi parler à Nacho avant pour voir s’il était confortable avec l’idée. Par la suite, on a décidé que c’était la meilleure approche possible pour neutraliser Bradley et Cheyrou et ça a marché. On a été capable de leur causer des problèmes dès le début du match. »

Piatti a été la bougie d’allumage de son équipe. Dès les premières minutes du match, il a démontré tous les signes d’un joueur prêt à exploser, s’offrant des occasions de marquer à répétition en donnant régulièrement la leçon au défenseur qui osait venir le provoquer en duel.

L’Argentin a terminé la rencontre avec huit tirs en direction du filet adverse, son plus haut total depuis qu’il s’est joint à l’Impact.

Impact 3 - Toronto FC 0

« Dimanche dernier, on avait réalisé qu’on avait été capable d’exploiter les couloirs, surtout en deuxième demie. Dès qu’on amenait le ballon sur les flancs et que nos ailiers étaient isolés à un contre un, on faisait du dommage. Je voulais essayer de reproduire ça ce soir », a expliqué Biello.

Bernier, qui a aussi terminé le match avec une passe décisive, n’a jamais caché que c’était le rôle qu’il préférait se voir confier.

« Ça crée des brèches et ça nous permet d’être imprévisibles. Avec les deux autres, on dirait qu’à chaque fois qu’on joue ensemble, il y a une chimie de plus qui se crée. »

L'Impact rejoint le Crew