MONTRÉAL – Sur quoi d’autre que la pensée magique Wilmer Cabrera s’appuie-t-il afin de préparer son équipe pour la finale du Championnat canadien? La conférence de presse donnée par l’entraîneur-chef de l’Impact à deux jours du lancement des hostilités n’a pas permis de l’apprendre.  

Bien sûr, Cabrera ne peut se présenter devant la presse avec un discours au diapason de l’opinion publique. Les récentes défaites face à D.C. United et Cincinnati ont semblé achever ce qu’il restait d’espoir dans une ville qui n’a pas vu les séries depuis bientôt trois ans. À l’extérieur de son vestiaire, ils sont bien peu nombreux à donner la moindre chance à son équipe de battre Toronto sur une série de deux matchs au total des buts.

Mais les clichés que l’entraîneur enfile depuis deux jours ne convaincront personne quant à sa capacité à rallier ses troupes autour de cette cause commune que devrait être la conquête de la Coupe des Voyageurs.   

« Il n’y a pas de négligé dans une finale, a dit Cabrera lundi. On ne se qualifie pas pour une finale par hasard. Les joueurs se sont rendus jusqu’à cette finale, donc ils ont une chance. »

L’entraîneur omettra de préciser que l’Impact s’est qualifié pour cette finale en battant de peine et de misère deux équipes de la Canadian Premier League, un circuit de calibre inférieur à celui de la MLS. À lui seul, le plus haut salarié du Toronto FC touche un salaire s’apparentant à la masse salariale combinée des sept clubs de la CPL. Un autre monde, complètement.

« Les probabilités pour le Championnat canadien sont présentement à 50-50, estime le stratège colombien. 50 % pour nous et 50 % pour Toronto. On verra à la fin des 180 minutes de jeu, mais c’est la réalité. »

On veut bien. Mais Toronto n’a pas perdu depuis le 3 août. Il a raflé 13 points sur une possibilité de 21 en MLS en plus de balayer de façon convaincante le Fury d’Ottawa en demi-finale du Championnat canadien. Au cours de la même période, l’Impact n’a mis en banque que 4 des 18 points à sa portée, une séquence brutale qui a mis en lumière le malaise profond qui tourmente cette équipe. Est-ce que ça, ça ne vient pas fausser le calcul?

Quatre jours peuvent-ils suffire à balayer tout le négativisme inhérent à ce dérapage? Existe-t-il un interrupteur qui puisse permettre à cette équipe de retrouver sa forme des beaux jours dans un si court délai? Contre une équipe qui s’est déjà moquée deux fois de l’Impact cette saison, où sont les indices laissant envisager un soudain revirement de situation?

« Notre état d’esprit est bon, insiste Cabrera. On ne peut pas penser au passé, il faut regarder vers l’avant. On doit s’assurer que notre tête est à la bonne place et que notre motivation est au maximum. Et c’est le cas. Je sais que les joueurs sont motivés. »

Cette affirmation s’applique en tout cas à Samuel Piette, qui se disait enthousiaste lundi à l’idée de prendre part à une première finale dans l’uniforme de l’Impact.

« Si on est capable d’aller chercher un résultat mercredi et de faire la même chose à Toronto, ça sera un point positif à la saison, évidemment. Je peux vous assurer que personne dans le vestiaire n’a lancé la serviette, que ce soit pour le Championnat canadien ou la saison MLS. On s’est compliqué la tâche samedi, mais mathématiquement ce n’est pas terminé », a réitéré le jeune milieu de terrain.

On pourrait aussi reprocher à Piette de pelleter des nuages, mais son approche a au moins le mérite d’être un peu plus pragmatique que celle de son entraîneur. Notant que l’Impact connaît historiquement plus de succès lorsqu’il orchestre sa stratégie offensive autour de la contre-attaque, le numéro 6 peut imaginer les siens jouer de patience et capitaliser sur les erreurs torontoises en possession.

« On dirait que c’est comme ça depuis que je suis à Montréal; chaque fois qu’on joue contre une équipe qui est dans un meilleur moment ou qui est favorite, c’est là que le caractère embarque et qu’on réagit. Contre Toronto, on sait qu’on va avoir nos chances. Je ne dis pas qu’on va avoir 80 % de la possession comme les deux derniers matchs, mais peut-être que c’est une bonne chose pour nous. Je pense que si on s’appuie sur nos qualités, qu’on connaît et qui sont évidentes, je pense qu’on peut faire de bonnes choses mercredi. »