MONTRÉAL – À 36 ans et avec un contrat de quatre mois en poche, Rod Fanni arrive à Montréal sous les apparences d’une solution d’urgence à laquelle on aimerait rapidement trouver une meilleure alternative.

Mais il n’en est rien, assure Rémi Garde. Tout en admettant que l’acquisition du défenseur français était « très court terme », l’entraîneur-chef de l’Impact a tenu à préciser que le vétéran était sur son radar avant même que sa ligne défensive ne soit amputée de Zakaria Diallo et que son association avec le club pourrait se prolonger au-delà de l’été.

« C’est une recrue que j’avais souhaitée avant la blessure à Zakaria, a dit Garde mardi. Même avant cette blessure, nous étions sur le fil du rasoir avec deux seuls défenseurs centraux. Évidemment, son arrivée est encore plus à point. »

Décrit par son nouvel entraîneur comme « un joueur qu’on ne présente plus », Fanni débarque effectivement en MLS avec une longue feuille de route. Il a passé 15 saisons en Ligue 1, la première division française, passant la majeure partie de sa carrière avec l’Olympique de Marseille. Dans ses belles années, il a joué douze matchs de Ligue des champions et cinq matchs avec l’équipe nationale de France.

« C’est un joueur qui a beaucoup d’expérience et qui sera capable d’apporter justement cette expérience, cette sérénité, entrevoit Garde. C’est un garçon très calme, très déterminé et qui a beaucoup de qualités. Je ne le connaissais pas personnellement, mais le monde du football est petit comme vous le savez. J’ai pris beaucoup de renseignements et aujourd’hui je suis très heureux de pouvoir compter sur lui. »

Fanni, qui a d’abord été intéressé par la MLS avec les passages remarqués de Thierry Henry et Didier Drogba, dit avoir discuté avec ses compatriotes Benoît Cheyrou, un ancien du Toronto FC, et Romain Alessandrini, qui évolue au Galaxy de Los Angeles, pour se faire une idée plus précise du championnat. Mais c’est ultimement la présence de Garde qui l’a convaincu de tenter l’expérience à son tour.

« Si je suis là, c’est beaucoup par rapport à M. Garde, a-t-il précisé. On a évolué dans un championnat commun, on se connaît pas mal. Ce qui m’a amené, c’est ce projet de faire évoluer les choses à l’Impact. J’espère donner le meilleur de moi-même pour y parvenir. »

Intégration prudente

Insatisfait de son utilisation, Fanni a passé la dernière année en conflit avec Marseille, qui a finalement accepté de le libérer le mois dernier. Ce n’est que par la suite qu’un contact a été établi avec l’Impact. Concrètement, il n’a pas joué dans un contexte compétitif depuis le mois de mai 2017.

Une première rencontre avec Rod Fanni

« Je pense que son fitness est excellent, a toutefois vite rassuré Garde. J’ai pris des renseignements de ce côté-là. Je crois même qu’il pourrait être un exemple à l’intérieur de mon groupe, donc je n’ai pas de doute. [...] Après, on l’a vu avec Zakaria, on ne sait jamais ce qui peut se passer, mais en tout cas je sais que j’ai recruté un joueur qui sera prêt assez rapidement malgré son âge. »

Malgré tout, s’il ne veut pas être forcé de relancer le processus de recherche au cours des prochaines semaines, il faut s’attendre à ce que l’Impact adopte une approche prudente avec son nouveau venu. Lui-même, d’ailleurs, semblait vouloir privilégier une approche prudente avant son premier entraînement avec sa nouvelle équipe.

« Je ne veux pas donner de chiffres parce qu’on ne sait pas trop ce qui en est. Avec Robert [Duverne, le préparateur physique], que je connais aussi très bien depuis la sélection, on a tous à cœur de bien faire les choses, de ne rien précipiter. L’important, c’est d’arriver à point plutôt que de partir et faire des bêtises. Donc on va prendre le temps qu’il faut. »

« Puisque notre prochain match est samedi, on a une petite semaine pour évaluer tout ça, s’est contenté de dire Garde. Je ne veux surtout pas prendre de risque, le mettre dans une situation difficile non plus. »

Garde a eu de bons mots pour Jukka Raitala, un défenseur latéral de formation qui a été appelé à colmater la brèche dans la charnière centrale lors du premier match de la saison régulière dimanche à Vancouver. Il ne faudrait pas s’étonner de voir le Finlandais rester aux côtés de Victor Cabrera lors du déplacement du week-end prochain à Columbus.

« Je prendrai la meilleure décision, mais je sais que Rod arrive physiquement pas très loin de son meilleur niveau », a conclu Garde.

Pas de promesses, mais de l’espoir

Techniquement, le contrat de Fanni l’engage seulement à l’Impact jusqu’au mois de juin. Une option pour le reste de la saison, à la discrétion du club, y est assortie. Pour la sécurité d’emploi, on repassera.

Selon les explications fournies par Garde, on comprend que la direction du club était hésitante à s’engager avec un athlète vieillissant qui ne cadrait pas nécessairement dans sa vision à long terme.

« Rod est un joueur avec beaucoup d'expérience »

« On est tombés d’accord là-dessus assez vite, a relaté le coach. Parce qu’il y a quand même toujours des questions, à l’extérieur, par rapport à l’âge et moi, je ne voulais pas engager le club dans quelque chose qui pourrait ne pas être bien perçu pour l’avenir.  En gentleman qu’il est, Rod a accepté. Plutôt que de rester quatre mois à s’entraîner tout seul, il a vu que le challenge ici était intéressant, que le projet avec moi pouvait lui plaire. J’espère qu’on continuera plus loin, mais comme ça, tout le monde se sent libre et malgré tout, je sais qu’il sera à fond. »

« Ça a été défini comme ça, mais on verra pour la suite, a calmement défendu Fanni. J’espère terminer la saison, c’est le but. Mais je préfère parler au jour le jour. »

La plus récente transaction de l’Impact profite aux deux partis impliqués. Pour l’équipe, elle permet de régler dans l’immédiat un problème pressant à une position névralgique. Pour le joueur, elle lui permet de retrouver le terrain et d’y laisser la preuve qu’il mérite une pleine opportunité, à Montréal ou ailleurs.

D’un côté comme de l’autre, on semble prêt à se contenter de ce compromis.

« Bien sûr que les besoins sont criants et importants, reconnaît Garde. Mais est-ce qu’il faut faire des choses dans la précipitation pour le long terme ou plutôt essayer de faire confiance à un groupe qui a très bien travaillé jusqu’ici pour passer à travers un début de saison pas simple et attendre un peu pour avoir des joueurs sur un projet un peu plus long? »

« On essaie tous ensemble d’avancer le mieux possible et le plus vite possible, mais encore une fois avec une vision non pas pour samedi prochain, mais pour le plan de quatre ans dans lequel on est engagé », a conclu le pilote.