MONTRÉAL – L’embauche d’Olivier Renard au poste de directeur sportif de l’Impact vient mettre en lumière l’influence grandissante de Walter Sabatini dans le fonctionnement du club montréalais.

 

Sabatini est cet Italien de 64 ans qui a été embauché en juin dernier à titre de coordonnateur technique de l’Impact et du FC Bologne, les deux propriétés de Joey Saputo. À l’époque, Saputo avait exprimé son désir de doter son empire footballistique d’un « directeur général global » et de voir ses deux organisations s’aligner « comme un miroir ».

 

C’est Sabatini qui a présenté Lassi Lappalainen aux médias bolognais avant que le milieu de terrain finlandais ne soit prêté à l’Impact en juillet dernier. C’est lui qui a préparé le terrain pour que se concrétise le transfert de Bojan Krkic à Montréal. Et c’est aussi lui qui, a-t-on appris mardi, a fait en sorte que le nom de Renard se retrouve dans la banque de candidats de l’Impact lorsque l’équipe s’est mise à la recherche d’un directeur sportif.

 

« Il faut savoir que mes contacts avec Walter remontent à presque cinq ans, a raconté Renard en conférence de presse. On est presque en contact au niveau de tous les mercatos et à chaque fois que je passe en Italie, un pays où j’ai eu la chance de jouer pendant six ans, j’essaie d’aller boire un petit café avec lui. »

 

Renard venait à peine de s’engager avec le club belge d’Anvers à titre de consultant lorsque Sabatini, alors que l’été était à son zénith, lui a pour la première fois mentionné qu’une ouverture intéressante pourrait se présenter à lui en Amérique. D’abord réticent à l’idée de briser son allégeance envers son nouvel employeur, Renard a fini par se laisser convaincre. Sa première rencontre avec Saputo et le président de l’Impact Kevin Gilmore a eu lieu en août, alors que les deux hommes étaient en Europe pour clore le dossier Bojan.

 

« La nature unique de la ville et du marché, le fait qu’on a une équipe affiliée en Italie et le fait qu’on voulait prendre une approche plus globale du point de vue sportif ont imposé certains critères quand on a commencé nos démarches de recherche pour un directeur sportif, a exposé Gilmore mardi. En fin de compte, on cherchait quelqu’un qui parlait français, anglais et italien, qui avait l’expérience de la MLS, qui avait l’expérience internationale et qui avait de l’expérience comme directeur sportif. Donc six critères. Ça a vraiment limité les candidats. »

 

Renard, qu’on dit armé d’un excellent flair pour détecter et faire fleurir le talent, est un néophyte des subtilités de la MLS. Il respecte cinq des six critères établi par son nouveau président. Mais « si on gagne cinq de nos six matchs, de manière générale, c’est une bonne fiche », se défend Gilmore, qui voit se dessiner une « collaboration parfaite » entre son nouveau bras droit et le directeur adjoint du personnel des joueurs de l’Impact, Vassili Cremanzidis.

 

Quant à Walter Sabatini, il faut s’attendre à ce que son empreinte soit de plus en plus palpable sur le visage de l’Impact au moment où le club s’apprête à entrer dans une importante phase de réinitialisation. Insistant pour dire que toutes les décisions finales relatives aux opérations soccer seront prises par Olivier Renard, Kevin Gilmore ajoute que la collaboration « va être encore plus étroite maintenant avec Walter et l’équipe à Bologne. »

 

Renard n’y voit évidemment pas d’objection. Vu ses liens serrés avec son superviseur italien, il s’agit d’un modèle d’affaire dans lequel il se dit enthousiaste d’évoluer... à certaines conditions.

 

« L’identité de ce club n’est pas du tout la même identité que Bologne. C’est vrai qu’on a le même père – le proprio – mais on n’a pas la même mère. C’est plus un demi-frère. Si on a la chance de pouvoir [se rapporter] aux connaissances d’un football européen, d’un championnat réputé comme celui d‘Italie et de profiter de cette situation, on doit le faire. Si on ne le fait pas, on est fou. »

 

« Mais on n’est pas le club satellite de Bologne, insiste Renard. Il faut avoir notre propre identité. La façon dont nous voulons construire cette équipe, avec sa façon de jouer et sa façon de recruter, va être claire. Mais ça va prendre du temps aussi. Généralement quand tu changes un peu ce que tu as envie de faire, ça prend parfois deux mercatos. Avec les règles et le budget, c’est généralement le laps de temps dont j’ai eu besoin dans mes équipes précédentes. »

Le temps est un luxe dont tous n’ont pas bénéficié dans la courte histoire de l’Impact en MLS. Reste à voir si Renard, comme cette nouvelle structure qui l’entoure, se verra accorder la latitude nécessaire pour porter à terme son projet.