MONTRÉAL – Evan Bush a commencé à sourire dès qu’il a vu où la question s’en allait, roulant même les yeux de façon exagérée pour accentuer l’état d’indignation qu’il tentait de simuler devant une allusion à un moment qu’il préférerait oublier.

« On vient de réussir trois blanchissages de suite et vous ne pouvez pas vous empêcher de ramener le match de 7-1 sur le tapis, hein? », s’est faussement offusqué le gardien après la victoire de 1-0 de l’Impact face au Crew de Columbus samedi.

La mise en contexte était toutefois légitime et Bush l’a reconnu avant même que ne s’estompe le fou rire qu’il avait provoqué. L’Impact n’a rien donné à l’adversaire depuis  la raclée qu’il a encaissée à Kansas City le 30 mars dernier, 270 minutes de perfection qui apparaissaient hautement improbables à l’époque.

« Sept buts en quatre matchs, ça ne sonne pas encore très bien, mais c’est vrai qu’on a été bon depuis cette défaite. Et quand on y pense, on n’avait aussi donné que quatre buts dans nos six matchs précédents, alors on joue bien défensivement. »

« Je ne sais pas si ce match a été un catalyseur quelconque, mais pour nous, ça n’a jamais été rien d’autre qu’un minuscule point sur le radar, a poursuivi le gardien. Ce match n’était pas une représentation fidèle de l’équipe qu’on forme et on ne s’en est pas inquiété plus qu’il ne fallait. Les trois derniers matchs nous donnent raison. »

« On savait tous que le match à Kansas City était une anomalie, a renchéri le défenseur Daniel Lovitz. C’était clair que la connexion ne s’était simplement pas faite entre certain joueurs et dans la façon dont on voulait jouer ce soir-là. Pour être honnête, il n’y a pas beaucoup d’équipes qui vont là-bas et qui décident d’appliquer de la pression comme on l’a fait, ça prenait de l’audace. Si ça avait marché, on aurait eu l’air de génies. Peut-être qu’on aurait pu s’ajuster un peu plus vite avant que ça dérape, mais de pouvoir ensuite revenir à notre structure contre deux rivaux de section sur la route, ça a été super. Ce n’était peut-être pas les matchs les plus excitants, mais c’est le résultat qui compte. »

« C’est satisfaisant, a fait écho l’entraîneur Rémi Garde. Il y a trois semaines, on avait fait un très vilain match à tous points de vue, on l’avait dit, on en avait conscience. Depuis, on a remis les choses à l’endroit. Pas toutes, mais au point de pouvoir battre aujourd’hui Columbus dans une semaine où on avait trois matchs. »

Garde n’osera pas dire que tout a été parfait. Le coach aurait préféré voir sa défensive un peu plus hermétique devant un Crew qui a réussi à créer et exploiter les espaces, surtout en première demie. Offensivement, l’esprit plus entreprenant qui était attendu après deux performances plus ternes sur la route ne s’est pas matérialisé.  

« Mais il y a des matchs dans la saison où il faut savoir gagner sur le compte des adversaires qui sont solides et difficiles à manœuvrer », a-t-il retenu au final.

« Ça n’a pas été très joli, mais on se doutait que ça allait ressembler à ça contre cette équipe, a ajouté Bush. Eux aussi ont été solides défensivement cette saison et un match serré était prévisible. Il était probable qu’un seul but fasse la différence et on a fait ce qu’on avait à faire. »

Urruti se fait des amis

Après sept matchs, l’Impact attend toujours le premier but de Maxi Urruti. Les mauvaises langues diront que le nouvel attaquant montréalais fait une imitation un peu trop efficace de Matteo Mancosu, qui a quitté la  ville couvert de plumes et de goudron après une campagne 2018 improductive.

Impact 1 - Crew 0

Bush a devancé les critiques, samedi, prenant l’initiative de souligner la contribution positive d’Urruti dans l’effort offensif du Bleu-blanc-noir. L’Argentin a récolté sa troisième passe décisive de la saison sur le but vainqueur d’Harry Novillo.

« Maxi n’a peut-être pas encore marqué, mais je peux penser à deux buts qui sont directement le fruit de ses efforts, a souligné Bush. Je parlais d’ailleurs à quelqu’un cette semaine, quelqu’un pour qui j’ai beaucoup de respect qui me disait que Maxi nous a habitués à mettre une dizaine de buts par année depuis quelques années, mais qu’en réalité il en provoque une bonne quinzaine simplement avec la pression qu’il impose. Je me souviens de son travail sur un but de Nacho à Orlando et aujourd’hui, regardez ce qu’il a fait pour permettre à Harry d’en mettre un dedans. »

« C’est une chose pour laquelle Maxi Urruti est un spécialiste, son pressing », a pris l’initiative de noter Novillo au moment de répondre à une question sur son but. « Des fois, même nous on n’arrive pas à le suivre tellement il court. Pressing gagnant, le groupe a suivi derrière. Il arrive à contrôler le ballon, se retourner et me la décale parfaitement pour que je puisse enchaîner. Tout le crédit va à Max. »