MONTRÉAL – À l’intérieur des cercles de la MLS, Dom Dwyer est reconnu comme un dangereux franc-tireur, mais aussi comme une peste difficile à supporter. Zakaria Diallo a fait la rencontre de cette bête à deux têtes en fin de semaine et s’il a été capable de contenir la première menace, le côté provocateur de l’attaquant du Orlando City SC a eu raison de sa patience.

 

Diallo a assumé sa part de blâme, mardi, trois jours après avoir écopé d’un carton rouge pour s’en être pris physiquement à Dwyer dans les dernières minutes de la victoire de 3-1 de l’Impact en Floride.

 

« Je regrette mon geste, sincèrement, a-t-il tenu à communiquer. Pour tous les jeunes qui nous regardent... On est regardés de partout, on est scrutés de partout, alors c’est important de ne pas faire ce genre de geste. »

 

Diallo accumulait depuis le début du match une certaine frustration. Ce qu’il juge comme des agressions impunies à l’endroit de Bacary Sagna et Saphir Taïder, notamment, avaient contribué à mettre ses nerfs à fleur de peau. Le couvercle de la marmite a sauté à la toute fin des arrêts de jeu, à la 95e minute, quand une mêlée qui avait éclaté près du but montréalais s’est transportée au point de corner.

 

« Il est venu derrière tout le monde, il a bousculé tout le monde, il n’attendait que ça, a senti Diallo. Et moi quand j’ai vu ça, je suis devenu fou. J’ai été le voir directement, il a mis sa tête sur ma tête et j’ai eu le mauvais réflexe de le pousser. Dix minutes avant, il avait fait pareil et je n’avais rien fait. Mais à ce moment-là, je ne sais pas, j’ai eu le mauvais réflexe. »

 

« On essayait de rester concentrés dans le match, mais on est des êtres humains et moi, j’ai craqué, tout simplement. »

 

L’expérience qui rentre

 

Diallo avait pourtant été averti par les vétérans pour qui les ruses de Dwyer n’ont plus de secret.

 

« À la mi-temps, j’ai eu une discussion avec Sam [Piette] parce que j’étais fâché que personne ne se soit porté à la défense de Bacary après qu’il eut été victime d’une faute, a révélé Evan Bush. Mais j’ai aussi dit à Zak de se méfier parce qu’il avait mis Dwyer dans sa petite poche jusque-là et il devait désormais s’attendre à ce que ce dernier fasse quelque chose pour l’attirer dans le pétrin en deuxième demie. »

 

Le conseil du gardien s’est avéré prémonitoire. C’est parce que cette issue était si prévisible que Piette a réagi avec autant d’exaspération quand Diallo s’est fait prendre avec la main au visage de l’agitateur.

 

« Je crois que c’était mon moment préféré du match de Sam », a noté Bush en riant.

 

« On m’avait dit que c’était ce genre de joueur, mais je ne m’attendais pas à ça, s’est justifié Diallo. Vraiment, il va loin. Il ne cherche que ça. Franchement, j’ai rarement vu ça. J’en ai vu des joueurs dans ce genre-là, mais lui, il va vraiment au bout des choses. Et là cette fois-ci il a réussi à me faire craquer, malheureusement. À moi d’être plus intelligent la prochaine fois. »

 

« D’un côté, c’est positif parce qu’on est restés soudés dans l’adversité, on ne s’est pas laissé intimider. Mais il faut aussi éviter de trop s’éloigner de notre jeu. Dwyer aussi est là pour ses coéquipiers, mais il le fait de façon intelligente en s’assurant de faire tomber ses adversaires dans le panneau. »

 

Expulsé du match pour sa réaction impulsive, Diallo est assuré d’être suspendu pour le prochain match de l’Impact, le 30 mars à Kansas City. Le grand défenseur craint une sentence prolongée, mais en date de mardi, l’Impact n’avait eu aucune indication à cet effet et l’entraîneur Rémi Garde ne semblait pas partager les appréhensions de son joueur.

 

« Je n’ai pas assez de recul sur les événements similaires qui auraient pu avoir lieu dans la MLS, alors je fais totalement confiance dans l’équité des gens qui doivent prendre cette décision. Je n’ai pas d’inquiétude a priori. Je n’ai pas de raison de penser qu’on sera plus sanctionné que pour des événements similaires qui auraient pu se produire. »

 

Des excuses appréciées

 

Du même souffle, Garde a souhaité tourner la page sur l’incident qu’il juge être à l’origine de tout cet excès de testostérone.

 

Quelques minutes avant que le nom de Diallo se retrouve dans le calepin de l’arbitre Tim Ford, les joueurs d’Orlando avaient attisé la colère de leurs visiteurs en ignorant une règle non-écrite d’esprit sportif. Après un arrêt de jeu provoqué par la présence au sol d’Harry Novillo, la bienséance aurait voulu qu’Orlando remette le ballon à l’Impact, qui en avait préalablement possession, lors de la remise en jeu. Les ​Lions ont plutôt foncé sans avertissement vers l’avant, prenant de court une défensive confuse.

 

« La mêlée en fin de match a démontré un manque de professionnalisme à plusieurs égards, analyse Bush avec le recul. Notre réaction n’était pas professionnelle, mais leur décision de jouer vers l’avant et de s’envoyer en échapper à la reprise l’était infiniment moins. Je crois aussi que la situation a été mal gérée par l’arbitre et ça a fait boule de neige. »

 

L’entraîneur d’Orlando, James O’Connor, avait reconnu la faute de ses joueurs immédiatement après le match et avait présenté des excuses publiques à l’Impact en conférence de presse. Mardi, Garde a renvoyé la balle à son homologue et a enterré l’histoire une fois pour toute.

 

« J’ai pris contact avec lui, je l’ai remercié personnellement et je voudrais dire que l’incident est clos. Comme je lui ai dit, on ne peut pas maîtriser tout ce que font les joueurs sur le terrain, mais j’avais effectivement l’impression que ce qui avait été fait par certains joueurs d’Orlando n’était pas très fairplay. Malheureusement, ça a contribué à causer l’échauffourée qui a suivi, parce que la réaction de mes joueurs n’était pas sortie de nulle part. Elle en était une de colère parce que je pense qu’on n’avait jamais vu ça. Ce n’est pas une excuse pour le comportement de Zak Diallo, mais c’est quand même une bonne explication pour ce qui a suivi. »