« J’ai 18 guerriers qui ont fait le travail. »

Mauro Biello avait de quoi être très fier de l’effort de son groupe, encore une fois, après cette victoire historique de l’Impact, qui obtient sa place en finale d'association pour la toute première fois de son histoire.

On a beaucoup fait référence à l’état d’esprit inébranlable du groupe depuis quelques matchs et encore une fois, les joueurs ne se sont pas laissés sortir de leur match dans les moments d’adversité. Les partants, mais aussi les réservistes, ont très bien exécuté sur le terrain, en focalisant sur l’objectif, comme Mauro aime le dire si souvent.

La magie a opéré pour Nacho Piatti et Evan Bush. Le gardien de l’Impact a poursuivi son excellente séquence devant le filet de l’Impact. La bourde monumentale de Victor Cabrera, qui a tout de même connu un match solide globalement, aurait pu transformer le scénario de cette série. Le 28 septembre dernier, on parlait de l’arrêt de Bush sur penalty contre Chris Wondolowski comme d’un moment charnière dans la saison de l’Impact. Celui d’hier contre le meilleur fabricant de jeu de la ligue cette saison restera inscrit comme un moment déterminant dans l’histoire du club.

Bush a d’ailleurs tenu à remercier son coéquipier Eric Kronberg pour sa complicité. Les deux hommes ont étudié des bandes vidéo et trouvé quelque chose dans le mouvement de Kljestan, qui a permis à Bush d’avoir une idée sur la direction qu’allait prendre le tir. À partir de ce moment, quelque chose nous disait qu’encore une fois, l’Impact misait sur une bonne étoile, comme ce fut le cas souvent au cours des dernières semaines. Mais cela ne veut pas dire que l’Impact a été chanceux, oh que non. La concentration de ce groupe est irréprochable dernièrement et tous les joueurs semblent aller dans la bonne direction, ce qui est de bon augure en vue de cette première finale d'association 100 % canadienne dans l’histoire de la MLS. Saluons d’ailleurs la performance de Laurent Ciman, qui a donné le ton défensivement avec des interventions dignes d’un défenseur de calibre international, contre Bradley Wright-Phillips, le meilleur buteur du circuit.

Joueur par excellence?

La semaine dernière, la MLS a dévoilé l’identité des trois finalistes pour le titre de joueur par excellence de la MLS, soit David Villa, du New York City FC, et Sacha Kljestan et Bradley Wright-Phillips, des Red Bulls. Comme l’a dit Piatti après la rencontre, ces joueurs sont en vacances, alors que Piatti poursuit son petit bonhomme de chemin avec son club. Nacho a démontré une fois de plus qu’il est l’un des meilleurs joueurs du circuit à un contre un. À mon avis, Sebastian Giovinco est probablement le seul autre joueur de la ligue qui est aussi à l’aise balle au pied, à un contre un. Piatti est le roi des crochets et Chris Duvall l’a constaté quand il a été battu de façon très nette par l’Argentin, avant que ce dernier ne décoche une frappe qui a échappé à la vigilance de Luis Robles.

Plus tôt cette semaine, Piatti a dressé un parallèle entre l’Impact et son ancien club, San Lorenzo, qui ont connu de longs parcours en tant que négligés. San Lorenzo a été élu champion de la Copa Libertadores, voyons voir maintenant si le parcours de l’Impact se poursuivra jusqu’à la grande finale du 10 décembre. Mais avant, il faudra écarter les rivaux torontois, dans une finale d'association qui s’annonce tout simplement épique.

Oduro le héros obscur

Les différents bulletins de nouvelles et articles vous parleront des exploits de Piatti et Bush dans cette rencontre, mais il ne faudrait pas oublier Dominic Oduro, qui a été l’architecte principal derrière les deux buts de Piatti. Quand l’Impact prend possession du ballon dans son territoire, la vitesse d’Oduro en transition est un outil dont cette équipe ne peut tout simplement pas se passer.

Les longues courses verticales d’Oduro créent de l’espace à Piatti entre les lignes et le numéro 10 en profite pleinement. Il ne faudrait pas oublier qu’Oduro a connu une longue période où il était tout simplement écarté du groupe en cours de saison. Le match à Toronto à la fin août, dans lequel il a justement été complice d’un but de Piatti avec une belle remise à la suite d’un dégagement de Bush, a permis à Oduro de prouver à Mauro Biello qu’il mérite de faire partie du 11 partant, match après match. Même s’il n’a pas marqué en séries, « Freaky Fast » a été un élément décisif pour cette équipe sur le plan offensif.

Chapeau à Biello!

Cette saison 2016 a été marquée par de nombreux rebondissements et on s’est souvent demandé si l’Impact avait la qualité et la force mentale pour réaliser un long parcours en séries et atteindre l’objectif que Mauro Biello s’était fixé, soit de faire mieux qu’en 2015, donc d’atteindre la finale d'association dans l’Est.

Biello arborait un large sourire quand j’ai eu l’occasion de lui parler sur le terrain après la rencontre : « Les gars me disent toujours que je ne souris jamais. Maintenant je peux sourire ».

Oui, Biello peut sourire, parce que si ses joueurs sont parvenus à exécuter sur le terrain d’une façon aussi remarquable, c’est aussi parce que l’entraîneur s’est fixé un plan et qu’il n’y a pas dérogé. Alors que plusieurs observateurs ont critiqué certaines de ses décisions cette saison, Biello a gardé les mains sur le volant, sans déraper.

L’entraîneur a fait preuve d’audace à l’occasion, notamment quand il a décidé de reposer plusieurs de ses joueurs partants pour le dernier match de la saison régulière, en Nouvelle-Angleterre. Il a aussi pris une décision tactique importante, en choisissant d’aller de l’avant avec un milieu de terrain à trois joueurs, dans un schéma de jeu 4-3-3. Cette décision a mené à des performances remarquables de Donadel, Bernardello et Bernier en milieu de terrain. Un élément clé des récents succès de cette équipe. Biello a également marché sur un fil de fer dans sa gestion du dossier de Didier Drogba. Il a tenu tête à la légende dans ce dossier, en se basant sur les bonnes performances de Matteo Mancosu, qui a récompensé son entraîneur avec deux grands matchs contre D.C. United et dans le premier match contre les Red Bulls.

Le retour du Roi

Oui, Didier m’a couronné roi après la rencontre, mais je lui laisse son titre sans problème!

Ce très chic type a prouvé à tous qu’il acceptait le rôle que lui a confié son entraîneur. Son entrée sur le terrain a été un élément important en fin de rencontre et sa passe décisive à Ignacio Piatti a permis d’enfoncer le dernier clou dans le cercueil des Red Bulls.

Biello voulait évidemment miser sur les qualités offensives de Drogba en fin de match, mais aussi sur son travail défensif. L’Ivoirien a les outils pour s’imposer dans sa surface de réparation dans le jeu aérien et les séquences arrêtées. Ces deux qualités ont été mises à profit en fin de rencontre et comme tous les autres joueurs qui sont entrés comme réservistes depuis le début des séries, Drogba a insufflé une bonne dose d’énergie au groupe sur le terrain.

Ce retour en force du célèbre numéro 11 tombe à point, car il est clair que l’Impact aura besoin de toutes ses armes bien affûtées contre un Toronto FC qui mise sur une équipe très solide.

Avouons que le scénario est quand même incroyable! Montréal contre Toronto, en finale d'association de la MLS! Avec deux semaines à écouler avant le match aller de cette série, on peut espérer que le Stade olympique sera plein à craquer le 22 novembre. L’Impact mérite amplement d’entendre une foule massive et déchaînée pour ce rendez-vous marquant dans l’histoire de ce club qui a maintenant passé l’étape de la surprise. Ce groupe mérite d’être considéré comme un groupe faisant partie de l’élite de la MLS, ce n’est pas rien.