« Viens ici, touche pas ça, reste assis, va pas là
Fais comme ci, fais comme ça, patati et patata. »

Jordy avait raison. Ces temps-ci, c’est dur, dur d’être Ballou. Mélodrame ou pas, qui écouter dans ce brouhaha? Agents, entraîneurs, gérants, président de club amateur, experts dans les médias (🙋‍♂️), partisans, Didier, etc. Des conseils, en veux-tu, en v’là!

On connaît le rêve du jeune homme: l’Europe. On comprend la position du club: le prix n’est pas assez haut. Blocus. On a déjà vu ça. Peut-être pas à Montréal, mais c’est le type d’histoire qu’on retrouve au quotidien en période de Mercato. Tenez, si on pige au hasard dans un passé pas si éloigné. Comme quoi, il ne faudrait pas trop dramatiser l’affaire, même si le dénouement n’est pas toujours à saveur hollywoodienne.  

Sauf que, l’ennui dans toute cette affaire, c’est que Ballou est celui qui encaisse présentement le coup. En ne respectant pas ses engagements - lire, ne pas se rapporter aux entraînements - le jeune joueur de l’Impact s’expose aux critiques émanant de toutes parts, sans parler des sanctions prévues par la MLS dans une telle situation. Bref, la sympathie du public, ce n’est pas ainsi qu’il risque de la gagner.

« Je suis déçu de ne pas le voir ici, » jugeait pour sa part l’entraîneur Mauro Biello après l’entraînement de mardi en ajoutant sur le ton de la conciliation qu’il souhaitait réparer la situation, ce qui est dans l’intérêt de son équipe. D’ailleurs, une bonne conversation en après-midi entre Ballou et des vétérans de l’organisation nous indique qu’on devrait revoir l’ailier canado-ivoirien au Centre Nutrilait dans un futur rapproché.

Gestion qui soulève des questions

Les agents de Ballou auront beau prétexter qu’ils agissent en accord avec le désir de leur protégé, on est en droit de se questionner sur ce qu’on cherche à gagner en agissant ainsi. Si le club montréalais ne trouve pas son compte dans un éventuel marché - Adam Braz a réitéré que l’Impact n’avait reçu qu’une seul offre concrète qu’on juge dérisoire -, on ne peut pas dire que les représentants du joueur se trouvent en position de force dans le dossier. Autrement dit, dur, dur d’être agent aussi.

Le train qui passe - on ne saurait dire pour quelle destination - compte peut-être une place pour Ballou et l’espoir montréalais semble prêt à faire ses bagages. Mais après seulement six mois de carrière professionnelle et une progression à la hauteur des attentes, les probabilités qu’il ne trouve pas de billet pour un autre départ semblent plutôt restreintes. Comme l’indiquait Braz lors de son point de presse, plus il aura de succès, plus les portes s’ouvriront pour lui.

Pourquoi donc avoir fait preuve d’autant d’impatience en tentant de forcer la main du club? À cela, je ne peux voir d’autres explication qu’un manque de confiance de la part de Ballou envers la direction de l’Impact de Montréal. La crainte d’un rendez-vous manqué, c’est une chose. Celle que des promesses s’avèrent fausses en est une autre, surtout si le club montréalais conserve un droit de regard pendant les trois années d’option prévue à l’issue de son contrat actuel. Le scepticisme risque de s’installer dans la relations entre les parties alors que les intérêts du joueur et ceux du club sont pourtant conciliables dans cette aventure.

Je peux comprendre que Ballou ait l’impression que le temps presse, lui qui attend depuis longtemps d’avoir 18 ans pour réaliser son rêve de jouer en Europe. À cet effet, peut-être qu’une anecdote peut servir à remettre les choses en contexte. À l’automne 2014, après un périple en Belgique réussi pour Ballou avec l’Équipe du Québec des moins de 18 ans, un essai prévu à Manchester City par ses agents avait été annulé dans la confusion. La Fédération de Soccer du Québec s’était alors opposée à ce qu’on laisse partir le joueur - un mineur - sans une autorisation obtenue au préalable. Résultat, Ballou était rentré bredouille chez lui. Erreur de logistique ou guerre de clocher, peu importe les causes de cette occasion ratée. Mais le résultat n’a fait qu’augmenter la frustration d’un joueur convoité à l’étranger depuis un certain temps.

Dur, dur d’être Ballou. Voilà un air qui devrait pourtant avoir un succès éphémère. En dépit des tribulations, l’avenir du joueur est loin d’être compromis s’il sait apprendre de ses erreurs. L’Impact, comme tout parent, a intérêt à bien le protéger et le conseiller pour arriver à regagner sa confiance.