Cameron Porter affiche depuis son arrivée à Montréal une maturité qui n’est pas l’apanage de tous les jeunes hommes de 22 ans.

Près de trois semaines ont passé depuis le coup d’envoi de la saison 2016 et Porter continue de faire cavalier seul aux entraînements de l’Impact. Pendant que ses coéquipiers s’activent à implanter les principes de jeu du livre de Mauro Biello, le jeune attaquant suit avec diligence les étapes d’un programme de remise en forme qui s’éternise.

Arrivé au camp d’entraînement avec les restes négligeables de la déchirure ligamentaire au genou gauche qui avait prématurément mis fin à sa saison recrue, Porter soigne maintenant un persistant malaise à une cuisse.

« Cette blessure est un petit recul auquel j’ai dû faire face en me remettant de l’autre, dit-il en pointant son genou reconstruit chirurgicalement. Mais honnêtement, si c’est le seul désagrément que j’ai, je ne peux que m’en réjouir. Ce n’est vraiment pas grand-chose et j’ai développé une certaine patience au cours de la dernière année, alors tout va bien! »

Porter avoue que cette sagesse devant la malchance qui semble s’acharner sur lui n’est pas innée, mais plutôt une qualité qu’il a acquise à force d’être ralenti dans sa progression.

« J’ai reçu un message texte de ma grand-mère récemment, après avoir encaissé ce petit contretemps. Elle me disait : "Eh, je m’étais dit que j’allais apprendre à être patiente avant mes 80 ans et je travaille encore là-dessus. C’est bien de voir que tu as compris bien avant moi!" Alors c’est ça, je prends les étapes une à la fois. »

Pendant son congé forcé, Porter a vu Anthony Jackson-Hamel profiter de l’ouverture à la position d’attaquant pour solidifier son dossier. Utilisé comme remplaçant dans les trois premiers matchs de l’Impact, le Québécois a su s’offrir une bonne chance de marquer à chacune de ses sorties, marquant même son premier but en MLS contre les Red Bulls de New York.

Tandis que Porter se réjouit des succès de son ami, Mauro Biello pourrait bientôt se retrouver avec un heureux problème sur les bras. L’entraîneur de l’Impact affirme qu’il pourra compter sur les services de son numéro 39 à partir de la semaine prochaine si ce dernier passe avec succès « quelques petits tests d’accélération ».

« Jackson a eu des minutes et il a très bien fait quand il a eu sa chance. Cameron doit travailler fort, démontrer ce qu’il est capable de faire et après on prendra une décision à propos de sa place dans la hiérarchie », a déclaré Biello.

Porter, bon joueur, affirme qu’il respectera les décisions prises par son entraîneur et ne se dit pas contre l’idée d’effectuer un retour progressif en passant par le FC Montréal, l’équipe réserve de l’Impact qui évolue en USL.

« On verra où j’en suis la semaine prochaine, si on juge préférable que j’accumule un peu de temps de jeu supplémentaire ou si on me croit prêt à débuter directement avec la première équipe. Je suis sûr qu’on aura cette conversation tôt ou tard, mais pour l’instant, je me concentre simplement à revenir à 100 %. »

Du travail avant un congé mérité

Porter est assuré de recevoir le même traitement que ses coéquipiers en fin de semaine alors que la MLS a prévu une trêve dans son calendrier pour accommoder les sélections américaine et canadienne qui disputeront des matchs de qualification en vue de la prochaine Coupe du monde.

L’Impact ne disputera son prochain match que le 2 avril contre les Sounders à Seattle. Même si la saison n’est vieille que de trois semaines, Mauro Biello croit que cette pause arrive à point pour son équipe.

« Les joueurs l’ont mérité. On a eu de longs voyages, on a travaillé très fort et on n’a pas eu beaucoup de congés. Il faut le faire de temps en temps de toute façon, permettre aux joueurs de reposer certains bobos, mais aussi de se rafraîchir un peu mentalement. Parfois, tu as besoin de laisser le soccer de côté un peu pour revenir plus fort. »

La légèreté de l’horaire ne signifie pas que l’Impact se l’est coulé douce cette semaine. Sans adversaire précis à décortiquer et analyser, Biello a profité des derniers jours pour insister sur des concepts généraux qui s’emboîtent dans sa philosophie de jeu.

« On travaille sur beaucoup de choses. C’est tôt dans la saison et à chaque entraînement, on implémente des principes qu’il faut peaufiner. Aujourd’hui, on a travaillé un peu pour casser les lignes, chercher cette balle, le changement d’attaque. Ce sont toutes des choses qu’on va revoir dans les matchs et qu’il faut continuer à améliorer. Il faut prendre le temps, dans les jours où on n’a pas de match, de travailler sur certaines choses qui peuvent aider l’équipe à long terme. »

« Une pause comme ça, ça nous permet de travailler sur ce qui manque. Il n’en manque pas gros, on a une bonne équipe, on le sait. Mais cette semaine nous permet de raffiner quelques détails », estime Jackson-Hamel, qui prévoyait passer une partie du congé pascal dans sa famille à Québec.

L’Impact s’entraînera vendredi avant de partir en vacances pour la fin de semaine.