MONTRÉAL – Il ne joue pas encore dans la même cour que Sigi Schmid et Peter Vermes, mais l’expérience rentre, petit à petit. Au fil des matchs, la MLS réserve de moins en moins de surprises à Rémi Garde.

En fin de semaine prochaine à Orlando, l’entraîneur-chef de l’Impact affrontera pour la deuxième fois seulement cette saison une équipe contre laquelle il a déjà dirigé. C’est donc dire qu’en plus de baser sa préparation sur le visionnement de matériel vidéo et sur les précieuses informations fournies par son adjoint Wilfried Nancy, Garde pourra prendre en considération des éléments tirés de ses propres observations faites à hauteur de terrain.

C’est un bénéfice qui, selon lui, n’est pas négligeable.

 « Oui, ça change, a convenu Garde lundi au retour à l’entraînement du onze montréalais. On n’est jamais mieux servi que par soi-même, même si j’aime bien m’appuyer sur tout mon monde, notamment sur Wilfried qui connaît bien cette ligue depuis longtemps. Quand on est à l’intérieur, on se rend mieux compte de certaines choses. »

Garde dresse un parallèle entre sa situation actuelle et celle qu’il a vécue lors de son bref passage à Aston Villa, en Premier League.

« Malgré le fait que j’avais commenté les matchs [à la télévision], j’avais eu aussi pas mal de découvertes concrètes en arrivant à l’entraînement, dans les matchs. Sur le banc de touche, on voit des choses différentes, on perçoit des choses différentes qui sont, même des tribunes, parfois difficiles à cerner. Donc évidemment, d’avoir aujourd’hui ces 15 matchs de MLS en banque, en plus des six mois d’entraînement, c’est important dans les décisions que je peux prendre. »

De plusieurs façons, Garde donne l’impression d’avoir bien ajusté le tir après un départ houleux dans ses nouvelles fonctions. Ses récents choix tactiques se sont avérés judicieux, il est plus proactif dans la gestion de ses substitutions – bien que celles-ci continuent d’être débattues – et il a adouci ses interventions auprès des officiels.

Le défenseur Daniel Lovitz n’hésite pas une seconde à approuver que la familiarité grandissante du personnel d’entraîneurs avec la ligue facilite les choses pour tout le monde dans le vestiaire.

« Même un groupe qui ne serait pas très porté sur les détails aurait une meilleure idée de ce qui se passe en affrontant une équipe pour la deuxième fois. Nos entraîneurs sont très bien préparés, ils font leurs devoirs avec diligence, mais on savait tous qu’il y aurait une certaine période d’apprentissage pour tout le monde. Commencer à revoir les mêmes adversaires sur notre chemin, c’est une grosse opportunité à saisir. Je crois que les membres du staff apprécient vraiment le petit avantage que leur procure cette expérience supplémentaire qu’ils possèdent maintenant. Ça rend les choses un peu plus faciles. »

Facteur X

À Orlando, l’Impact ne retrouvera pas exactement l’équipe qu’il a battue mercredi dernier au Stade Saputo. Deux jours après avoir encaissé ce revers, un sixième de suite, la formation floridienne a congédié son entraîneur-chef Jason Kreis et a confié les rênes du groupe sur une base intérimaire à son adjoint Bobby Murphy.

Nouveau stratège, nouvelle motivation? Les mêmes joueurs qui ont quitté le Stade Saputo la queue entre les jambes pourraient être stimulés par ce vent de changement. C’est un facteur qui devra être pris en considération dans la préparation pour cet important match revanche.

« Ça peut être un électrochoc positif, mais parfois, le mal est plus profond et ça peut prendre un peu plus de temps, affirme Garde. Je n’ai pas les éléments suffisants pour savoir ce qui va se passer, mais j’ai l’expérience suffisante pour mettre tout le monde en garde. [...] Même si ce n’est pas une garantie, le changement de coach va certainement faire bouger les lignes, comme on dit. Il y a des choses qui vont changer, des joueurs peut-être qui vont retrouver une situation différente. On va essayer de se préparer du mieux possible.

« Ce qui se passe là-bas, ça les regarde, c’est leurs affaires, relativise Lovitz. Par contre, je sais qu’on est plusieurs à s’attendre à une performance plus énergique de leur part. Le simple fait qu’ils soient à domicile peut changer la donne en leur faveur. On sera préparés en conséquence. »

« Plus dangereux? Oui et non, hésite Samuel Piette. Ils vont avoir une motivation supplémentaire de prouver à l’entraîneur qu’ils veulent jouer, qu’ils veulent participer. Mais en même temps, ce sont les mêmes joueurs. Ça change plus ou moins grand-chose pour moi. »

L’Impact, qui a remporté deux de ses trois derniers matchs, pourrait frapper un grand coup en balayant ses rivaux du sud. Orlando City SC occupe présentement le sixième rang au classement de l’Association Est, le dernier donnant accès aux séries. Avec une victoire, Montréal franchir le cap de la mi-saison à un seul point de cet objectif.

« Au-delà des calculs mathématiques, je pense que si on doit estimer que ce segment est un tournant dans notre saison, ça doit l’être dans le sens où on doit capitaliser sur ce qu’on a bien fait dans nos trois derniers matchs, sur la manière qu’on a mis, sur le fait qu’on n’a pas encaissé de but dans le jeu, propose Garde. Peut-être que la réussite qui nous a fui pendant de si nombreux matchs est en train de nous sourire un peu. À nous de bâtir là-dessus une forme de confiance qui nous a pendant trop longtemps fait défaut. »