Comme chaque année, on m’a demandé de vous écrire ce que j’entrevoyais pour la saison 2018 de l’Impact de Montréal. Compte tenu du changement de garde à la barre de l’équipe, des nombreux nouveaux visages dans l’effectif et de certains dossiers de départs/arrivées toujours en suspens, disons que les excuses n’ont pas manqué pour repousser l’exécution de l’exercice. Or, bien que j’attendais toujours d'avoir la chance de lire dans les entrailles de Taktik avant de me prononcer, l’éditeur de ce site m’a récemment fait signe que l’heure était venue de me mouiller. Voici donc trois scénarios à envisager pour l’aventure dans laquelle le Bleu-blanc-noir s’apprête à nous embarquer. Mélange de fiction et de réalité, à vous de juger de leur plausibilité.

 

Le film catastrophe

 

Une blessure majeure au défenseur central autour duquel on comptait bâtir la charnière cette année, voilà de quoi effrayer d’entrée le spectateur qui espérait un peu plus de légèreté après la fin de saison éprouvante de l’an dernier. Victime d’une rupture du tendon d’Achille à l’entraînement, le pauvre Zakaria Diallo n’aura même pas pu jouer la moindre minute en MLS cette saison. Quel gâchis pour celui qui promettait d’en mettre plein la vue lors du jour de sa présentation. Quelle déception pour des amateurs qui cherchent à se raccrocher depuis l’échange de Laurent Ciman. Dans les circonstances, avec un « jump scare » avant même le début du long métrage, on est plutôt dans l’horreur que dans le suspense. Même Alfred Hitchcock dans son chef-d’oeuvre Psycho avait attendu 47 minutes avant de tuer le personnage de Janet Leigh

 

Bien évidemment, l’Impact fera des pieds et des mains pour trouver un remplaçant à Diallo. En attendant, il y a de quoi se mordre les doigts en se demandant de quelle façon on arrêtera tous ces méchants attaquants qui adorent affronter le Bleu-blanc-noir : Kei Kamara, Dom Dwyer et Jozy Altidore... Après Victor Cabrera, ce sera bientôt le tour de Rémi Garde de faire des cauchemars. Dans une scène coupée au montage, une voix hors champ propose de ramener Boldor ou Krol alors que l’entraîneur semble hésitant. Cela étant, Garde n’est pas au bout de ses peines. L’incapacité du onze montréalais à marquer à défaut d’un numéro en solo de Nacho ou encore d’un missile occasionnel de Taïder fait que les réjouissances pourraient être éphémères en dépit des festivités du 25e anniversaire. 

 

Vous trouvez que l’histoire est répétitive et manque de complexité? On pourrait certes greffer au récit des intrigues secondaires avec une grève de joueurs mécontents ou une nouvelle crise du propriétaire. Or, l’astuce d’un bon scénario catastrophe, c’est de ne pas trop exagérer de peur de laisser le spectateur décrocher. Contentons-nous donc d’affirmer que pour une deuxième année de suite, le Toronto FC menace de tout gagner.

 

Voilà, inutile d’en rajouter. Mes excuses à ceux que ces paragraphes auraient pu terroriser. Il faut savoir que mon thérapeute m’encourage fortement à exprimer mes peurs afin de mieux gérer mes émotions. Autrement dit : fallait que ça sorte.

 

Le miracle

 

Face à des embûches paraissant insurmontables, le nouvel entraîneur du onze montréalais Rémi Garde s’efforce de trouver « des réponses simples et fluides à des problèmes compliqués ». De façon pragmatique, l’Impact de Montréal survit à un début de saison chaotique, mais le club cherche encore le moyen d’atteindre sa vitesse de croisière en deuxième portion de calendrier. 

 

Au Stade Saputo, il y a toujours des files devant les toilettes et la qualité du WiFi continue de faire maugréer. Pendant ce temps, le Toronto FC et Atlanta accumulent les acquisitions de prestige sur le marché. Dans les bureaux, le plan de cinq ans s’approche dangereusement du bac de recyclage. Mais la tension monte véritablement d’un cran quand les Alouettes font de Colin Kaepernick leur quart partant et que le Canadien de Montréal annonce en plein été la mise sous contrat du gros centre convoité : John Tavares. Menacé, l’Impact se décide à sortir le chéquier.

 

Après avoir affiché une certaine réticence à investir de manière risquée, la direction joue son dernier coup de dés avec l’embauche d’un nouveau joueur désigné qui, des deux côtés de l’Atlantique, laisse plus d’un observateur perplexe. Malgré le succès du mot-clic #ontaimeHatem sur les médias sociaux, Rémi Garde doit faire un pacte avec le diable pour que l’harmonie s’installe dans le vestiaire et sur le terrain. Instantanément, le numéro 21 du Bleu-blanc-noir fait un malheur sur la pelouse du Stade Saputo comme si c’était il y a 10 ans à Gerland. Se tenant loin du casino, en dehors du terrain, la nouvelle recrue montréalaise s’intègre à merveille à la faune du Plateau. Enfin, un Impact soudainement galvanisé arrive à se qualifier pour les séries. Dans les bureaux, le plan de cinq ans est encadré et remis de l’avant dans toutes les promos. Pendant ce temps, à Madrid, des sources laissent entendre qu’un dénommé Karim lorgne la MLS et songe à faire le saut...

 

Le docu-réalité

 

Entre le film de peur et le conte de Disney, il reste encore la piste du docu-réalité. L’édition 2018 de l’Impact de Montréal devra s’appuyer sur une mentalité très combative pour survivre dans un circuit en pleine évolution. L’exclusion de Diallo à l’aube de la saison aura pour effet de souder un groupe appelé à traverser de nombreuses épreuves dans sa course aux séries. Il affaiblit toutefois une équipe que plusieurs observateurs qualifient de fragile, à tel point qu’on craint vite sur sa capacité à rivaliser avec des adversaires de mieux en mieux nantis.

 

Sans grande surprise, l’Impact de Rémi Garde est plus pratico-pratique – remarquez le choix de mots pour ne pas répéter pragmatique – que séduisant. D’une part, on appréciera les bons coups du duo Taïder-Piatti, mais l’incapacité à défendre contre le jeu aérien risquera de couler le onze montréalais à plus d’une reprise. Pour sa part, le Chilien Jeisson Vargas aura beau montrer quelques flashs intéressants, à chaque performance moins aboutie, l’oeil de Big Brother ramènera sur la table les comparaisons peu élogieuses avec Lucas Ontivero.

 

Question d’ajouter un peu de piquant en cours de saison, l’équipe d’Impact Média nous présentera le résumé des auditions de nouveaux candidats au poste d’attaquant. Assis dans leurs fauteuils comme à La Voix, Rémi Garde, Adam Braz et Nick De Santis parviendront-ils à appuyer sur le bouton au même moment? On considère aussi un concept s’inspirant des Chefs où chaque semaine, le personnel technique lyonnais doit composer sa formation de départ à partir d’un ingrédient vedette local. L’Impact à la sauce Piette saura-t-il ravir les juges? Garde saura-t-il respecter son produit? Gagne ou perd, ça devrait donner un bon show.

 

Le lecteur aura compris que les scénarios invoqués sont le fruit de l’imagination fertile de mon équipe de scripteurs. Toute correspondance avec la réalité relèverait du hasard. De toute manière avec l’Impact de Montréal, la réalité nous a souvent habitués à dépasser la fiction. Reste à voir si l’expérience sera un succès au box-office ou film de série B? Comme dirait Kei Kamara : on saura ça à partir de dimanche.

 

Bonne saison.

« Ça fait un moment que j'attends ça »