MONTRÉAL – Rémi Garde s’est défendu d’avoir été injustement sévère envers Anthony Jackson-Hamel, jeudi, acceptant du même coup le blâme pour l’échec que fut la saison de l’attaquant québécois.

Vingt-quatre heures après que Jackson-Hamel eut livré ses états d’âme dans le vestiaire du Centre Nutrilait, Garde a offert sa propre version du différend qui s’est créé entre les deux hommes.

« Je ne suis pas arrivé ici en me disant : ‘Tiens, je vais me payer la tête de celui-là, celui-là et celui-là’. Ce qu’il n’a pas donné, j’en ai déjà parlé. ‘Antho’, c’est peut-être quelqu’un qui, avant de donner à l’équipe, veut recevoir. Si je schématise un peu – et ce n’est pas méchant ce que je dis – j’étais dans l’attente de quelqu’un qui porte un peu l’équipe plutôt que se faire porter par l’équipe. »

Après une éclosion qui s’était traduite par une production de neuf buts en seulement 1137 minutes de jeu en 2017, Jackson-Hamel portrait de grandes attentes sur ses épaules quand la transition s’est opérée entre le règne de Mauro Biello et celui de Garde. Mais le nuage qui l’avait transporté durant la saison morte s’est rapidement évaporé.

« Ce que j’attendais de lui, ce que je n’ai pas vu, c’est peut-être déjà quand on a commencé la saison, a proposé Garde. On est parti en préparation et j’avais une idée de la préparation que je voulais mener, puisque ce n’était pas la première que j’en menais une. Assez vite j’ai dû m’adapter au groupe que j’avais en face de moi. ‘Antho’ faisait partie de ces joueurs qui ont souffert, qui ont souffert beaucoup malgré le fait que j’avais diminué un peu les standards que j’avais l’habitude d’utiliser en Europe. Il s’est blessé pendant la préparation, il s’est blessé une deuxième fois. Donc le départ a été un peu difficile. »

Jackson-Hamel a dû attendre au mois d’avril avant de faire son entrée dans la formation partante. Le 1er mai, Garde l’a publiquement pointé du doigt, se disant insatisfait de l’ardeur au travail de ses réservistes. Quelques jours plus tard, il répondait en marquant ses deux premiers buts de la saison. Il allait être titularisé dans trois des cinq matchs suivants, mais il est retourné dans les mauvaises grâces de l’entraîneur début juin, cette fois pour de bon.
 
« J’ai essayé tout au long de la saison, sans doute avec maladresse et en tout cas, ce qui est sûr, sans succès, de lui donner sa chance. De lui faire comprendre aussi que je veux bien m’adapter – d’ailleurs ce n’est pas valable que pour lui - mais que si on est venu me chercher, ce n’est pas pour faire ce que les joueurs voulaient faire. J’ai essayé d’être intelligent le plus possible et ça n’a pas fonctionné. »
 
Garde a aussi réagi à une allusion faite la veille par son indomptable poulain, qui disait avoir l’impression « que c’est un peu plus dur pour [les Québécois] de faire notre place. »
 
Je veux dire ici que je n’ai rien contre les joueurs québécois, a lancé le pilote français. C’est possible que j’entende mal, mais non... On peut me reprocher bien des choses, mais dans le cas d’‘Antho’, je suis déçu. Encore une fois, je ne suis pas venu en me disant : ‘Tiens celui-là, je vais me le payer!’.
 
À l’instar de son joueur, Garde ne s’est pas montré débordant d’enthousiasme quant à une suite possible à cette relation houleuse. La possibilité d’une réconciliation existe, mais elle semble à l’heure actuelle plus qu’improbable.
 

« Le dossier Jackson-Hamel, c'est aussi mon échec »

« Il y a surtout un contrat entre lui et le club, a conclu Garde. Moi je n’ai rien contre lui personnellement. J’ai eu un seul problème cette année avec un joueur dans le groupe – pour un manque de respect – et ce n’était pas Anthony. Donc je n’ai rien contre lui et voilà, on va trouver la meilleure solution intelligemment. Si la solution est qu’il revienne l’an prochain et qu’il casse la baraque, je n’ai pas d’amour propre à me dire [qu’il n’aura pas le temps de jeu qu’il mérite]. Mais on a discuté et il y a aussi des choses qui restent entre nous. On verra ce qui se passera. »