MONTRÉAL – Depuis que Rémi Garde a entrepris son travail de reconstruction à la barre de l’Impact, ses divergences d’opinion avec les officiels de la MLS ont été fréquentes et bien documentées.

 

En avril de l’année dernière, moins de deux mois après son entrée en poste, Garde avait critiqué une première fois l’arbitrage de sa nouvelle ligue après des défaites successives contre New York et Los Angeles. « Depuis le début de la saison, tout ce qui est litigieux en termes de décisions part en notre défaveur », s’était plaint le pilote français.

 

Garde n’allait pas lâcher le morceau. Pas plus tard qu’en mai dernier, il a accusé à mots à peine couverts les arbitres de favoritisme après une défaite à Cincinnati.

 

Samedi soir, après la défaite de 3-2 du onze montréalais face au Minnesota United FC, il a calmement déposé un nouveau grief au-dessus de la pile. Reconnaissant d’emblée que ses hommes n’étaient pas exempts de blâme pour leurs malheurs, Garde s’est dit en proie à une impression de déjà-vu relativement au travail des hommes en jaune.

 

« La semaine dernière à Atlanta, il y a eu un penalty évident sur Rudy [Camacho] dont personne n’a parlé. Chaque semaine, ça se répète. C’est très fatigant », a d’abord exposé Garde.

 

« C’est un peu comme les premiers mois de la saison dernière, a-t-il plus tard déploré. Je trouve qu’il y a beaucoup de décisions qui sont en notre défaveur en ce moment. »

 

La première récrimination de Garde concernait le penalty que l’arbitre Alan Kelly a accordé aux visiteurs à la fin de la première demie, quand le milieu de terrain Ethan Finlay est entré en contact avec le gardien Evan Bush sur une échappée. Même après s’être rendu brièvement à l’écran relié au centre de commande de l’officiel responsable des reprises vidéo (VAR), Kelly n’a pas changé sa version. Pourtant, les images diffusées simultanément à l’écran géant laissaient peu de doute sur l’innocence de Bush sur la séquence.

 

Garde croyait aussi que l’Impact aurait dû se voir accorder un penalty au début de la deuxième demie, quand un défenseur du Minnesota a semblé toucher le ballon de la main dans la surface de réparation.

 

Impact 2 - Minnesota United 3

« Ils revoient les images, tout va bien, a cyniquement commenté Garde.  Chaque fois, c’est la même réponse, il y a faute, il n’y a pas faute. Parfois ils vont vérifier, parfois ils ne vont pas vérifier, on ne sait pas. Ils se parlent entre eux. Tout est sous contrôle, mais honnêtement tout est souvent très défavorable pour l’Impact de Montréal. Ce soir, c’était vraiment trop, honnêtement. »

 

Dans des termes encore plus incendiaires, Bush a lui aussi varlopé le rôle du VAR dans la controverse. Implanté pour faciliter le travail des arbitres et ainsi limiter les risques d’injustice sur le terrain, le système semble créer plus de problèmes qu’il n’en règle dans les championnats et compétitions internationales où on lui fait appel.

 

Samedi, Alan Kelly n’est resté que quelques secondes devant son écran avant de revenir rendre sa décision. Difficile de croire qu’il ait eu le temps, dans ces conditions, d’avoir un échange d’idée constructif avec son collègue en régie.

 

« Au final, si le gars qui regarde les reprises n’a aucun pouvoir, à quoi sert-il?, se questionnait Bush. Les arbitres sont comme les joueurs, ils sont dans le match, ils sont des poussées d’adrénaline, ils sont émotifs. Je ne sais pas quel est le pourcentage des décisions arbitrales qui ont été renversées par le VAR, mais parfois, l’orgueil fait en sorte que l’arbitre ne veut pas changer sa décision. C’est frustrant parce qu’on regardait tous la reprise et il n’y a pas que nos 11 joueurs qui étaient en désaccord avec ce qui se passait. Comme un seul homme, les 19 000 spectateurs semblaient dire la même chose. »

 

« On a beau avoir 98% des gens qui croient que ce n’est pas un penalty, si l’arbitre fait partie du 2%, il y aura un penalty, calculait Bush. Je ne sais pas quels sont les changements qui peuvent être apportés au VAR, mais je n’ai certainement pas l’impression qu’on obtient le bénéfice du doute bien souvent dans ces situations. »

« Certaines décisions de l’arbitre ne sont pas très compréhensibles, mais voilà on commence à avoir l’habitude, a ajouté Rudy Camacho au thème du complot. On ne se sent pas nécessairement respectés. C’est pas une fois, c’est pas deux fois, ça arrive souvent, très souvent. On aimerait bien que ça tourne parfois en notre faveur. »