MONTRÉAL – À sa façon, Rémi Garde peut dire qu’il a contribué aux succès de l’équipe de France à la Coupe du monde.

 

Quatre représentants de la sélection qui affrontera la Croatie dimanche en grande finale du Mondial ont grandi à divers degrés sous la tutelle de l’actuel pilote de l’Impact à l’Olympique lyonnais. Le défenseur Samuel Umtiti et le milieu de terrain Corentin Tolisso ont été formés à l’Académie de l’OL, dont Garde a été le directeur, et ont gradué au sein de la première équipe alors qu’il en était l’entraîneur-chef.

 

Hugo Lloris, l’un des plus célèbres élèves de l’entraîneur des gardiens Joël Bats, et l’attaquant Nabil Fakir ont aussi croisé Garde à l’OL.

 

« C’est vrai qu’il y a une petite connexion avec l’Académie du centre de formation de Lyon qui est sympa, reconnaissait jeudi celui qui a lui-même été convoqué avec les Bleus à six reprises au début des années 1990. Avec tous mes copains lyonnais du staff, ici, on est particulièrement heureux et fiers pour eux. »

 

Garde admet avoir ressenti une satisfaction toute particulière lorsque Umtiti a marqué de la tête ce qui allait s’avérer être le but décisif dans la victoire de 1-0 de la France sur la Belgique en demi-finale.

 

« Oui, très chaud au cœur. Et aussi de voir Hugo faire des arrêts fantastiques et de comparer le gardien qu’il était quand il est arrivé de Nice à celui qu’il est devenu grâce à son travail et celui de Joël. Si on ajoute Tolisso, si on ajoute Fekir, ce sont des joueurs qui avaient du talent, mais ce n’est pas ceux qui en avaient le plus, très honnêtement. Ce sont des joueurs qui ont énormément travaillé, qui avaient une grande force de caractère, qui ont respecté le métier en formation. Ils ont eu du mal, mais ils ont traversé les moments difficiles. »

 

Lloris et Umtiti ont débuté et complété cinq des six matchs de la France en Russie. Tolisso a été titularisé pour le premier match du tournoi contre l’Australie. Fekir a été appelé en renfort dans cinq rencontres.

 

« Nabil a traversé des moments difficiles parce qu’il avait beaucoup de concurrence à l’époque où j’étais entraîneur, a poursuivi Garde, bien plongé dans ses souvenirs. Samuel, il y avait beaucoup de questions autour de sa taille. On se demandait s’il était assez grand pour jouer défenseur central. Finalement, il a mis tout le monde d’accord. Et Tolisso, à 16 ans, était un tout petit joueur. Il avait mal au dos et n’avait pas joué pendant un an. Mais il avait une force mentale qui aujourd’hui est nécessaire pour traverser les épreuves dans le football. »

 

Garde est confiant de voir ses anciens élèves ramener leur pays au sommet de la grande pyramide du foot en fin de semaine.

 

« Mon sentiment, c’est qu’une finale, c’est toujours difficile. Les Croates ont fait un tournoi au niveau de l’état d’esprit, au niveau de la volonté, qui m’impressionne. J’espère qu’ils en auront un peu moins pour la finale », commence-t-il par souhaiter. 

 

« Je pense aussi que du côté français, il y a un peu plus d’expérience, poursuit-il. Je pense que la défaite en finale de l’Euro il y a deux ans va les aider. On a toujours un pronostic quand on est joueur, on évalue toujours l’adversaire comme le fait le commun des mortels. Je pense que cette fois-ci, la France est à l’abri de ce sentiment – pas de supériorité, mais d’excès de confiance. J’espère que ce sera une belle fête pour nous dimanche. »

 

Le joueur désigné Saphir Taïder, qui est né en France et qui a représenté le pays sur la scène internationale jusque chez les U21 avant de prêter allégeance à l’Algérie chez les seniors, supportera lui aussi les Bleus.

 

« Je pense que ça va être un match compliqué, mais les Croates ont beaucoup de minutes dans les jambes. Ils sont passés trois fois en prolongation. La France a donc une petite longueur d’avance à ce niveau-là, mais une finale ça se joue à fond. Donc honnêtement, c’est du 50-50, même si je pense que la France va l’emporter. »