MONTRÉAL – Il y a un mois, après la défaite de ses troupes à Houston, Rémi Garde avait défendu la rigidité de ses choix tactiques en arguant que les ressources qu’il avait à sa disposition ne favorisaient pas les expérimentations et les ajustements.

 

« Il y a des avantages dans le 4-2-3-1, certes, quand on a les joueurs adéquats pour ça », avait plaidé l’entraîneur quand on lui avait  reproché, de façon spécifique, son attachement à un déploiement en 4-3-3.

 

Le milieu de terrain Omar Browne, dont l’arrivée a été confirmée mardi matin par la direction de l’Impact, pourrait être la solution à cette limitation forcée, a lui-même évoqué Garde après avoir présenté son nouveau joueur aux médias. Si le Panaméen de 24 ans s’est avant tout fait connaître comme un ailier droit, son nouvel entraîneur préfère le décrire comme « un joueur offensif gaucher qui peut aussi jouer à droite, en faux pied comme on dit ». 

 

« Selon les défenses que l’on rencontre, le type d’équipe que l’on joue, ça donne des possibilités différentes, a développé Garde. Sachant qu’il est un peu plus à l’aise à droite, je l’ai aussi vu disputer des matchs derrière un attaquant. On va voir, on va le découvrir. On va essayer de tout faire pour le mettre à l’aise le plus rapidement possible. »

 

Ce n’est pas la première fois que l’Impact se targue d’avoir fait l’acquisition d’un joueur polyvalent qui pourrait lui permettre de présenter différents visages. Pas plus tard que l’année dernière, Alejandro Silva s’était retrouvé au centre de plusieurs expériences avant qu’on se résolve à le laisser sur l’aile droite, où il avait fini par démontrer une belle éclosion. Quelques années auparavant, on avait aussi vu en Johan Venegas ce joueur qui pourrait potentiellement évoluer à la position de milieu axial, appelé un « 10 » dans le jargon footballistique. À l’image de l’ensemble de son séjour, l’idée s’était toutefois avérée un échec.  

 

Dans cette quête d’un véritable meneur de jeu qui pourrait permettre une construction offensive plus diversifiée et créative, Browne semble être la nouvelle incarnation de l’espoir chez l’Impact.

 

« S’il est en soutien d’un attaquant, c’est dans un schéma de 4-2-3-1 qu’on n’utilise pas trop en ce moment, a confirmé Garde. Mais si je ne l’utilise pas, c’est parce que je pense qu’il ne correspond pas aux meilleures qualités individuelles des joueurs. Maintenant, si lui, dans les mois à venir, se révèle à ce poste-là, pourquoi pas? »

 

Browne (prononcé « Brown-ee »), qui portera le numéro 19, s’est entraîné pour la première fois avec ses nouveaux coéquipiers mardi. Puisqu’il a enfilé les matchs en février et en mars avec le CA Independiente, son dernier club panaméen, sa condition physique est jugée adéquate pour qu’il intègre immédiatement les rangs de sa nouvelle équipe. Des détails administratifs pourraient toutefois l’empêcher d’être de la partie samedi lorsque l’Impact visitera l’Union à Philadelphie.

 

« On fait le maximum, a promis Garde. J’espère que pour la fin de semaine ça sera possible. »

 

Un ennemi de l’ennemi

 

L’ajout de renfort en attaque ne sera pas de refus pour l’Impact. Même si elle connaît un début de saison au-delà des attentes, l’équipe n’a marqué que huit buts en sept matchs et attend toujours le résultat des plus récents examens médicaux subis par son joueur vedette Ignacio Piatti, absent depuis quatre parties.

 

Arrivé dans sa ville d’adoption il y a quelques jours, Browne était au Stade Saputo samedi pour assister à la victoire de sa nouvelle équipe contre le Crew de Columbus. Ce mince échantillon lui a suffi pour consentir à l’opinion populaire.

 

« L’équipe a très bien fait, mais il manquait un peu d’attaque, dit-il avoir remarqué. Je suis un joueur à vocation offensive et je crois que je pourrai apporter beaucoup à ce groupe. »

 

Comme les rumeurs entourant son arrivée circulaient depuis un bon moment déjà, Browne n’arrive pas ici en parfait inconnu. Les images du but spectaculaire qu’il a marqué contre Toronto FC en Ligue des champions de la CONCACAF ont fait le tour de la ville et confèrent une certaine crédibilité à la confiance qu’il semble démontrer.

 

En quatre matchs de Ligue des champions, contre Toronto et le Sporting Kansas City, il a inscrit deux buts et fourni une passe décisive, un échantillon qui laisse entrevoir de belles choses.

 

« Mes deux matchs contre Toronto ont été bons, mais toutes les équipes de la MLS ne sont pas égales, a-t-il prévenu par l’entremise d’un traducteur. Avec le temps, je vais m’ajuster et apprendre à connaître la ligue. D’ici là, tout ce que je peux faire c’est travailler fort. »

 

Browne avait eu vent qu’il était surveillé et qu’une bonne performance en Ligue des champions pourrait lui ouvrir une porte vers une championnat plus relevé et une vie meilleure.

 

« C’est un rêve que j’ai depuis que je suis petit de jouer à l’extérieur du Panama. Je suis très heureux, très émotif d’être ici. Je me sens très bien. »​