MONTRÉAL – Les détails échappent à Joey Saputo, mais l’anecdote n’en est pas moins savoureuse.

« Je pense que c’était en 1993, s’est avancé le président de l’Impact. J’avais donné un trophée à Nevio, je crois qu’il avait été élu meilleur joueur des rangs amateurs. En lui donnant le trophée, je me souviens de lui avoir dit : "J’espère vous voir dans l’uniforme de l’Impact l’année prochaine". »

L’année suivante, Pizzolitto faisait effectivement son entrée chez les professionnels avec le club de sa ville natale. Il en a joué 16, des saisons avec l’Impact, et son influence fut telle que jeudi, on a annoncé sa place sur le nouveau « Mur de la renommée » qui sera érigé au Stade Saputo dans le cadre des célébrations de son 25e anniversaire.

Pizzolitto y sera intronisé en compagnie de Gabriel Gervais, qui a été son coéquipier de 2002 à 2008. Ensemble, les deux joueurs ont notamment mené l’équipe à la conquête du championnat de la A-League en 2004.

« C’était le 18 septembre 2004, a précisé Gervais. Je le sais parce que c’est ma fête. C’est le plus beau moment de ma carrière professionnelle, quand on a remporté ce championnat à domicile. C’était un apogée parce que moi, quand je suis rentré avec l’Impact en 2002, on reconstruisait l’équipe. On avait vraiment un beau noyau de joueurs montréalais, des locaux, et on a réussi à mener cette reconstruction à terme avec le championnat. »

« Je crois que ça faisait dix ans que le club n’avait pas célébré de championnat, a partagé Pizzolitto. On avait une bonne équipe, on finissait toujours en première place, mais on ne livrait pas en séries. Le groupe qu’on avait cette année-là, c’était spécial d’en faire partie. C’est probablement le moment où j’ai été le plus heureux. »

Dans l’histoire de l’Impact, seul Mauro Biello a disputé plus de matchs et passé plus de minutes sur le terrain que Pizzolitto. Ce dernier a été capitaine lors des deux saisons qui ont précédé sa retraite et a été élu joueur défensif par excellence de l’Impact à trois reprises. En sa présence, l’équipe a remporté trois championnats de séries éliminatoires et cinq championnats de saison régulière.

Gervais est rentré au bercail après une saison à défendre les couleurs des Rhinos de Rochester, les grands rivaux de l’Impact à l’époque. « Ça avait été un peu plus difficile [de le courtiser], s’est rappelé Saputo. Il était allé à l’Université de Syracuse et avait décidé de rester dans la région par la suite. J’avais dû le convaincre de venir à Montréal. Aujourd’hui, j’espère qu’il est content d’avoir pris cette décision. Par la suite, on a battu Rochester et c’était toujours bien de le faire avec Gabriel de notre côté. »

Gervais s’est couvert d’honneurs pendant ses sept saisons en bleu-blanc-noir. Trois fois on l’a désigné comme le joueur défensif par excellence du club et en 2004, il a remporté le trophée Giuseppe-Saputo remis au joueur le plus utile de l’équipe. Il a également été élu meilleur défenseur de la USL à trois reprises.

« Je suis très heureux de partager cette reconnaissance avec Nevio, a humblement commenté Gervais. En plus d’être un très bon ami, ça a été mon partenaire à la défense pendant toute ma carrière professionnelle. En plus, à 14 ans, on jouait ensemble dans les équipes du Québec. On a grandi ensemble et je ne voudrais pas partager cet honneur avec quelqu’un d’autre. »

Quatre critères

Gervais et Pizzolitto, qui seront présentés à la foule à la mi-temps du match inaugural de la saison locale de l’Impact samedi au Stade olympique, respectaient les quatre critères identifiés par l’organisation pour être admissibles au Mur de la renommée.

Pour pouvoir aspirer à cet honneur, un joueur doit avoir disputé son premier match avec l’Impact il y a au moins quinze ans et avoir quitté le club depuis au moins cinq ans. Il doit aussi avoir joué au moins 100 matchs en bleu-blanc-noir et s’être signalé en remportant des honneurs individuels ou collectifs durant leur carrière.

« Ce sont deux piliers, deux joueurs qui ont marqué l’équipe et deux joueurs locaux, a souligné Saputo. Pour nous, ça a toujours été important de donner de la visibilité à nos jeunes joueurs québécois. Si on regarde les critères qu’on avait, le choix était facile. »

Éventuellement, des joueurs qui ont marqué la jeune histoire de l’Impact en MLS feront leur apparition sur le mur, mais « on veut vraiment faire ressortir les joueurs qui ont marqué les 25 ans », précise Saputo.

Selon les balises instaurées par le comité de sélection, d’anciens joueurs désignés comme Marco Di Vaio (88 matchs) et Didier Drogba (33 matchs) n’auraient pas leur place sur le mur. Patrice Bernier n’y serait quant à lui admissible qu’après la saison 2022.