MONTRÉAL - La présence probable de Didier Drogba dans le onze partant de l’Impact samedi contre le Toronto FC influencera inévitablement la façon dont l’entraîneur Mauro Biello disposera du reste de ses pions dans le tiers offensif.

Dominic Oduro, qui a été utilisé à la position d’attaquant pendant que Drogba se remettait d’une blessure à un genou, est tout aussi à l’aise – sinon plus – dans un rôle d’ailier sur le flanc droit. Il a d’ailleurs récolté deux passes décisives après y avoir été muté en cours de match la semaine dernière à Chicago. Cette portion du terrain a toutefois été confiée au nouveau venu Lucas Ontivero lors du premier mois de la saison.

« Dom est un joueur polyvalent, constate Biello. C’est sûr que sa vitesse l’aide à déséquilibrer. On l’a utilisé comme attaquant et il a fait son travail. Dans le dernier match, on l’a utilisé comme ailier droit et il a été capable d’avoir du succès. Pour moi, c’est un luxe de pouvoir compter sur un joueur comme lui. »

« Je pense qu’il peut nous apporter encore beaucoup dans l’axe et puis aussi comme il l’a fait l’année dernière sur le côté, renchérit Drogba. C’est vrai qu’il est dans une bonne dynamique. Je pense que même si je reviens, il ne doit rien changer à son jeu. »

Ontivero a amorcé cinq matchs de suite dans ce couloir avant qu’une blessure ne l’empêche de faire le voyage à Chicago. L’Argentin a réintégré le groupe à l’entraînement pour la première fois depuis mercredi.

Ontivero et Drogba se sont déjà côtoyés sous les couleurs du club turc Galatasaray en 2014, mais n’ont toujours pas foulé le terrain en même temps depuis qu’ils se sont retrouvés chez l’Impact.

« On s’entraînait déjà ensemble à l’époque, alors on a quelques affinités, il y a quelques connivences, a reconnu Drogba. On va essayer de retrouver ça au fil du match et au fil de la saison. C’est un joueur qui nous apporte sa vitesse, sa capacité de changer de direction assez rapidement et son adresse devant le but. »

« Cette chimie, c’est important pour Lucas, mais aussi pour les autres joueurs qui n’ont pas encore eu l’occasion de jouer avec Didier, a ajouté Biello. Ça va prendre un peu de temps avant de s’installer, mais je sais que ça peut éventuellement donner des bonnes choses. »

« Un derby, c’est fait pour être gagné »

Les partisans de l’Impact gardent un bon souvenir des deux dernières visites du Toronto FC au Stade Saputo.

En octobre dernier, l’Impact avait conclu sa saison régulière avec une victoire de 2-1 sur ses rivaux ontariens, un résultat qui l’assurait alors du troisième rang au classement final de l’Association de l’Est et de l’avantage du terrain pour le premier tour des séries éliminatoires.

Les deux ennemis s’étaient retrouvés quelques jours plus tard, dans le même décor, et la victoire des locaux avait été encore plus convaincante. Avec un 3-0 confirmé avant même la fin de la première mi-temps, Montréal s’était offert le plaisir d’éliminer Toronto d’une deuxième compétition d’envergure au cours de la même saison.

Ce programme double teinté de succès avait servi d’initiation à Drogba à ce derby canadien. L’attaquant ivoirien, qui avait apporté sa touche personnelle au balayage en fournissant trois buts, s’est dit convaincu que les Reds, qui seront de retour sur les lieux du crime dont ils furent les victimes samedi, ont toujours cet affront en tête.

« C’est une équipe revancharde parce que je pense qu’ils n’ont pas oublié ce qui s’est passé la saison dernière lors de ces deux matchs », se méfiait le célèbre Éléphant.

« En plus de cela, ils ont bien démarré la saison, ils font bien dans les matchs à l’extérieur, donc c’est une tout autre saison. […] J’espère qu’on ne sera pas trop excités, trop euphoriques de jouer notre premier match au Stade Saputo. »

Si l’Impact domine le classement de l’Est avec une récolte de 12 points après six matchs, le TFC s’en tire lui-même plutôt bien étant donné les circonstances difficiles qui lui sont imposées depuis le début de la saison. Forcée de jouer ses huit premiers matchs à l’étranger pendant que des travaux de rénovation affectent la disponibilité de son domicile, la troupe de l’entraîneur Greg Vanney a récolté des points dans quatre de ses six premières parties.

En 2015, les succès du Toronto FC reposaient principalement sur la production de Sebastian Giovinco. Avec 22 buts et 16 passes décisives, la Fourmi atomique a été la principale source de production d’une attaque qui s’est classée au deuxième rang dans l’Est avec une récolte de 58 buts. Mais toutes les prouesses de celui qui allait être élu joueur par excellence de la MLS n’ont pu camoufler les défauts de la pire formation défensive de son association.

Cette année, l’influence positive de Giovinco est toujours la même, l’Italien ayant marqué quatre des six buts des siens jusqu’ici. Mais son équipe montre une approche défensive plus soignée qui lui permet jusqu’ici d’accorder une moyenne inférieure à un but par match.

« Ils ont changé un peu leur style, reconnaît l’entraîneur de l’Impact Mauro Biello. Il y a beaucoup d’accent sur la défensive. Tu le vois dans tous leurs matchs, comment ils défendent, et leur bloc est très serré. On s’attend à une équipe très compacte qui ne va pas donner beaucoup d’espace. »

Une victoire permettrait à l’Impact de conserver l’ascendant sur son plus grand rival, bien sûr, mais surtout de s’assurer de conserver son avance en tête du classement de l’Est, qui est présentement de trois points sur l’Union de Philadelphie et Orlando City SC.

« C’est une bonne rivalité, je peux voir que nos partisans y sont très investis. Et un derby, c’est fait pour être gagné, on doit le gagner. Mais au bout du compte, c’est seulement trois points », relativise Drogba.