MONTRÉAL – Cinq vétérans qui ont franchi ou qui flirtent avec le plateau des 100 matchs d’expérience en MLS étaient en uniforme pour l’Impact samedi à Washington. Derrière eux, on retrouvait trois joueurs dans la fleur de l’âge qui comptent parmi les plus généreusement rémunérés de l’équipe et deux sages trentenaires trimballant avec eux une vaste expérience dans les plus grands championnats d’Europe.

 

Tout ce beau monde formait un groupe de titulaires stable qui était reconduit pour un troisième match consécutif. Et en son sein, personne ne pouvait prétendre ignorer l’enjeu de ce qui avait été identifié sur toutes les tribunes comme « le match de l’année ».

 

Et pourtant.

 

Contre l’adversaire qui représente sa plus grande menace dans sa quête d’une qualification pour les séries éliminatoires, l’Impact a subi une raclée dont ses joueurs ressentaient toujours les effets deux jours après les faits. Un 5-0 gênant qui, comme l’a exprimé le défenseur Daniel Lovitz avec éloquence mardi, est difficilement pardonnable dans le contexte où il a été encaissé.

 

« Ce match est l’exemple parfait de ce qui arrive lorsqu’on s’apitoie sur son sort dès que les choses commencent à mal tourner, s’est désolé le latéral gauche. C’est la meilleure façon de sortir d’un stade avec cinq buts pris dans la gorge. On peut concéder un, deux et merde peut-être même trois buts, mais à un certain moment il faut se fâcher et se décider à stopper l’hémorragie, peu importe la façon dont on s’y prend pour arriver. Mais il n’y a pas eu de réaction du genre et c’est ce qui nous a tués. Le pointage le reflète bien. »

 

Dans un élan de franchise aussi honorable que désarmant, Lovitz a admis que l’Impact s’était complètement effacé après le deuxième but du D.C. United, inscrit tôt en deuxième demie, et qu’il avait été coulé par un « sévère manque de leadership ». C’est une défaillance qu’il peine à expliquer dans le contexte actuel.

 

« Je crois que c’est ce qui est le plus alarmant. Le résultat est certainement décourageant, mais je pourrais écrire un livre sur la manière dont on a perdu. Chaque but accordé a son propre chapitre et le nom de chacun d’entre nous, y compris le mien, y est inscrit. Notre réponse devant l’adversité n’était même pas proche d’être adéquate et nous sommes tous à blâmer pour ça. On a tous le potentiel d’être un leader, c’est pour ça qu’on est ici, et on a tous échappé la balle. On ne s’est pas présentés. »

 

Une telle contre-performance est d’autant plus incompréhensible qu’elle survient à la suite d’une séquence franchement encourageante. L’Impact avait été si impressionnant contre les Red Bulls de New York et l’Union de Philadelphie que le match nul de 1-1 qu’il avait soutiré au New York City FC, un club de pointe qui lui a donné beaucoup de fil à retordre au cours des dernières années, avait été considéré comme une déception une semaine plus tôt.

 

Mais autant il lui arrive de briller dans le rôle de négligé, autant le Bleu-blanc-noir a tendance à s’effacer quand les probabilités penchent en sa faveur. Sa plus récente débandade en est un autre exemple.

 

Tout comme Lovitz, Evan Bush a déploré la « naïveté » du onze montréalais dans la capitale américaine.

 

« [D.C. United] a marqué un deuxième but tôt en deuxième demie et j’ai eu l’impression que nos gars... on a arrêté de jouer. Ça a passé de travers et j’ai toujours de la misère à le digérer », bougonnait le gardien, qui n’avait pas sa verve habituelle au retour à l’entraînement mardi.

 

« Pourtant, la mi-temps s’est bien passée, je sentais l’équipe en confiance après une première demie au cours de laquelle on avait quand même généré de bonnes occasions, a développé Bush. Mais parfois, ça peut être un problème. On était peut-être trop confiants et on a été un peu naïfs à notre sortie du vestiaire. »

 

Quel est le véritable visage de l’Impact? Le simple fait que cette question soit toujours d’actualité alors qu’il ne reste que trois matchs à rayer au calendrier de la saison régulière fait craindre le pire.

 

« Je vous le dirai quand je le saurai, a répondu Bush, aussi rassuré que rassurant. On vient de jouer trois matchs où l’enjeu était très élevé et on s’est écrasés à deux reprises, soit à Toronto et D.C. Il nous reste trois matchs tout aussi importants. Ils seront l’occasion d’obtenir ces réponses. »

 

« C’est le pire moment imaginable pour apprendre ce genre de leçons, réalise Lovitz. Ça n’a pas sa place dans une lutte comme celle que nous livrons présentement. Néanmoins, il faudra s’y pencher et se relever avec des solutions très rapidement. » ​