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MONTRÉAL – Lorsqu’il a pris en 2014 la décision de quitter l’Olympique lyonnais, le club au rythme duquel avait toujours battu son cœur, Rémi Garde s’est dit qu’un changement d’air lui ferait probablement le plus grand bien.

 

« J’avais envie de vivre d’autres expériences, a-t-il raconté mercredi lors de sa première journée dans la chaise de l’entraîneur-chef de l’Impact. Ça fait partie de ma personnalité, de ma nature. J’ai eu quelques sollicitations, pas mal de propositions même depuis ce temps-là. J’ai toujours privilégié l’étranger. »

 

Cette volonté allait le mener trois ans plus tard à Montréal, bien loin des grands championnats dans lesquels il s’était probablement imaginé. Garde l’admet d’emblée : « La MLS, ce n’est pas quelque chose à laquelle j’avais pensé immédiatement, évidemment. »

 

Garde n’était pas en territoire totalement inconnu la première fois qu’il est sorti de la France pour faire avancer sa carrière d’entraîneur. Ancien capitaine du prestigieux club d’Arsenal, où il a évolué sous les ordres du légendaire Arsène Wenger, c’est aussi en première ligue anglaise qu’il a obtenu la chance de progresser derrière les lignes de touche.

 

Aston Villa croulait en fond de classement, avec une seule victoire en dix matchs, lorsque Garde y a été appelé en renfort au début de la saison 2015-2016. « Ne nous faisons pas d’illusions, avait à l’époque affirmé à la BBC Gérard Houllier, lui-même un ancien entraîneur à Aston Villa. Dans le contexte actuel, échapper à la relégation serait aussi bon pour le club que remporter un championnat. »

 

Garde a accepté le défi avec enthousiasme, mais n’a pu sauver sa nouvelle équipe du naufrage et seulement cinq mois après son embauche, il a été remercié. Mercredi, le nouvel homme de confiance de Joey Saputo est resté évasif sur cette étape de son parcours.

 

« Je ne peux pas trop en parler, en fait, parce qu’un devoir de confidentialité envers ce club m’empêche d’entrer dans les détails. Mais je n’ai pas eu que des mauvaises expériences là-bas. Je veux même dire que j’en ai tiré beaucoup de conclusions et je pense que ça m’a rendu plus fort. »

 

Cette force nouvelle, Garde n’a pas jugé bon d’aller la mesurer dans l’immédiat. Il dit avoir reçu des offres pour revenir en France, mais après avoir grandi dans l’organisation de Lyon, il se sentait incapable de défendre les couleurs d’un autre club de Ligue 1. Quelques équipes de la MLS sont aussi entrées en contact avec lui sans toutefois pouvoir trouver les arguments pour le convaincre de traverser l’Atlantique.

 

« On m’a souvent demandé, même quand j’ai pris un break après Lyon, pourquoi je ne continuais pas. Je veux grandir comme entraîneur, mais je veux aussi grandir en tant qu’homme, en tant qu’être humain et pas forcément me retourner un jour et dire que c’est moi qui détient le meilleur palmarès. J’aimerais et j’espère qu’il va s’étoffer, mais je crois qu’il faut être honnête avec soi-même. J’ai pris un break parce que j’avais besoin d’en prendre un, parce que ce métier est très difficile et je ne voulais pas l’exercer à moitié. »

 

« Dans mes recherches aujourd’hui, j’avais une sorte de démangeaison, d’envie énorme de reprendre, mais pas de reprendre n’importe quoi, n’importe comment. C’est pour ça que ça a pris un peu de temps. J’ai senti quelque chose de spécial dans l’approche qu’il y avait ici de la part de l’Impact pour moi. »

 

« C’est loin d’être un choix par défaut »

 

Rémi Garde n’avait mis les pieds à Montréal qu’une seule fois avant de venir y signer le contrat qui le lie désormais avec l’Impact pour les trois prochaines années. En 2012, à sa première saison à la barre de l’Olympique lyonnais, il était venu diriger son équipe dans un match amical au Stade Saputo en marge du Trophée des champions, une rencontre opposant le champion en titre de Ligue 1 – en l’occurrence Montpellier - au plus récent vainqueur de la Coupe de France.

 

« J’avais toujours gardé un œil et gardé à l’esprit la bonne ambiance qu’il y avait eu ce soir-là au Stade Saputo. J’avais gardé ça dans un coin de ma tête », a dit Garde mercredi.

 

Mais la révélation, ce qui a véritablement ouvert les yeux du Rhodanien, a été le passage de 18 mois de Didier Drogba dans la métropole québécoise.

 

« [Ça] a été un projecteur sur le club en France, en Europe. Le fait qu’un immense joueur comme lui vienne ici et réussisse, ça voulait dire qu’il y avait quand même des bases pour exercer sa passion à son niveau. Ce sont des choses importantes qui m’ont alerté. »

 

Joey Saputo soutient qu’il a commencé à étudié la candidature du Français au cours de l’été, alors que l’Impact peinait à s’extirper de la médiocrité, et que c’est à l’automne que le premier contact a été formellement établi. Pour l’aider à prendre une décision éclairée, Garde s’est basé sur ses conversations avec un vieil ami. Patrick Vieira, avec qui il avait joué pendant trois saisons à Arsenal, était maintenant en charge du New York City FC. Personne dans son entourage n’était mieux placé pour l’éduquer sur les réalités du circuit Garber.

 

« Au fil de nos discussions, il m’a dit beaucoup de bien sur la qualité du travail qu’il pouvait accomplir ici. Il m’a aussi dit que c’était une ligue en expansion. Ça m’a ouvert l’esprit, ça m’a donné envie d’éventuellement m’y intéresser. [...] Quand il m’a dit qu’il y avait la possibilité de bien travailler en tant qu’entraîneur, d’exercer son métier de manière relativement sereine, ça m’a interpellé. Ça allait dans le sens du projet que je cherchais. »

 

Rémi Garde ne débarque pas à Montréal avec ses gros sabots. À plusieurs reprises lors de sa première rencontre avec les médias, il a insisté sur le fait qu’il n’avait pas le monopole des bonnes idées et qu’il n’avait pas l’intention de tout détruire ce que l’Impact a bâti sans lui au cours des dernières années. Il a d’ailleurs identifié la nécessité de s’entourer d’adjoints familiers avec la MLS et le soccer nord-américain comme l’une de ses priorités.

 

Il ne vient évidemment pas non plus en quête de prestige. « Je sais très bien qu’en venant ici, mon nom dans la presse européenne et française ne sera pas cité aussi souvent que si j’avais accepté les propositions que j’ai eues en Europe à gauche et à droite. Ça ne me dérange pas d’avoir mon nom dans le journal, mais ce n’est pas ce qui me fait courir. »

 

« Je suis très motivé. C’est loin d’être un choix par défaut », a-t-il assuré.​