MONTRÉAL – Saphir Taïder se contorsionnait depuis quelques secondes devant les lentilles, tentant de sourire à la caméra tout en exhibant le numéro 8 qui ornait l’arrière de son nouveau maillot, quand Rémi Garde s’est permis une demande spéciale aux photographes.

« Il ne faudrait quand même pas le blesser avant qu’il commence! », a lancé en souriant l’entraîneur-chef de l’Impact, qui venait de présenter officiellement, à la veille du lancement du camp d’entraînement, la plus grosse prise de son premier mercato en MLS.

Taïder, qui s’amène à Montréal avec le titre de joueur désigné et un contrat de trois ans (plus une année d’option) en poche, a reçu son nouveau gaminet des mains de son ancien détenteur, le capitaine retraité Patrice Bernier. La transaction, effectuée juste avant que Garde n’introduise six autres de ses trouvailles hivernales, officialisait en quelque sorte la transition entre le club dont avait hérité le nouvel entraîneur et celui qu’il a commencé à forger.

Garde a décrit sa nouvelle acquisition comme un milieu de terrain solide, actif dans les trois phases du jeu et « capable d’évoluer à différentes positions et dans différents systèmes ».

« Comme c’est souvent le cas avec les joueurs provenant des pays du Maghreb, il possède de très bonnes qualités techniques. Le fait qu’il ait joué pendant si longtemps en Italie explique aussi ses connaissances tactiques au-dessus de la moyenne et physiquement, je crois qu’il sera en mesure de relever le challenge physique de la MLS », a énuméré Garde.

Taïder, un Franco-algérien de 25 ans, arrive en provenance du Bologne FC, le club de première division italienne qui est la propriété du président de l’Impact Joey Saputo. Malgré son jeune âge, il a déjà passé sept saisons en Serie A, portant également les couleurs de  la Juventus Turin et de l’Inter Milan.

À première vue, un transfert en Amérique du Nord apparaît comme un pas en arrière dans sa progression professionnelle. Garde a d’ailleurs hésité quelque peu avant d’affirmer qu’il n’avait pas été difficile de convaincre Taïder de passer de l’autre côté de l’Atlantique.  

« Nous avons eu de longues conversations, n’a pas caché le nouveau pilote montréalais. D’un point de vue footballistique, nous avons plusieurs points en commun et ça ne m’a pas demandé trop d’effort. Il m’a posé beaucoup de questions, mais seulement parce qu’il en connaissait peu à propos de la MLS. Mais nous lui avons fourni les réponses qui ont facilité sa décision. »

« C’est un challenge que j’ai envie de relever »

Qualifiant son choix de « réfléchi », Taïder a dit avoir été charmé par le projet de jeu et la vision de son nouveau patron.

« Ce qui m’a donné envie, c’est le coach et les discussions que j’ai pu avoir avec lui. C’est primordial. On a parlé exclusivement de sport et de foot, c’est ce qui m’a plu. [...] J’ai 25 ans, j’aurais pu rester en Europe. Je suis venu pour gagner des trophées. Je n’ai pas eu la chance de faire jusqu’à maintenant et je viens ici pour gagner. Je ne viens pas ici pour me dire que tout va bien et que j’ai tout ce que je veux. Je viens ici parce que j’ai envie de gagner le championnat. »

« De nos jours, le football n’a plus de frontières a ajouté l’international algérien. Je suis jeune, mais c’est un challenge que j’ai envie de relever. »

L’arrivée de Taïder avec le bleu-blanc-noir ferme officiellement le délicat dossier que l’Impact avait été forcé d’ouvrir à la suite du départ de Blerim Dzemaili, qui avait émis le souhait de quitter le club montréalais afin de retourner en Italie. Les deux hommes se sont parlé au téléphone avant que Taïder n’accepte de faire le chemin inverse.

« Il aimait beaucoup la ville et a pris du plaisir durant ses six ou sept mois ici. Il a dû quitter pour des raisons personnelles, mais il ne m’en a parlé qu’en bien. Et en parlant de la MLS, il m’a dit que c’était beaucoup moins tactique qu’en Italie et que si j’étais bien physiquement et que je travaillais bien, j’allais y prendre du plaisir. »

Des individualités à rassembler

Avant de retourner à la planification de son premier camp d’entraînement à la barre de l’Impact, Garde a présenté le reste de ses emplettes d’entre-saison, un groupe hétéroclite qui formera au cours des prochains mois le nouveau noyau de l’Impact.

Ainsi, le gardien Clément Diop, les défenseurs Zakaria Diallo, Raheem Edwards, Jukka Raitala et Michael Petrasso ainsi que le milieu de terrain Jeisson Vargas ont tous enfilé pour la première fois leurs nouvelles couleurs devant les caméras.

Au cours des prochaines semaines, la mission de Garde et de son groupe d’adjoints sera non seulement de bien transmettre sa philosophie de jeu à ses nouveaux joueurs, mais aussi d’assembler toutes ces individualités afin qu’elles forment un tout solide et dévoué au moment de commencer la saison.

« Les deux sont fortement imbriquées l’une dans l’autre, a opiné le stratège. Si on est bons sur le terrain, ça va quand même "régler" pas mal de problèmes ou d’inquiétudes, parce que finalement, on est là pour gagner des matchs. On n’est pas là pour visiter la ville ou pour bien vivre ensemble, on est là pour gagner des matchs. Ça, c’est l’objectif. Comment on fait pour gagner des matchs? Ça c’est mon métier. Bien sûr, à l’intérieur de ça, vu qu’on va passer beaucoup de temps ensemble, il y aura aussi du temps prévu pour [créer une chimie], mais je ne le mets pas en priorité. »​