MONTRÉAL – L’Impact foulera le terrain dans un contexte particulier mercredi au Stade Saputo.

 

En raison des nombreuses blessures qui affligent l’équipe et de la poignée de ses joueurs qui ont simultanément été appelés en équipe nationale, le Bleu-blanc-noir habillera une formation incomplète contre les Sounders de Seattle, au point où l’entraîneur-chef Rémi Garde n’aura même pas assez de soldats à sa disposition pour atteindre le maximum de 18 que la MLS permet d’avoir en uniforme pour un match.

 

Concrètement, ça donnera quoi? Une approche tactique inusitée, des changements de position forcés, des joueurs un peu déboussolés? Peu importe le plan que concocteront Garde et ses adjoints, Evan Bush est convaincu d’avoir vu pire.

 

Le gardien de l’Impact a partagé une anecdote savoureuse lundi après un léger entraînement pour lequel il avait obtenu congé au Centre Nutrilait. L’histoire nous ramène dix ans en arrière, alors que Bush effectuait ses débuts professionnels pour un défunt club de deuxième division à la position... d’attaquant.

 

« On était au Porto Rico pour y disputer deux matchs, un le mardi et l’autre le samedi je crois, raconte Bush. Deux gars se sont blessés dans le premier match et on avait déjà une équipe assez modeste à l’époque. Le deuxième match arrive, je crois que c’était 1-1 tard en deuxième demie, on avait déjà effectué deux substitutions et l’entraîneur voulait écouler un peu de temps, mais notre banc était vide. Notre entraîneur des gardiens lui alors dit que j’étais en pleine forme et lui a suggéré de m’envoyer dans la mêlée. »

 

Bush se souvient donc d’avoir passé les cinq premières minutes de sa carrière en pointe à tenter très fort de ne pas trop faire un fou de lui-même.

 

« Le gardien de Porto Rico était Bill Gaudette et dans les arrêts de jeu, je me suis présenté seul devant lui. Évidemment, j’ai complètement bousillé ma chance. Bill a récupéré la balle au sol, m’a donné un coup de coude dans le dos et s’est mis à courir vers l’avant. Je n’avais aucune idée qui il était à l’époque. »

 

Une décennie après ce baptême insolite, Bush ne peut s’empêcher de sourire devant l’ironie de la chose : un an et demi après cette confrontation inégale, Gaudette et lui se retrouvaient dans le même uniforme, celui de l’Impact de Montréal.

 

Tout ça pour dire que Bush, même s’il ne s’attend pas à devoir quitter le confort qu’il retrouve entre les poteaux mercredi, ne tomberait pas des nues si l’un de ses adjoints était appelé en renfort dans une situation d’urgence.

 

« Même si Clément [Diop] plaisante souvent en disant qu’il aimerait jouer dans le champ, comme on dit, non. Bien sûr que non », a assuré Garde devant l’évocation de ce scénario. « On va faire face à cette situation du mieux possible et avec cohésion, je l’espère. »

 

À armes égales

 

Élément de consolation non-négligeable pour l’Impact : leurs prochains adversaires doivent gérer une précarité similaire au niveau de leur formation.

 

Selon le site officiel de l’équipe, les Sounders pourraient être privés de onze joueurs pour leur passage à Montréal. Parmi les absences les plus significatives, on recense celle du joueur désigné Nicolas Lodeiro (2 buts, 8 passes décisives) et de l’as buteur Raul Ruidaz (6 buts), respectivement convoqués par l’Uruguay et le Pérou en vue de la Copa América. Jordan Morris et Cristian Roldan manqueront également à l’appel.

 

En défense, Brad Smith et Roman Torres risquent d’être en équipe nationale tandis que Kim Kee-hee représente un cas incertain en raison d’une blessure.

 

Bref, à l’instar de Rémi Garde, l’entraîneur-chef Brian Schmetzer risque d’avoir un banc famélique à sa disposition pour ce dernier match avant la pause internationale de juin. Bush, qui s’était décidément levé du bon pied lundi, a suggéré à la blague que les deux équipes devraient plutôt organiser un match de 5 contre 5 au niveau complexe de son ancien coéquipier Hassoun Camara.

 

« Ils forment évidemment une excellente équipe quand tout le monde est là, mais ça ne sera pas le cas. On sait que Will Bruin y sera, on connaît bien Harry Shipp aussi et Stefan Frei est un très bon gardien. Pour le reste, je ne sais pas trop à quoi m’attendre », a avoué le vétéran cerbère.

 

Quête de constance

 

Avec ces alignements troués, il est encore plus difficile de prévoir quelle version de l’Impact se présentera au rendez-vous pour ce troisième match en huit jours. Depuis le début de la saison, le onze montréalais a peiné à offrir un rendement constant, enchaînant régulièrement les performances inspirantes et les échecs lamentables.

 

La dernière semaine peut être vue comme un microcosme de cette réalité : après avoir offert une performance propre contre un Real Salt Lake qui avait remporté ses trois parties précédentes, l’Impact s’est complètement écrasé contre un Orlando habituellement plus nul que nul sur les terrains adverses.

« Je pense qu’on doit faire beaucoup mieux en terme de concentration sur 90 minutes, identifie Garde. Individuellement et collectivement, on a des sautes de concentration qui nous pénalisent et aussi des moments dans le match ou on doit être beaucoup plus solidaires, avoir une cohésion de groupe, être capable de faire les efforts les uns pour les autres et d’avoir des ondes positives en permanence pendant 90 minutes. Ces facteurs sont pour moi très importants pour une équipe qui recherche la constance. »