MONTRÉAL –  La nouvelle avait à peine suscité un froncement de sourcil quand, en juin, la MLS avait annoncé sa décision de transférer temporairement le Nashville SC dans l’Association Est afin de faciliter l’organisation du tournoi de relance qui se préparait en Floride.  

Dans le contexte de l’époque, tout le monde avait bien d’autres chats à fouetter. À quoi bon s’en faire avec le sort d’une petite équipe d’expansion, pas vrai?

Sauf que quatre mois plus tard, cette équipe d’expansion est en train de jouer les trouble-fêtes dans sa partie du tableau. La formation du Tennessee occupe le huitième rang du classement dans l’Est. Elle n’a perdu qu’une seule de ses huit dernières parties (3-1-4) et possède un match en main sur toutes les équipes qui l’entourent. Ces données permettent de croire qu’elle a de bonnes chances d’améliorer son sort dans les deux dernières semaines du calendrier.

Nashville devance l’Impact par deux points au classement. Les deux équipes s’affronteront mardi soir au Red Bull Arena, le domicile de fortune des Montréalais.   

« On va jouer contre une équipe agressive dans le bon sens du terme, a analysé un Thierry Henry très élogieux envers son prochain rival lundi. Ils sont très bons sur les coups de pieds arrêtés, les longues touches. Ils jouent directement sur les deux attaquants, chose qu’on n’aime pas trop. À chaque fois qu’on a joué contre une équipe comme ça, on n’a pas été très bon. Donc voilà, le challenge il est là. »

Nashville vient de prendre sept points sur une possibilité de neuf à ses trois derniers matchs. Après avoir mis à mal le Dynamo de Houston et le FC Dallas, il a échappé une avance en fin de match et s’est contenté d’un nul contre le Revolution de la Nouvelle-Angleterre vendredi dernier.

Des sept buts marqués au cours de cette séquence, celui de Walker Zimmerman contre les Revs illustre peut-être le mieux ce dont se méfie Henry à l’approche du duel. Sur un coup de pied de coin à la 74e minute, le défenseur de 6 pieds 3 pouces a surgi derrière deux adversaires et a placé sa tête avec autorité sur le service pour le rediriger dans les cordages.

« Les touches, les corners, les coups francs, quand Zimmerman monte, j’ai l’impression qu’il sait que la balle va être pour lui, a noté Henry. Il attire les ballons, les coups de tête qu’il met, les buts qu’il met, les problèmes qu’il pose sur les coups de pieds arrêtés... On sait très bien à quoi s’attendre. »

« Ils forment une équipe imposante et quand on leur offre un coup de pied arrêté, ils semblent croire à chaque fois qu’ils peuvent marquer, remarque le défenseur Luis Binks. À l’opposé, je dirais que c’est quelque chose qu’on doit ajouter à notre mentalité. Ça fait un bon moment qu’on n’a pas marqué dans ce genre de situation. Peut-être qu’on n’y croit pas assez. En tout cas, eux ils y croient. »

« Un ballon est en l’air, il faut le gagner, a renchéri Henry. C’est une équipe qui est très bonne à faire ça. Ils savent aussi jouer au ballon, attention, mais c’est une équipe peut-être un peu plus directe que NYCFC, avec des joueurs qui ont l’expérience dans cette ligue, […] des joueurs directs, puissants, physiques. On va se retrouver contre une équipe vraiment redoutable sur ce genre de situation. »

Une défensive « rigide »

On peut argumenter que la récente production offensive du Nashville SC n’est qu’un mirage. Après tout, l’équipe n’avait marqué que 12 buts en 16 matchs avant de se trouver un penchant pour l’attaque dans la dernière semaine. Avec trois réussites à sa fiche, Zimmerman est d’ailleurs son meilleur buteur, à égalité avec deux coéquipiers.

Mais son efficacité défensive, elle, n’a rien de passagère. Depuis le début de la saison, la troupe dirigée par Gary Smith n’a concédé que 18 buts. Seules trois équipes – Philadelphie, Columbus et la Nouvelle-Angleterre - ont fait mieux dans l’Est.

L’Impact, en guise de comparaison, a donné 39 buts, plus du double.

« C’est une équipe old school, pour moi. Old school Premier League, old school Championship. Sa ligne à quatre à l’arrière est très étanche. Il y a aussi pas mal de matchs où ils ont joué avec une ligne à cinq pour déranger les équipes qui font monter leurs latéraux haut. Mais c’est rigide. […] On les a joués en présaison et ça avait été vraiment très difficile. Un combat derrière, devant, au milieu. Ils avaient marqué sur corner d’ailleurs. »  

Revenu d’un séjour en équipe nationale, le capitaine Jukka Raitala a complété sa période d’isolement obligatoire et sera à la disposition de son entraîneur mardi. Même chose pour Clément Diop, qui avait dû retourner en France pour des raisons personnelles. Henry n’a toutefois pas confirmé qu’il retrouverait automatique son filet, gardé de belle façon par James Pantemis en son absence.

L'Impact retrouvera un visage familier dans le camp adverse. Daniel Lovitz, qui a passé trois saisons au sein de la défensive montréalaise, est le latéral gauche de confiance de Nashville depuis qu'il y a été échangé en novembre. L'Américain de 29 ans a débuté 17 des 19 matchs de l'équipe.

La défaite ne semble pas une option pour le Bleu-blanc-noir, qui court toujours le risque d’être aspiré sous la ligne rouge par trois des quatre clubs qui s’y trouvent. Montréal détient pour l’instant une avance de deux points sur Miami, dernière équipe qualifiée, et Chicago, qui possède un match en main.

« Il y a environ huit équipes qui sont dans le même bateau, calcule Henry. On essayera de rester dessus. »