MONTRÉAL – Au classement de la saison 2020, peu de choses séparent le Revolution de la Nouvelle-Angleterre de l’Impact de Montréal. Les deux équipes ont fini l’une derrière l’autre, aux huitième et neuvième rangs, avec soit dit en passant le même nombre de victoires.

L’impression d’une disparité beaucoup plus accentuée émane toutefois de l’analyse du duel que les deux rivaux s’apprêtent à se livrer au premier tour des éliminatoires de la MLS.

En raison de réarrangement du calendrier causé par la pandémie de COVID-19, les hommes de l’entraîneur Thierry Henry et ceux de son homologue Bruce Arena s’affronteront pour la cinquième fois de l’année vendredi soir sur le terrain du Gilette Stadium. Les Montréalais ont remporté le premier affrontement – c’était l’époque où on pouvait encore mettre deux équipes sur un même terrain au Québec. Depuis, le Revolution n’a plus flanché. Il a gagné les trois rendez-vous suivants par un score cumulatif de 7-3.

Il vient de là, au fond, ce sentiment que l’Impact n’est pas sorti du bois et que son retour dans le tournoi d’après-saison de la MLS pourrait bien n’être qu’une histoire d’un soir.

Rod Fanni, toutefois, est prêt pour du sérieux et ce qu’il a vu depuis que ses coéquipiers et lui ont assuré leur qualification pour cette nouvelle étape lui fait dire qu’il n’est pas le seul.

« On ne les a pas souvent rencontrés dans nos meilleurs moments, mais ce que je sais et ce que je sens aujourd’hui, c’est qu’ils vont rencontrer un tout autre Montréal qui est beaucoup mieux et qui a beaucoup plus d’allant. Plus de fraîcheur en tout cas sur le terrain », a prévenu le vétéran défenseur jeudi.

« Ça dépend, a répondu Henry quand on lui a demandé s’il sentait que sa troupe était due pour renverser la tendance. Parfois, vous en arrachez pendant longtemps contre une équipe et éventuellement, vous finissez par la battre. On ne sait jamais quand ça va arriver. J’espère que ça sera demain pour nous, mais ça ne sera pas facile. C’est évident que nous serons les négligés. »

Au centre de l’argumentaire de Henry réside l’absence prévue de nombreux joueurs clés dans le camp montréalais. Le milieu de terrain sera amputé des vétérans Victor Wanyama et Samuel Piette. Le premier, le seul joueur désigné du club, serait toujours au Kenya où il s’était rendu pour représenter l’équipe nationale. L’autre est suspendu en vertu du carton rouge dont il a écopé dans le dernier match de la saison.

Henry a spécifié que Shamit Shome et Steeven Saba, deux remplaçants potentiels à la position, traînaient des blessures qui pourraient les empêcher de participer au match.

« On a perdu certaines forces, mais à côté de ça on en a aussi cultivé une supplémentaire, argumente Fanni. C’est vrai que des fois, on se découvre d’autres qualités. On voit aussi au niveau du collectif, on est très solidaire, il y a des gars qui mettent beaucoup d’énergie et qui veulent prouver des choses. Malgré le fait que certaines personnes ne soient pas disponibles, je suis persuadé qu’on ne sentira pas du tout le manque de qui que ce soit. »

Les gros canons

À l’inverse de l’Impact, le Revolution a récupéré au cours des dernières semaines des joueurs importants qui ont passé une partie de la saison sur le carreau.

L’Espagnol Carles Gil, le nouveau venu de l’année 2019 dans la MLS, a joué 90 minutes pour la première fois depuis le mois de juillet dans le dernier match de la saison. Une blessure subie lors du tournoi de reprise à Orlando l’a limité à quatre titularisations cette saison, mais il monte en puissance de façon progressive depuis un mois et risque d’être un problème majeur pour la défensive montréalaise.

«Victor Wanyama n'a pas pu rentrer du Kenya. Il ne sera pas disponible demain»

L’Argentin Gustavo Bou a aussi pu faire son retour dans la formation partante avant le début des séries. Le petit attaquant a raté cinq des sept matchs des siens en octobre, séquence au cours de laquelle les Revs n’ont signé qu’une victoire. Depuis son transfert en MLS l’été dernier, le Revolution n’a perdu que quatre des 18 matchs qu’il a joués avec Gil et lui dans sa formation.

Ajoutez à cela la présence du Polonais Adam Buksa, qui a trois buts à ses six derniers matchs. En 2020, le Revolution n’a joué que quatre matchs avec ses trois joueurs désignés sur le terrain. Ils seront tous au service de Bruce Arena contre Montréal.

«Le Revolution va rencontrer un tout autre Montréal qui a beaucoup plus d'allant et de fraîcheur.»

« Personnellement, qu’ils aient leurs trois DP ou pas, ça ne change pas trop la donne parce qu’ils nous ont aussi battu sans eux cette saison, a raisonné Thierry Henry. Des fois il y en avait un, des fois il y en avait deux, des fois il y en avait trois. C’est une équipe qui ne nous a pas réussi sur les trois derniers matchs. On les a battus au début de saison, quand ils n’avaient pas Gil. Ils nous ont battus aussi sans lui. C’est vrai que c’est un joueur qui peut faire la différence à tout moment, comme Bou, comme [Teal] Bunbury, comme pas mal de joueurs qu’ils ont dans leur effectif. C’est une équipe qui est difficile à manœuvrer. Quand les trois sont là, c’est beaucoup mieux pour eux, c’est sûr. Mais ils nous ont aussi battus sans leurs DP. »

Henry a aussi souligné que la présence des joueurs sur lesquels il ne pourra compter vendredi n’avait pas été garant de succès dans le passé.

« Ça ne veut rien dire. C’est un nouveau match, un match qui s’annonce difficile. Je ne m’attends à rien de moins [du Revolution] que ce qu’il nous a déjà montré, une équipe compétitive et agressive. Nous serons confrontés à la même chose. Mais nous seront prêt pour ça. »