MONTRÉAL – Rémi Garde ne se souvient plus exactement qui a été le premier à aborder le sujet avec lui. « Entre Joey Saputo et Adam Braz, j’hésiterais. Peut-être Nick De Santis aussi, tanguait-il jeudi matin. En tout cas, je sais que j’ai été mis très vite au courant. »

 

Quand on est embauché pour diriger l’Impact de Montréal, on ne peut être laissé dans le noir très longtemps au sujet du Toronto FC, un grand rival géographique contre qui les confrontations valent toujours plus que les trois points disponibles au classement.

 

« On est impatients »

Désigné durant l’hiver pour succéder à Mauro Biello, Garde fera d’une pierre deux coups samedi après-midi. Non seulement vivra-t-il son baptême devant la foule montréalaise, mais il goûtera aussi pour la première fois à cette grande rivalité qui unit l’Impact à son voisin ontarien.

 

« Vous savez, quand on est à Lyon, on joue des derbys assez chauds avec nos amis de St-Étienne, a comparé Garde, un ancien joueur et entraîneur de l’Olympique lyonnais. Alors ce sont des situations qu’on connaît bien et qu’on aime parce que ça fait partie de la saine rivalité dans le sport. »

 

Empêtré dans un début de calendrier compliqué qui le laisse toujours à la recherche de son premier résultat positif, l’Impact risque d’en avoir plein les bras contre Toronto. Depuis qu’ils ont remporté le duel entre les deux équipes lors de la finale de l’Est de 2016, les Reds n’ont concédé qu’une victoire en cinq matchs au bleu-blanc-noir. Mince consolation, ils ont servi à peu près le même traitement au reste de la Ligue, rasant tout sur leur passage en route vers la conquête de la Coupe MLS.

 

Toutefois, il n’y a peut-être pas de meilleur moment que présentement pour affronter le TFC. Comme l’Impact en 2015, la troupe de l’entraîneur Greg Vanney progresse de façon intéressante dans le tournoi de la Ligue des champions de la CONCACAF. Tard mardi dernier, les plus récents vainqueurs de la Coupe des Voyageurs ont éliminé les Tigres de Monterrey en quarts de finale au terme d’un exaltant match retour en territoire hostile. En demi-finale, Toronto affrontera le redoutable Club América, le même qui avait mis fin au rêve montréalais en grande finale dans un Stade olympique rempli au bouchon.  

 

Les quelques joueurs de l’Impact qui ont vécu cette expérience n’ont pas oublié à quel point elle avait été aussi épuisante qu’enivrante. Pendant qu’elle abattait les étapes à l’international, l’équipe alors dirigée par Frank Klopas en arrachait en MLS. Elle n’avait soutiré que deux points de ses quatre premiers matchs de championnat et ce n’est qu’après la conclusion de la Ligue des champions, au début mai, qu’elle avait signé sa première victoire. Ironiquement, la délivrance était survenue lors de la visite du Toronto FC au Stade Saputo.

 

Le TFC est confronté aux mêmes enjeux cette année. Quatre jours après avoir traversé les huitièmes de finale de la Ligue des champions en éliminant les Rapids du Colorado, il a été blanchi 2-0 par le Crew de Columbus, à domicile, lors de l’inauguration de sa saison régulière.

 

« On l’a fait il y a trois ans. Le voyage et tout, c’est difficile, convient Ignacio Piatti, l’un des cinq joueurs de l’édition actuelle qui peuvent en témoigner. Mais nous, on pense à nous. Si on fait un bon travail, on va gagner. On ne pense pas à Toronto, à qui est blessé, à qui va jouer... On a beaucoup travaillé cette semaine sur les choses qu’il faut améliorer et on est prêts pour samedi. »

 

Souvenirs de Giovinco

 

Même si Nacho ne veut pas en parler, il est pertinent de se questionner sur la gestion que Vanney fera de son effectif samedi.

Sebastian Giovinco, Jozy Altidore et Michael Bradley ont tous joué 90 minutes lors du match retour contre Tigres et Vanney pourrait être tenté de ménager ses joueurs désignés sur la surface synthétique du Stade olympique. Un quatrième ténor offensif, Victor Vazquez, est ennuyé par un malaise au dos qui l’a contraint à un rôle de réserviste dans la série contre le club mexicain.

 

Blessé à un mollet dans le premier quart d’heure de jeu à l’Estadio Unversitario, le défenseur Justin Morrow est incertain en vue du match contre l’Impact. Son cas est présentement évalué sur une base quotidienne. Les nouvelles sont meilleures pour l’arrière français Chris Mavinga, qui n’a pu terminer le dernier match mais que Vanney s’attend à voir à Montréal.  

 

C’est beaucoup de questions. Pour les réponses, il faudra vraisemblablement attendre à samedi.

 

« J’essaie toujours d’informer [mes joueurs] le mieux possible sur la manière dont vont jouer les adversaires, mais je pense que nous, petit à petit, devront imposer les choses que l’on veut appliquer, réagit Garde face à tant d’incertitude. Et vous savez, je ne sais pas si c’est spécialement rassurant de savoir qu’ils sont sur le banc et qu’ils peuvent rentrer dans la dernière demi-heure! Ce sont des joueurs qui sont dangereux, qui peuvent faire la différence à tout moment... sauf sur le banc de touche, évidemment. »

 

Garde a pu se familiariser avec le jeu de Bradley et Altidore en captant « les grandes lignes » de leur performance au Mexique. Pour ce qui est de Giovinco, l’entraîneur de l’Impact n’a pas eu besoin de voir son spectaculaire but décisif sur coup franc pour savoir à qui il avait affaire. 

 

En 2014, l’Olympique lyonnais dirigé par Garde avait affronté la Juventus de Turin en quarts-de-finale de la Ligue Europa. Giovinco, qui s’alignait alors pour la Juventus, avait été utilisé comme réserviste dans les deux matchs de la série.

 

« À Gerland, le score était 0-0 quand il est entré en fin de match et on avait perdu 1-0 à la toute fin. Je me souviens qu’il nous avait rendu la fin de match impossible avec ses dribbles et ses passes. Je l’avais vraiment découvert à ce moment et après, j’ai effectivement suivi ce qu’il a fait ici. C’est un très bon joueur, très important pour Toronto. »

 

Trop tôt pour Fanni?

 

Garde n’était pas débordant d’optimisme quant aux chances de voir Rod Fanni effectuer ses débuts avec l’Impact en fin de semaine. Arrivé dans l’entourage du club la semaine dernière, le défenseur central de 36 ans a observé le match de samedi dernier à Columbus en spectateur et il ne semble toujours pas avoir atteint un niveau de préparation suffisant pour en faire une option viable aux yeux de son entraîneur.

 

« Rod a dû se remettre dans les conditions du jeu, a prétexté Garde. Il avait un très bon fitness, c’est un très grand pro, mais néanmoins, je dirais qu’il lui manquait le jeu, les accélérations, tout ce qui fait partie du jeu collectif. Il a donc fallu le remettre dedans. Il a aussi été un peu gêné par les conditions de jeu, avec le synthétique qui est nouveau pour lui. Il a un peu souffert, mais là ça va beaucoup mieux. Il est disponible et comme les autres, il a très envie de jouer ce match, mais je ne peux en aligner que 11. On verra. »

 

Garde a aussi affirmé que l’attaquant Anthony Jackson-Hamel (ischio-jambiers) devançait légèrement les échéanciers de son programme de remise en forme. « Lui aussi s’approche de cette période où il serait prêt pour revenir. »

 

Quant à Matteo Mancosu, son absence cette semaine à l’entraînement serait de nature préventive, le gazon artificiel du domicile temporaire de l’Impact laissant des traces sur les genoux du buteur de 33 ans.

« On pense seulement à nous »