MONTRÉAL – L’analogie est un peu boiteuse, Samuel Piette en est bien conscient, mais elle illustre quand même une réalité universelle dans le petit monde du soccer.

 

Il y a une dizaine de jours, le milieu de terrain de l’Impact se retrouvait du mauvais côté d’un résultat que peu d’observateurs avaient vu venir. En quarts de finale de la Gold Cup, l’équipe nationale canadienne, dont il faisait partie, a échappé une avance de 2-0 et s’est fait sortir du tournoi par une équipe haïtienne pourtant largement négligée.

 

Piette s’est relevé de cet affront avec une précieuse leçon qu’il peut déjà relayer à tous ses coéquipiers. Mercredi soir, l’Impact fera son entrée dans l’édition 2019 du Championnat canadien alors qu’il rendra visite au York 9 FC, un club de niveau inférieur qui évolue dans la toute nouvelle Canadian Premier League (CPL). Sur papier, aucun débat ne tient. York, qui a accédé à cette étape de la compétition en éliminant coup sur coup l’AS Blainville et le FC Edmonton, ne devrait pas faire le poids contre un rival de la MLS.

 

Mais en chœur, les Montréalais jurent prendre au sérieux ce premier obstacle vers un éventuel retour en Ligue des champions.

 

« On ne les connaît pas beaucoup, mais la première chose, c’est de ne pas les sous-estimer, a entonné Piette mardi. J’étais là au match contre Blainville, je connais beaucoup de joueurs du York qui ont évolué avec moi dans les équipes nationales, plus jeune. Ce sont de bons joueurs qui forment une bonne équipe. Au final, c’est 90 minutes et tout peut arriver. »

 

« Ce n’est pas tous les jours qu’on joue pour un championnat, ou dans un match où on sait qu’il y a un trophée à la fin du parcours, a enchaîné Daniel Lovitz, tout juste revenu de son propre parcours avec l’équipe nationale américaine. C’est important de prendre tous les moyens pour arriver à ces moments décisifs. À chaque match, on s’appuie sur l’expérience de ceux qui ont vécu la percée en Ligue des champions. Accéder de nouveau à cette compétition aurait une valeur inestimable pour ce club. Pour y arriver, il faut d’abord franchir la première étape qui nous en sépare. »

 

L’Impact n’a pas retouché à la Coupe des Voyageurs depuis le triomphe de 2014 qui lui avait permis de faire son chemin jusqu’au dangereux Club América. Il a refait deux finales, en 2015 et 2017, et a subi de cuisantes défaites.

 

La saison dernière, le Bleu-blanc-noir avait battu les Whitecaps de Vancouver 1-0 dans le premier duel de la demi-finale, mais avait gaspillé ce mince avantage en s’inclinant 2-0 lors du match retour. Il s’agissait d’une première expérience en Championnat canadien pour l’entraîneur-chef Rémi Garde et sa gestion conservatrice de son effectif – il avait attendu le deuxième but des Whitecaps au match retour avant d’envoyer Ignacio Piatti et Alejandro Silva sur le terrain – en avait incité plusieurs à remettre en question sa compréhension des enjeux et son niveau d’engagement pour cette compétition parallèle.

 

Il sera intéressant de voir comment Garde gérera la situation cette année alors que le Championnat canadien pourrait ajouter au calendrier de son équipe deux matchs supplémentaires par mois jusqu’en septembre.

 

« On a tous en tête la déception vécue l’an dernier à Vancouver et malgré le fait qu’on ait une ronde de plus à disputer cette année, notre objectif est de remporter ce trophée », a assuré Garde mardi.

 

« Dans ce genre de compétition, les équipes qui proviennent d’une division inférieure sont toujours très motivées parce que pour elles, chaque match est déjà une finale, a rappelé l’entraîneur qui a mené l’Olympique lyonnais à la conquête de la Coupe de France en 2012. On en est très conscient. On a regardé leurs matchs, on sait qu’ils jouent du bon football, qu’ils essaient de faire bouger le ballon très rapidement. Ils n’ont probablement pas eu les résultats qu’ils méritaient cette saison dans leur championnat. On doit les prendre très au sérieux, c’est comme ça que j’essaie de préparer mes joueurs. »

 

« J’ai l’impression que cette année, l’approche est très sérieuse, a dit Piette. Elle l’était l’an dernier, mais je pense qu’étant donné qu’on a beaucoup de joueurs canadiens, pour moi personnellement, ça me tient à cœur cette coupe-là. J’aimerais remporter une coupe ici à Montréal, que ça soit la MLS ou le Championnat canadien. Ça serait important. Je pense que le staff a réalisé aussi à quel point cette coupe-là est importante pour nous, pour le club mais aussi pour les partisans. »

 

Un règlement du Championnat canadien stipule que chaque équipe doit inclure un minimum de trois joueurs canadiens dans son onze de départ. À cet égard, Piette juge que l’Impact est mieux nanti cette année avec l’ajout, notamment, de Zachary Brault-Guillard et des produits de l’Académie Daniel Kinumbe et Clément Bayiha.

 

L’émergence de Shamit Shome à sa troisième saison en MLS offre également une autre solide option en milieu de terrain. Garde devra déterminer quelle utilisation il en fera pour le match de mercredi, tout comme il devra jauger le niveau d’énergie de l’attaquant Anthony Jackson-Hamel et du milieu de terrain Mathieu Choinière. Les trois joueurs ont été titularisés samedi dernier contre Minnesota United.

 

Le coach pourrait aussi décider d’envoyer James Pantemis entre les poteaux au détriment du vétéran Clément Diop.

 

Finalement, le défenseur de 18 ans Karifa Yao, plus récent diplômé de l’Académie, pourrait obtenir ses premières minutes avec la première équipe.

 

« On a plus d’options, du moins plus de joueurs de niveau comparativement à l’an dernier qui peuvent être titulaires dans un match comme celui-là, estime Piette. Donc je pense que les entraîneurs ont plus d’outils à leur portée. C’est un match et une compétition qu’on prend très sérieusement. »​