MONTRÉAL – Le dernier match entre l’Impact et le Toronto FC avait donné lieu à un véritable feu d’artifice. Vendredi soir, l’aspect pyrotechnique du derby canadien s’est limité à quelques pétards allumés par de braves partisans massés à l’extérieur du Stade Saputo.

Sur le terrain, à peine de quoi allumer un feu de bengale. 

Un mois après s’être échangé sept buts dans un divertissant duel dans la bulle d’Orlando, le Bleu-blanc-noir et son rival ontarien n’ont cadré que trois tirs dans un duel terne qui s’est soldé par le pointage de 1-0 en faveur des visiteurs. 

L’unique but de la rencontre est venu du pied d’Alejandro Pozuelo, qui a déjoué le gardien Clément Diop sur un penalty à la 50e minute. 

Après avoir affiché un dynamisme encourageant en début de semaine contre les Whitecaps de Vancouver, l’attaque montréalaise n’a su générer quoi que ce soit contre un adversaire autrement équipé pour neutraliser ses avancées. Auro et Omar Gonzalez ont notamment complètement fermé le côté gauche du terrain qui avait été exploité avec tant de succès par Lassi Lappalainen et Romell Quioto quelques jours plus tôt. 

Au grand désarroi de Henry, qui a à maintes reprises extériorisé sa frustration sur le banc de touche, l’Impact n’a été qu’en de très rares occasions en mesure de pénétrer le dernier tiers du terrain et d’y organiser la moindre forme de menace. 

Le seul tir cadré de l’Impact est survenu dans les arrêts de jeu de la deuxième demie, quand Victor Wanyama a placé sa tête sur un long coup franc dans la surface de réparation. 

« On ne voulait pas jouer, personne ne nous soutenait »

« Toronto a été supérieur à nous, a résumé l’entraîneur-chef Thierry Henry. Ce n’est pas facile à dire, mais ils ont été supérieurs à nous à tous les niveaux, dans tous les domaines. Ils nous ont montré ce soir pourquoi c’est une équipe qui va assez souvent en finale de la MLS Cup. À nous d’essayer de rectifier ça mardi. » 

Les ressources des deux organisations étant ce qu’elles sont, les forces sur le terrain n’étaient pas également distribuées. On sait aussi que tous n’avaient pas la tête au soccer. 

Dans une entrevue d’avant-match accordée au département des communications de l’Impact, le défenseur Zachary Brault-Guillard a révélé que ses coéquipiers et lui s’étaient entendus pour faire l’impasse sur le match afin de se montrer solidaires au mouvement de protestation qui a pris forme dans le monde du sport depuis deux jours, mais qu’une absence de consensus dans le clan torontois avait fait dérailler le plan.

« Pour moi, il y a eu des menteurs de leur part alors que certains joueurs se permettent d’exposer sur leurs réseaux certaines choses on va dire vraies, mais par derrière c’est faux, a accusé ZBG. Pour moi c’est un peu injuste. Ce soir on aurait voulu être de la partie et ne pas jouer. » 

Lorsque les formations des deux équipes ont été annoncées, une heure avant la rencontre, les noms de l’attaquant Jozy Altidore et du défenseur Richie Laryea, deux des joueurs les plus vocaux du TFC sur la question des inégalités raciales et de l’appui au mouvement Black Lives Matter, ne faisaient pas partie des joueurs en uniforme. Lors de la présentation de l’hymne national canadien, les partants des deux équipes ont mis un genou au sol à l’exception du capitaine torontois Michael Bradley. 

Henry a refusé d’aborder le sujet dans son point de presse d’après-match, demandant à ce que les questions dirigées à son endroit se limitent à ce qui s’était passé entre les coups de sifflet. 

À l’exception des deux absents déjà mentionnés, les visiteurs, inactifs depuis une semaine, ont présenté la même formation qu’ils avaient alignée lors de leurs deux matchs depuis le retour du tournoi de relance. L’Impact, de son côté, a signé une feuille de match amputée de plusieurs réguliers. 

Au chapitre des bonnes nouvelles, Samuel Piette et Saphir Taïder ont faussé compagnie à leurs coéquipiers afin de rester auprès de leurs compagnes respectives. La conjointe de Taïder a donné naissance au quatrième enfant du couple tandis que Piette et sa copine Chloé sont devenus parents pour la première fois. 

Le milieu de terrain Bojan et le défenseur Rod Fanni ont quant à eux raté un deuxième match de suite en raison d’une blessure. 

Forcé d’aligner une formation atypique, notamment caractérisée par la présence de Victor Wanyama en charnière centrale et Shamit Shome comme latéral droit lors du dernier rendez-vous entre les deux équipes, Henry a cette fois pu construire un XI de départ plus fidèle aux forces qu’il a sous la main. Wanyama et Emanuel Maciel étaient de retour devant une ligne arrière à quatre défenseurs tandis qu’Amar Sejdic accompagnaient Maxi Urruti et Lappalainen au front d’un schéma en 4-2-3-1. 

Mais les options en renfort étaient minces, de sorte que Henry n’a utilisé que deux des cinq substitutions à sa disposition. 

« Ne me parlez pas de l’arbitre, ne me parlez pas des gens qui manquaient, a demandé le coach sans pourtant être sollicité sur aucune de ces questions. Il y avait une équipe en face qui devait jouer contre Toronto et ça n’a pas été suffisant. De temps en temps, dans le football, tu joues contre une équipe qui est bien meilleure que toi. Ils ont été bien meilleurs que nous ce soir. »