Chose promise, chose due. Bien que la plupart des partisans n’y croyaient plus en début de journée mercredi, l’Impact de Montréal a procédé à de nombreuses transactions en soirée pour étoffer son effectif en vue de la fin de saison. Et même si le onze montréalais ne tient pas toujours toutes ses promesses, on peut dire que cette fois, il aura tenu sa parole (auprès de ses abonnées sur les médias sociaux) après le fiasco des négociations avec le clan Jimmy Briand. Sans avoir besoin d’avancer la tête trop loin sur le billot, on peut affirmer que l’Impact est désormais mieux nanti à la conclusion de son mercato.

 

On n’ira toutefois pas jusqu’à prétendre que le Bleu-blanc-noir peut dorénavant aspirer aux grands honneurs en MLS. Somme toute, les ambitions devraient demeurer modestes, mais avec les arrivées de Quincy Amarikwa, Michael Azira et l’addition tout aussi bienvenue qu’inattendue de Bacary Sagna, l’Impact se présente en meilleure position pour atteindre les séries de fin de saison.

 

« Rémi est un bon vendeur pour nous, c'est important d'avoir quelqu'un comme lui »

Commençons par l’acquisition du latéral droit Sagna, ex-international français qui viendra solidifier la défense montréalaise tout en décuplant le potentiel offensif sur l’aile qu’occupe présentement Alejandro Silva. Si la priorité de l’Impact en ce mercato se situait en attaque, il reste que l’occasion était trop belle d’améliorer l’équipe à un poste où le rendement de Petrasso et Duvall n’était pas satisfaisant. Même si Sagna approche la fin de sa carrière à 35 ans, on a le pressentiment qu’il sera capable de rendre service à son club à la manière de Rod Fanni. 

 

Dans ce cas précis, on chuchote que ce fut le réseau de contacts de Rémi Garde qui aura été à l’origine du recrutement d’un joueur étranger libre de contrat depuis la fin de saison dernière en Série A. D’ailleurs, la dynamique offensive qu’on pourra générer entre Sagna et Silva sur le flanc droit est la meilleure nouvelle de la journée pour l’entraîneur montréalais. Si la paire Piatti-Lovitz a débloqué du côté gauche au mois de juin, il se pourrait qu’on ait un nouveau doublon digne de mention sur l’autre aile montréalaise à partir de la mi-août. L’animation offensive de l’Impact de Rémi Garde reposant en grande partie sur les jeux en triangle, l’incorporation d’un élément de qualité comme Sagna devrait avoir une influence non-négligeable sur le jeu global de l’équipe.

 

Profondeur ailleurs

 

Bien qu’on ait fait de l’attaquant Jimmy Briand la cible numéro un de ce mercato, il aurait été possible d’affirmer que les besoins immédiats du onze montréalais se trouvaient plutôt en milieu de terrain. L’acquisition de Micheal Azira vient combler en partie le manque d’expérience dans ce secteur. Azira avait été un élément important pour les Sounders de Seattle avant son passage au Colorado où l’arrivée cette saison de l’entraîneur Anthony Hudson aura coïncidé avec une chute de son temps de jeu. En guise de comparatif, Azira me fait penser à l’ancien Montréalais Collen Warner, dans une version plus mobile et un peu moins enrobée. Il pourra être utilisé en alternance avec des joueurs comme Piette, Taïder et Krolicki.

 

Quant à Quincy Amarikwa, on parle d’un nouvel attaquant pouvant offrir une solution différente à Rémi Garde à la position d’avant-centre. Moins utilisé depuis une grave blessure en 2016, Amarikwa possède tout de même une bonne capacité à protéger le ballon et à distribuer à ses partenaires en mouvement. À ses meilleures heures dans le circuit Garber, Amarikwa avait des airs de Dom Dwyer: un joueur explosif et puissant malgré sa petite taille. Pas évident de deviner qui d’Amarikwa ou d’Oduro a encore le plus à donner à une formation de MLS, mais l’Impact mise désormais sur un joueur (Amarikwa) que son entraîneur n’a pas désavoué, ce qui représente une amélioration par rapport à la situation qu’on vivait cette saison avec Dominic Oduro.

 

Structure de recrutement

 

Il est pratiquement impossible de faire un bilan objectif du mercato montréalais sans avoir vu à l’oeuvre les acquisitions dans leur nouvel uniforme. Or, on peut tout de même affirmer que, sur papier, l’Impact s’est amélioré en vertu de transactions qui ne lui ont pas trop coûté. De plus, l’arrivée d’un atout comme Bacary Sagna ajoute du piquant à la fin de saison et il permet d’amoindrir l’échec retentissant du transfert raté de Jimmy Briand.

 

À ce propos, vu le délai entre l’annonce au sujet de Briand et la dernière journée de ce mercato, il aura souvent été question des problèmes causés par l’absence de structure de recrutement chez l’Impact de Montréal. On déplore notamment la dépendance du club envers un petit réseau d'agents. Les besoins s’accumulant rapidement entre les périodes de transferts, on soupçonne l’état-major de l’Impact d’être vite dépassé par l’ampleur de la tâche pour atteindre ses objectifs sur le marché tout en respectant les impératifs fixés par l’entraîneur.

 

Question d’y voir plus clair, tentons d’illustrer la situation avec une analogie de visite à l’épicerie. Pour éviter de regretter d’être allé au supermarché alors qu’il mourrait de faim, l’Impact devrait avoir un groupe de dépisteurs pouvant au préalable: 1) identifier les aliments requis, 2) éplucher les circulaires de la semaine, 3) proposer les solutions convenant au budget de l’équipe pour que la sauce de Rémi Garde prenne bien. À partir du moment où le club sait ce qu’il veut, il ne reste qu’à se donner le temps et les ressources pour trouver ce qu’on recherche. Mais si en catastrophe, on tente de monter une sauce bolognaise avec du ketchup, pas besoin d’être un grand chef lyonnais pour savoir que ça ne donnera jamais les résultats espérés.

 

De façon concrète, un département du recrutement aurait eu en main des dossiers pour proposer un plan B, voire un plan C, afin de rebondir après l’échec Briand. Et en dépit du mouvement de cette dernière journée, on se mettrait immédiatement sur le cas du numéro 9 pour officialiser son arrivée dès le mois de janvier. Les événements ponctuels comme les qualifications sud-américaines ou de la Concacaf pour la Coupe du monde U20 seraient l’objet de rapports détaillés. Le même département devrait également être en mesure de connaître suffisamment la USL pour identifier le prochain Marc-Anthony Kaye ou y dénicher un joueur à maturité tardive comme Aaron Long. Du boulot, il y en a, même si ce n’est pas aussi sexy que d’aller voir un Clasico ou un derby de Serie A.

 

Dans un monde idéal, les recruteurs pourraient même émettre une recommandation quand on négocie une transaction. Imaginons que vous cherchiez un ailier à bas prix et que le LAFC possède en ses rangs Raheem Edwards et Latif Blessing : deux jeunes joueurs aux statistiques 2017 intéressantes. Lequel des deux représente la meilleure affaire? Vos dépisteurs devraient avoir un avis sur la question. Mais la collecte d’informations n’est qu’une fraction du travail de recrutement. Et pour la petite histoire, il semble que Blessing n’ait jamais été disponible au mois de décembre dernier.

 

Peu importe l’ampleur de nos moyens, certains modèles respectent une méthode de travail qu’on aurait tout intérêt à imiter. Nouvelle recrue de Liverpool, le gardien de but Alisson avait été suivi par le club anglais pendant au moins un an avant son transfert. Autrement dit, les bourdes de Karius en finale de Ligue des Champions n’auraient pas été à l’origine de ce recrutement. Et comme le soccer de Ligue anglaise reprend ce week-end, j’en profite pour vous informer qu’il sera possible de voir en actions les deux anciens clubs de Bacary Sagna dimanche dès 10:55 à RDS2. Soyez présents! (Ça, c’est ma façon à moi de recruter).