MONTRÉAL – Comme les Timbers de Portland la semaine précédente, le Minnesota United FC s’est présenté à Montréal samedi sans la majorité de ses joueurs réguliers. À la différence que cette fois, l’Impact s’est laissé prendre au piège.

 

Un doublé de Mason Toye et un but controversé d’Ethan Finlay ont tiré le onze montréalais vers une défaite de 3-2 dans un Stade Saputo en ébullition.

 

L’Impact menait 2-1 grâce à des buts d’Anthony Jackson-Hamel et Rudy Camacho et contrôlait le match sans trop d’inquiétude quand les visiteurs se sont vu accorder un penalty litigieux à la 43e minute. Seul en échappée devant Evan Bush, Finlay a chuté en tentant de déborder le gardien vers sa gauche. Malgré les apparences d’un contact provoqué par le vétéran milieu de terrain, l’arbitre Alan Kelly a pris la décision impopulaire d’attribuer la faute à Bush.

 

Finlay a créé l’égalité une fois la décision validée par l’officiel responsable de la reprise vidéo, installant dès lors une sorte de fébrilité malsaine dans le camp des locaux.

 

« Je croyais avoir fait tout ce qu’il fallait pour le contrer, s’est défendu Bush, perplexe, après la rencontre. Quand j’ai vu qu’il hésitait à tirer et qu’il prendrait quelques touches supplémentaires pour essayer de me contourner, je savais qu’il chercherait à provoquer le penalty. J’ai gardé les mains près de mon corps, je suis essentiellement resté immobile et il m’a rentré dedans. Je ne suis pas sûr de comprendre ce que j’aurais dû faire autrement. »

 

« C’est presque [Finlay] qui fait faute, a résumé à sa façon l’entraîneur-chef Rémi Garde. Il n’y a pas de geste délibéré d’Evan pour faire faute ou pour prendre le ballon. Il ne va quand même pas s’écarter pour laisser passer le joueur. Pour moi, il n’y avait absolument pas penalty. »

 

« Pour moi, il n’y a pas de péno, a répété quelques minutes plus tard Rudy Camacho. " Bushy " joue bien le coup, je trouve. Il ne se jette pas jusqu’au dernier moment et l’attaquant lui fonce dedans. Il ne peut rien faire. »

 

Dans une brève déclaration récoltée par un membre de la confrérie journalistique montréalaise, Kelly a justifié sa décision en expliquant que Bush avait privé Finlay d’une opportunité claire de marqueur « en tentant de jouer le ballon ».

 

L'arbitrage vole le spectacle

Quoi qu’il en soit, l’Impact ne s’est jamais remis de ce revirement de situation. Toye, un attaquant de 20 ans qui obtenait son premier départ de la saison, a inscrit le but vainqueur dès le retour de la mi-temps sur une copie conforme de celui qu’il avait marqué en première demie. Oublié derrière son couvreur, il a accepté un centre parfait de Kevin Molino et a pris une frappe précise qui a laissé Bush impuissant.  

 

« Notre match défensif n’a pas été bon, a tranché Garde. Il n’a pas été bon sur les trois buts qu’ils ont mis. Le reste du temps, on n’a pas trop été mis en danger, mais je pense que c’est insuffisant. Prendre trois buts à la maison, c’est difficile de gagner. Sur les buts, il y a eu des attitudes qu’on essaie de corriger à l’entraînement. Je sais qu’ils ne l’ont pas fait exprès, mais c’est vrai qu’il y avait de la similitude sur les buts qu’on a concédés et ça, ça me gêne. »

 

«  À la mi-temps, on était déçu de prendre deux buts sur deux situations, déplorait Camacho. Le premier, on leur offre un peu, le second on n’est pas assez rigoureux. On ne se sentait pas nécessairement en danger, mais on venait quand même de prendre deux buts à domicile. Après, on est revenu avec de bonnes intentions, mais on n’a pas su réagir. »

 

Duverne expulsé

 

À la 51e minute, l’Impact a à son tour réclamé qu’on lui accorde un tir de pénalité quand une passe vers la surface a semblé ricocher contre le bras du défenseur Eric Miller. Kelly n’a toutefois pas voulu entendre les doléances des plaignants. Quelques minutes plus tard, une discussion animée entre Garde et l’arbitre près du banc de l’Impact a mené à l’expulsion du préparateur physique Robert Duverne.  

 

« L’entraîneur adverse était à l’extérieur de son espace réservé et parlait lui aussi très fort, a prétexté Garde. J’ai dit au quatrième officiel qu’il pouvait bien sortir un membre de mon staff, mais pourquoi ne rien dire de l’autre côté? Généralement, quand il y a un problème, il y a deux personnes impliquées. »

 

« Mais c’est toujours comme ça, a conclu Garde. On a toujours l’impression qu’il n’y a que nous qui nous comportons de la mauvaise façon. »

 

Garde a ajusté sa stratégie à l’approche de l’heure de jeu, passant à une formation en 4-3-3 en retirant Zakaria Diallo et Mathieu Choinière du match à la faveur d’Omar Browne et Harry Novillo. La fraîcheur et la créativité des deux remplaçants a donné un nouveau souffle à l’Impact, qui a pris six tirs au but et s’est offert neuf corners en deuxième demie, sans toutefois être capable de provoquer la parité.

 

Browne a été particulièrement menaçant avec trois tirs en direction du filet en 33 minutes de jeu. Le seul qu’il a réussi à cadrer a forcé le gardien Vito Mannone à réaliser son plus bel arrêt du match. Bacary Sagna a aussi testé la vigilance du cerbère d’habile façon dans les arrêts de jeu, sans succès.

 

L’Impact n’aura pas le temps de s’apitoyer sur son sort. Mercredi, il entamera son parcours annuel en Championnat canadien alors qu’il se déplacera dans la région torontoise pour affronter le York 9 FC, un club de la Première Ligue canadienne.