MONTRÉAL – L’Impact de Montréal a toujours évolué dans l’ombre de ses voisins et concurrents. À l’exception des 15 mois durant lesquels Didier Drogba a porté ses couleurs et de la curiosité suscitée par le bref passage de Thierry Henry comme entraîneur, ses joueurs vedettes ont historiquement reçu peu de visibilité au sud de la frontière, tout comme ses progrès et déconvenues au classement.

Le CF Montréal s’apprête à amorcer la saison 2021 dans le même genre d’indifférence.

À quelques jours de son match d’ouverture contre le Toronto FC, le club montréalais jouit d’une presse défavorable parmi les médias affectés à la couverture de la MLS. Des onze observateurs sondés par le site officiel de la Ligue, huit le voient terminer l’année au 14e et dernier rang du classement de l’Association Est. Les trois autres lui prédisent une 13e place.

Dans son premier état des forces de la saison publié sur MLSsoccer.com, J. Sam Jones compare le CF Montréal à un ami qui viendrait de se faire larguer par une personne beaucoup trop belle pour lui. Il lui réserve le 27e et dernier rang de son palmarès.

Sur Athlétique, dans un article intitulé « Le plus grand besoin de chacune des équipes de la MLS en prévision de la saison 2021 », le journaliste Jeff Rueter cite « de la qualité » en abordant la situation du CFMTL. Le site FiveThirtyEight, quant à lui, estime ses chances de se qualifier pour les séries à 25%.

Une vue d’ensemble défaitiste, donc, mais peu surprenante et à laquelle Wilfried Nancy n’accorde pas trop d’attention.

« Personnellement je n’ai aucun problème, mais je ne crois pas aux suppositions, a répondu l’entraîneur-chef à ce sujet jeudi. On fait un métier dans un sport qui est populaire et tout le monde a le droit de parler, tout le monde a le droit d’avoir un avis. »

« Ils ne nous connaissent pas. On a beaucoup de nouveaux joueurs, je suis un nouveau coach. Ils ne vont pas dire qu’on va terminer premiers. Donc s’ils nous placent derniers, avant-derniers, 13e ou 15, moi je sais sur quoi on va travailler et ce qu’on a envie de faire. Après, on verra à la fin de l’année comment ça va se passer. Mais je n’ai aucun problème avec ça, sincèrement. Tout est clair. Je veux que tout soit clair avec mes joueurs par rapport à ce qu’on veut mettre en place. Après, chaque match est une différente histoire. »

Nancy réalise qu’il n’aura pas de joueur étoile à sa portée pour tenter de faire mentir ses détracteurs. Son seul joueur désigné, Victor Wanyama, tentera de rebondir après une première saison qui n’a pas répondu aux attentes. Devant lui en milieu de terrain, les vétérans Saphir Taïder et Bojan ont été remplacés par des jeunes moins aguerris et moins onéreux. La même philosophie s’applique d’ailleurs au renfort que le directeur sportif Olivier Renard a déniché aux autres postes qui étaient à pourvoir.

Néanmoins, Nancy aime ce qu’il a sous la main.

« Le fait que nous comptons sur plusieurs joueurs au profil différent est une bonne chose pour moi. En tout temps, je serai capable d’associer deux ou trois joueurs en fonction de ce que l’on cherche à accomplir. Par exemple, on a un attaquant comme Bjorn Johnsen, qui est très grand. Je pourrais l’employer avec Erik Hurtado ou Sunusi Ibrahim, des joueurs plus petits, mais qui proposeront d’autres types de problèmes aux équipes adverses. Pour moi, c’est un bon outil à posséder. »

« Je veux que mes joueurs attaquent »

Sous la gouverne de Thierry Henry, Montréal avait commencé à montrer un nouveau visage caractérisé notamment par des idées de jeux claires et un sens de l’initiative assumé dans la construction offensive. Nancy, qui a souvent dit que sa vision s’inscrivait dans la continuité de ce qui a été amorcé sous son prédécesseur, décèle dans l’attitude de son groupe les signes précurseurs d’une belle progression.

Les joueurs du CF Montréal vaccinés

« J’ai vraiment envie que les gens découvrent Montréal comme une équipe qui a envie de jouer, qui est agressive, que ça soit contre n’importe qui », lance-t-il d’entrée de jeu.

« Je suis quelqu’un qui veut jouer, qui veut voir son équipe donner des problèmes à l’adversaire et en même temps être capable de bien défendre. Je veux que ça commence samedi. Je veux une équipe dynamique, active et qui a envie de proposer des choses qui vont embêter l’adversaire, pas seulement défendre. On n’aura pas le choix de défendre quand ça sera le moment et je veux que les joueurs se sentent bien avec ça, mais je veux aussi que mes joueurs attaquent. »

La saison dernière, la MLS avait assoupli ses règles en permettant aux dix premières équipes au classement de l’Association Est de participer aux éliminatoires. Montréal s’y était qualifié en vertu de sa neuvième place, mettant fin à une disette de trois ans hors des séries.

Pour 2021, les critères ont de nouveau été resserrés, la ligne rouge ayant été tirée sous la septième équipe de chaque section. Se hisser au-delà de ce seul critique est une mission que plusieurs jugent impossible pour l’équipe rebaptisée.

« On sait que plusieurs équipes peuvent aspirer à une participation aux séries, dit Nancy. Ce qu’on veut faire, c’est faire partie des sept équipes qualifiées à la fin. Mais c’est un processus et notre vision est claire. L’objectif est d’établir un "historique victorieux" afin de donner confiance aux joueurs. Je veux voir mon équipe progresser. Si les gars s’y appliquent, s’ils respectent nos concepts, s’ils y prennent du plaisir, la conséquence sera une participation aux séries. »

« Ça sera dur, c’est vrai, mais on est prêt pour le défi. »