Un rebranding de l’Impact m’excite autant que la signature de Didier Drogba et la nomination de Thierry Henry. Laissez-moi expliquer pourquoi.

 

Un scoop qui fait mal

 

L’Impact n’a jamais apprécié être scoopé mais s’il s’avère que celui de RC fait particulièrement mal.

 

Non pas pour l’information qui s’y trouve, mais plutôt celle qui ne s’y trouve pas. Une refonte d’image de marque part d’une vision et abouti sur un nom. Dans ce cas-ci, on réfléchit à l’envers. Le nom est sorti en premier et tout est parti en vrille.

 

Un changement de nom n’aurait jamais fait l’unanimité, mais une présentation officielle du club aurait certainement permis de mieux expliquer la genèse d’une telle opération.

 

Reality check

 

Qu’on critique un manque d’originalité ou une trop grande ressemblance avec le défunt FC Montréal, je peux comprendre. Qu’on reproche à l’organisation de s’angliciser en adoptant les mots Football Club m’est incompréhensible.

 

Le français n’y a jamais eu une place aussi importante qu’en 2020.

 

Kevin Gilmore, Olivier Renard et Thierry Henry occupent des postes où on retrouvait jadis Joey Saputo, Nick De Santis, Adam Braz et Frank Klopas. Le français gagne au change.

 

Sans parler d’un effectif où 50% des joueurs parlent français. C’était 16% en 2012. Je crois malheureusement avoir raté la journée où le chef du P.Q. a salué cette progression à l’Assemblée Nationale.

 

L’histoire

 

Plusieurs ont l’impression qu’un changement de nom serait un pied de nez à l’histoire du club. Si l’Impact avait entretenu et cultivé sa propre histoire au fil des ans, peut-être.

 

C’est loin d’être le cas.

 

Quand avez-vous entendu parler des bâtisseurs? Ils sont sept. Pourquoi le trophée décerné au défenseur de l’année ne porte-t-il pas le nom de John Limniatis? On se souvient de quoi des « célébrations » du 25e anniversaire?

 

L’Impact a trop souvent effacé sa propre histoire.

 

Pour ce qui est du nom en soit, ce n’est pas le côté singulièrement nord-américain de l’Impact qui pose problème. C’est que le nom n’évoque rien d’identitaire.

 

L’Oregon étant une importante région forestière, on comprend pourquoi on y retrouve les Timbers de Portland. Prise en étau entre l’eau et les montagnes enneigées, les Whitecaps sont ancrés dans la réalité de Vancouver. Pas besoin d’expliquer pourquoi on retrouve le Galaxy dans la cour des stars d’Hollywood.

 

L’Impact?

 

À l’international

 

Je comprends qu’un club nord-américain ne peut gérer ses affaires en fonction du reste du monde. Il faut tout de même reconnaître que le nom de l’équipe joue un rôle important dans son rayonnement à l’international.

 

Dans les années 1990, la MLS ne tolérait pas les matchs nuls. Une séance de tirs au but (d’échappées pour être plus précis) déterminait un gagnant à chacun des matchs. Une règle qui nous semble bizarroïde aujourd’hui.

 

Le même sentiment peut se dégager chez les Européens lorsqu’un membre de la direction se présente en disant « Bonjour, j’appelle de l’Impact ».

 

Qu’on le veuille ou non, si on décolle le nez de l’arbre (moi le premier), Montréal FC dégage un standing plus important que l’Impact de Montréal.

 

Tourner les projecteurs

 

En écartant le nom Impact pour mettre celui de la Métropole en avant plan, le club tournerait les projecteurs du qui vers le quoi. De Joey Saputo vers sa ville.

 

Joey n’est pas seulement propriétaire de l’Impact de Montréal, il est l’Impact de Montréal. Malgré la nomination de Kevin Gilmore à la présidence en janvier 2019, Impact sera toujours synonyme de Saputo dans l’esprit populaire.

 

En plus de changer la perception du public, un rebranding changerait possiblement la dynamique avec des investisseurs potentiels.

 

Investir dans l’Impact, c’est investir dans Joey Saputo. Investir dans le Montréal FC (ou autre variante choisie), ce serait investir en MLS. Vous me direz peut-être que c’est de la sémantique parce que l’argent ira dans la même poche au final. J’y vois une différence importante pour attirer de l’argent neuf.

 

Timing 

 

Qu’on soit d’accord ou non, il n’y a pas de meilleur moment que les prochains mois pour opérer un tel changement d’image.

 

Au sens propre et figuré, une distance s’est déjà installée entre le club et ses supporters depuis 18 mois. Entre le club et son public occasionnel? On n’en parle même pas.

 

Ce virage surviendrait alors qu’il y a encore un sentiment de renouveau dû aux arrivées de Gilmore, Renard et Henry. Tout ça un an avant le renouvellement des droits de télédiffusion.

 

J’ai toujours été convaincu que Montréal a le potentiel de remplir son stade à tous les matchs. J’étais également convaincu que sans une meilleure communication avec le marché, on n’y arriverait jamais.

Je ne m’attendais pas à un changement aussi drastique dans le message, mais j’y vois un potentiel qui dépasse largement les inconvénients à court terme.